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France-Israël : personne ne veut prendre sa place
Les tribunes du Stade de France seront historiquement vides jeudi soir pour la rencontre opposant la France à Israël. Le résultat d’un contexte où se mêlent la peur sur les conditions de sécurité, le désintérêt à l’égard d’une affiche sans enjeu majeur et la volonté d’une partie des supporters de boycotter ce match.
Le foot doit être une fête, mais pas sûr qu’elle ait lieu jeudi soir. La France recevra Israël dans un Stade de France clairsemé comme jamais. À peine 20 000 spectateurs sont attendus pour le dernier match à domicile des vice-champions du monde cette année. Un triste record sera a priori battu, puisque la pire affluence d’un match de l’équipe de France à Saint-Denis reste de 36 842 spectateurs, en juin 2003, face à la Nouvelle-Zélande. Habituellement pleine à craquer pour voir les Bleus, l’enceinte dyonisienne sonnera creux, comme au temps maudit des jauges pendant la pandémie de Covid-19. Rien d’étonnant cependant au regard du contexte et de l’enjeu de l’opposition.
En ordre de bataille
Le dispositif policier s’annonce colossal : 4 000 policiers et gendarmes seront mobilisés, ainsi que 1600 agents de sécurité dans le stade. « En moyenne, c’est 1200-1300 pour un match de l’équipe de France à guichets fermés », contextualisait le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, sur BFMTV. Les contrôles seront « extrêmement renforcés » pour les spectateurs, dont l’identité sera systématiquement vérifiée, une fois n’est pas coutume. Une partie des places situées aux premiers rangs de l’anneau inférieur seront d’ailleurs condamnées, selon Le Parisien, afin de prévenir quelconque tentative d’envahissement de terrain. Les drapeaux palestiniens seront aussi interdits pour éviter des incidents comme ceux survenus au Parc des Princes pendant les Jeux olympiques. « Il ne pourra y avoir que des drapeaux français ou israéliens, et des messages de soutien aux équipes », a confirmé Laurent Nuñez.
Les incidents survenus à Amsterdam la semaine passée n’ont fait que renforcer les craintes et les crispations. Pas très engageant pour les supporters. « On est en moyenne 1 600 à venir au Stade de France habituellement, éclaire Fabien Bonnel, le porte-parole des Irrésistibles Français, dans les colonnes de L’Équipe. Là, pour la réception d’Israël, on n’a que 220 billets. » Sept fois moins de présents, donc, chez le principal groupe d’aficionados des Bleus. « Le contexte sécuritaire joue pour environ un tiers des adhérents, confirme Bonnel. Ils ont des craintes en matière de sécurité, donc ils ne veulent pas venir. » Les autorités israéliennes déconseillent carrément à leurs supporters de se rendre au Stade de France, craignant qu’ils puissent être pris pour cible.
79 euros en catégorie 3, vraiment ?
« Pour environ 20% de nos adhérents, il y a aussi un boycott du match du fait de l’adversaire », reprend Bonnel. La réponse israélienne à l’attaque terroriste menée par le Hamas le 7 octobre 2023 a en effet engendré une catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza. « Nous sommes confrontés à ce qui pourrait s’apparenter à des crimes atroces, voire à des crimes contre l’humanité, déclarait le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, le 25 octobre. Je vous implore de donner la priorité à la protection des civils et des droits de l’homme, et de ne pas abandonner ce minimum d’humanité. »
Ultime ingrédient de la recette d’un match délaissé par les spectateurs : le menu gargantuesque des derniers mois. Nombre de supporters ont posé des congés et engagé des frais pour suivre l’équipe de France à l’Euro ou assister aux Jeux olympiques. Quinze des 16 rencontres jouées par l’équipe de France cette année ont eu lieu dans un rayon de moins de 1000 kilomètres autour de Paris, avec Milan, Hambourg ou Leipzig comme destinations les plus « exotiques ». Une concentration géographique qui a facilité les déplacements comme rarement. Cela commence à se voir sur le compte en banque, et les prix de ce France-Israël ne sont pas particulièrement attractifs.
29 euros la place en catégorie 5, soit. Mais si vous vouliez vous faire plaisir en étant dans l’anneau le plus bas en tribune Est, c’est la douche froide : minimum 79 euros le siège, en restant en catégorie 3 (!!!). Mettre 79 balles pour un France-Israël sans Kylian Mbappé ni Antoine Griezmann, alors que les listes de cadeaux de Noël commencent à tomber ? À moins d’être sacrément motivé, non. Aucun tweet relatif à la billetterie de cette rencontre n’est apparu sur le compte Twitter de l’équipe de France ou de la FFF depuis le 15 octobre pour essayer de vendre quelques places supplémentaires. Le signe que ce match ne suscite finalement aucun intérêt, y compris au sein même de la fédé.
Par Quentin Ballue