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- France-Danemark (1-2)
France-Danemark : Andreas Cornelius, des Girondins à la lumière
En moins de trente minutes contre l'équipe de France, Andreas Cornelius aura davantage marqué les esprits qu'en une saison avec les Girondins de Bordeaux, où il était passé lors de l'exercice 2018-2019. Ce vendredi soir, l'attaquant de 29 ans a fait oublier le bijou de Karim Benzema en signant un doublé de vrai buteur pour offrir la victoire au Danemark face à la France (1-2). Une cure de jouvence pour un homme qui était derrière Jimmy Briand, Nicolas de Préville et François Kamano dans la hiérarchie girondine.
Les quelque 75 000 personnes présentes dans les tribunes du Stade de France, ce vendredi soir, ont dû tendre l’oreille dans un brouhaha heureux pour distinguer les changements annoncés par le speaker à l’heure de jeu de France-Danemark. Parmi les noms annoncés, celui de Mikkel Damsgaard, joueur frisson à l’Euro, a sans doute retenu l’attention de quelques connaisseurs. D’autres ont fouillé dans la mémoire pour savoir où ils avaient bien pu entendre cet autre blase très nordique : Andreas Cornelius. Le célèbre ministre de la Magie pour les amateurs d’Harry Potter ? Le conseiller de Babar pour les grands enfants ? Un nouvel opus de GTA pour les geeks ? Rien de tout ça, simplement un ancien attaquant oublié des Girondins de Bordeaux venu faire de la pelouse dyonisienne son jardin le temps d’un vendredi de printemps. Le buteur danois a fait oublier le bijou de Karim Benzema en inscrivant un doublé pour retourner l’équipe de France et devenir l’homme du match. Le héros d’une soirée.
Saint Andreas
En vingt minutes, Andreas Cornelius a ainsi marqué la moitié de son nombre de buts inscrits en une saison passée sous la tunique des Girondins en 2018-2019. Il s’est fait un nom en France, enfin, entrant même dans les livres d’histoire du Stade de France en devenant le deuxième joueur à planter un doublé face aux Bleus en compétition officielle dans cette arène depuis le Russe (et ancien Stéphanois) Aleksandr Panov, en 1999. En bonus, Opta précise même qu’il est le premier à réaliser cette performance en sortie de banc contre l’équipe de France. Il aurait fallu être fou pour imaginer le grand blond d’1,93m accomplir une telle prouesse au moment de le voir taper dans la main de Kasper Dolberg, qui aura bien porté son prénom ce vendredi soir (20 ballons touchés, 1 tir en une heure passée sur le terrain). Cornelius, lui, a tâté le cuir douze fois, et il a presque tout réussi. Moins de dix minutes après avoir débarqué sur le pré, il a profité d’une offrande de Pierre-Emile Højbjerg et d’une mauvaise couverture de Theo Hernández pour rappeler qu’il était un redoutable buteur (1-1, 68e). Bis repetita à l’orée du temps additionnel : le numéro 21 danois a effectué le bon déplacement pour embrouiller la défense française, récupérer un caviar de Joakim Mæhle et ringardiser William Saliba avant de déclencher une frappe kostadinovienne dans la lucarne d’Hugo Lloris (88e). Un pion du droit, un autre du gauche et l’équipe de France dans la poche d’un garçon qui n’aura pas laissé un souvenir impérissable à Bordeaux et en Ligue 1.
Entre flop et top
Celui qui avait été prêté dans les dernières minutes du mercato estival 2018 par l’Atalanta aux Girondins de Bordeaux pour jouer un rôle à la Olivier Giroud n’a jamais trouvé sa place dans l’équipe dirigée par Éric Bédouet puis Paulo Sousa. Son bilan ? Quatre buts contre Dijon, Paris, Lyon et l’Hapoël Haïfa en 33 matchs et un peu plus de 1200 minutes disputées sous le maillot au scapulaire aux côtés de Jules Koundé. Cornelius aura finalement passé une saison derrière Jimmy Briand, Nicolas de Préville, François Kamano, Yann Karamoh voire Josh Maja dans la hiérarchie des attaquants en Gironde. Le symbole d’une carrière chaotique pour l’attaquant, rapidement présenté comme un grand espoir et auteur d’un triplé contre le Canada à l’occasion de sa troisième sélection en janvier 2013, à 19 piges.
Un départ en fanfare, puis le mal du pays après un transfert à neuf millions d’euros à Cardiff où il avait alors été considéré comme « le flop le plus infâme de l’histoire du club » par le média Wales Online. Une instabilité chronique, un attachement à Copenhague et quelques faits d’armes en Italie, à Parme, où il a enfilé 12 perles lors de la saison 2019-2020, celle suivant son cauchemar en Gironde. À 29 ans, Andreas Cornelius s’est épanoui en Turquie, chez le champion Trabzonspor, où il s’est refait une belle réputation (17 buts, 5 passes décisives). Dans l’auditorium du Stade de France, son sélectionneur Kasper Hjulmand s’est réjoui de la bonne forme de son soldat, enfin laissé tranquille par les blessures et renforçant une ligne d’attaque déjà intéressante (Dolberg, Olsen, Poulsen, Braithwaite, etc.) Les Bleus n’avaient peut-être pas coché son nom au rayon des grands dangers du Danemark, ils sont désormais prévenus pour le retour en septembre et le match en phase de poules de la Coupe du monde. Le public français, lui, ne se moquera plus jamais d’Andreas Cornelius.
Par Clément Gavard, au Stade de France