- International
- Amical
- France-Écosse
France-Écosse : le premier jour du reste de l’ennui
Opposée à l'Écosse ce mardi à Lille, l'équipe de France, déjà qualifiée pour l'Euro, entame une période sans enjeu et - a priori - assez peu de réjouissances. Vous pouvez dès à présent régler vos réveils pour le mois de juin prochain, et profiter de la vie jusqu'à l'Euro allemand.
C’était il y a dix jours, mais c’est déjà de l’histoire ancienne. Une bonne vingtaine de degrés au thermomètre, une journée de Ligue 1 à se mettre dans le cornet, la perspective d’une phase finale de rugby exaltante, un conflit israélo-palestinien qui n’avait pas resurgi avec cette violence… Depuis, tout a foutu le camp. L’été, les derbys nationaux, le XV de France et l’espoir d’une désescalade au Proche-Orient. Notez d’ailleurs que la vague de chaleur s’est volatilisée vendredi, au moment même où la France validait son ticket pour l’Euro allemand à la faveur d’un six sur six. Peut-être pas un hasard quand on sait que s’ouvre pour la sélection tricolore la porte d’un sas d’attente long comme un hiver qu’on ne connaît plus à nos latitudes. « Objectif atteint. On a fait un parcours incroyable. Maintenant, à nous de profiter de ce moment, de savourer. Rendez-vous en Allemagne en 2024 », expédiait Lucas Hernandez au micro de TF1, une fois la victoire aux Pays-Bas posée dans le panier. En attendant le mois de juin, date des prochains matchs à enjeu pour les Bleus, doit-on se résigner à ne plus faire que compter les titularisations consécutives de Griezmann, les buts de Mbappé le séparant du podium des meilleurs buteurs ou commenter le casting pour le poste de latéral droit ?
Et ça continue encore et Écosse…
Ce mardi, c’est donc dans un stade pas des plus chaleureux – oui, le Pierre-Mauroy dans l’agglomération lilloise, pour ne pas le nommer – et sur une pelouse abîmée par les packs de rugbymen que commence pour les gars de Deschamps ce long voyage à travers l’ennui. Un programme fait d’amicaux (contre l’Écosse ce mardi), de matchs qui n’ont plus rien d’éliminatoires (en Grèce et contre Gibraltar en novembre), et un petit tour de France passant par Lyon, Marseille, Bordeaux et Metz en 2024 en guise de préparation. Didier Deschamps, lui, veut garder tout le monde sous pression, c’est son job : « Il y aura un autre objectif, et les joueurs le savent. Pour être tête de série (à l’Euro), il faut être parmi les 5 meilleurs des 10 premiers. 18 points, je ne suis pas sûr que ça suffise. Donc il va falloir qu’on aille chercher encore des points le mois prochain. »
Quand on connaît l’exigence et l’expérience du coach, on ne doute pas de sa sincérité. Cette rencontre contre la Tartan Army, elle aussi assurée d’être à l’Euro, qui a causé quelques maux de tête à l’Espagne et qui compte sur une génération orgueilleuse, ne peut pas être complètement inutile. Si Mike Maignan et Benjamin Pavard pourront faire coucou à leur ancienne maison lilloise, les habituels remplaçants auront « l’opportunité de se montrer », comme le clamait le milieu de terrain Youssouf Fofana, tout en ayant conscience d’être derrière « trois Martiens » (Tchouaméni, Rabiot et Camavinga, NDLR). Voilà pour le discours officiel. Pour l’officieux, il suffit de se souvenir de la pâle copie rendue lors du match d’exhibition en Allemagne ou encore d’avoir en tête les propos d’Aurélien Tchouaméni sur le calendrier surchargé pour comprendre que la Decathlon Arena ne devrait pas assister à un sommet d’intensité.
… Ce n’est que le début d’accords, d’accord ?
Pourquoi un tel détachement, alors qu’on parle tout de même du niveau international ? Certainement parce que depuis que DD a repris en main cette équipe de France, on sait très bien que ce qu’on verra dans l’année n’a jamais rien à voir avec les phases finales. Qu’elle passe par des barrages (Mondial 2014), qu’elle soit exemptée de qualifications (Euro 2016), qu’elle bute sur le Luxembourg et tombe en Suède (Mondial 2018), qu’elle ne puisse se défaire de la Turquie (Euro 2020), qu’elle fasse le service minimum (Mondial 2022), cette équipe change de costume à chaque fois que la route s’élève. On sait aussi que le gros du squelette de l’équipe qui sera chargée d’aller remporter le seul trophée manquant au boss Deschamps est en grande partie assemblé. À la louche : reste un match Camavinga-Rabiot à arbitrer, une hiérarchie à figer dans la charnière centrale (la concurrence entre Hernandez, Konaté, Upamecano, voire Koundé, Pavard et Saliba semble se jouer uniquement au gré des blessures), et se décider sur le profil des deux qui accompagneront Mbappé et Griezmann sur le front de l’attaque. Un menu fretin que seuls les déboires des clubs français pourra combler les prochains mois.
Le récap du jour : CSC le feuPar Mathieu Rollinger