- Ligue des nations
- Gr. 3
- France-Croatie
France-Croatie : une histoire de flou
Victorieuse en Suède samedi, l’équipe de France retrouve le Stade de France pour la première fois depuis novembre, ce soir, et la Croatie, sa victime en finale de la dernière Coupe du monde. Question de rentrée : quel sens Didier Deschamps souhaite-t-il donner à cette aventure qui doit mener l’équipe de France jusqu’à l’Euro 2021 ?
Les voilà, de nouveau, ces regards en biais et ces questions qui condamnent les Bleus à apporter des réponses dès mardi soir, pour leur retour au Stade de France, face à la Croatie, comme s’ils étaient soudain devenus des propres-à-rien. Samedi, à l’issue de la difficile victoire en Suède (0-1), Didier Deschamps n’a pourtant pas cillé. Tout simplement car il savait, qu’il connaît la réalité du job de sélectionneur et qu’il avait prévu que son équipe de France ne ferait pas éclater les projos de la Friends Arena de Solna après tant de mois sans se voir. Alors, lorsqu’il a été convoqué pour un énième procès pour manque de style, Deschamps a haussé les épaules : « Évidemment, tous les joueurs ne sont pas au mieux de leur forme. On a eu une semaine pour préparer ce match, face à une bonne équipe suédoise. On n’a pas totalement dominé notre sujet. En deuxième période, on a eu moins de maîtrise, mais c’est lié à la condition athlétique. On a été sérieux, appliqués. En revanche, on est capables de faire mieux offensivement. » Cette rentrée était scrutée pour plusieurs raisons : un système de jeu – le 3-5-2 – testé pour la deuxième fois, le retour d’Adrien Rabiot, la forme variable des uns et des autres.
« On doit être capable de faire mieux »
Sur tout ça, excepté peut-être un Rabiot volontaire, mais trop discret offensivement, les Bleus n’ont pas vraiment rassuré, c’est une certitude, et après la rencontre, Olivier Giroud, relativement abandonné par ses potes d’attaque, notamment par un Griezmann qui est pour une fois passé à côté de sa copie en équipe de France, a peiné à masquer sa déception. « J’ose espérer qu’à l’avenir, on se créera plus d’occasions et qu’on sera plus efficaces, a alors soufflé le buteur de Chelsea. Quand on maîtrisera mieux ce système et qu’on aura plus d’automatismes, on sera plus à l’aise. Il faut qu’on soit plus nombreux dans la surface sur les centres. C’est une question de philosophie, aussi, d’envie de finir à plusieurs dans la surface. C’est là qu’on marque les buts, qu’on est dangereux… Les centres n’étaient pas nombreux ce soir, mais ça peut devenir une force dans ce schéma tactique. » Encore faut-il que les pistons (Dubois et Digne samedi soir), souvent à contretemps dans leur pressing, acceptent de sortir de leur frilosité et gagnent en précision technique (à eux deux, ils n’ont réussi qu’un seul centre en Suède).. « On doit être capable de faire mieux », a sympathiquement concédé Deschamps, avant de laisser Hugo Lloris le compléter lundi, en avant-match : « Le coach a insisté sur les transitions offensives. On a toujours mis une ou deux touches de trop, on a mis trop de temps à aller vers l’avant, et comme les Suédois ont été agressifs et nous ont forcés à faire des erreurs dans la construction… Là, il va falloir mettre plus de qualité et d’intensité dans nos passes et nos mouvements. » Dès mardi soir ? C’est l’idée.
Le système appartient aux joueurs
Le sélectionneur s’est habitué à l’adaptation permanente, il va de nouveau devoir le faire en l’absence de Mbappé, positif au coronavirus et forfait mardi, et n’a jamais caché sa volonté de coller aux qualités de ceux qu’il a sous la main. Didier Deschamps souhaite renforcer l’arsenal tactique de son groupe avant l’Euro et si le 3-5-2 n’a pas convaincu en Suède, il ne sera pas effacé pour autant. On devrait même le retrouver face à la Croatie, victime des Bleus en finale du Mondial il y a deux ans, qui se présente sans Modrić, ni Rakitić, et qui vient de se faire rouler dessus au Portugal (4-1). Avec des ajustements, Deschamps l’a déjà annoncé. Justification : « Le délai de récupération est court. Je vais faire beaucoup de changements. J’avais déjà dit au moment de la liste que je ferais en sorte d’impliquer le plus de joueurs possible. Ça va à l’encontre de la cohésion et de l’automatisme, mais je n’ai pas le choix. » Ainsi, Anthony Martial, Ferland Mendy et Clément Lenglet devraient choper une place dans cette nouvelle animation, où les Bleus devront montrer un caractère offensif plus affirmé et imposer plus de rythme. La réussite d’un système demande de la répétition, une prise de repères, et c’est le rôle de ces retrouvailles avec les Croates. Cette rencontre sera aussi accompagnée d’autres questions : quel sens Didier Deschamps souhaite-t-il donner à cette aventure qui doit mener l’équipe de France jusqu’à l’Euro 2021 ? Quelle idée se cache derrière cette organisation à trois cerbères défensifs ? Deschamps souhaite-t-il davantage protéger cette équipe ou faire exploser ses forces ? Seule certitude : le système ne dicte rien, il appartient aux joueurs et c’est à eux de le tortiller dans le bon sens afin de voir des Bleus qui ne tremblent pas et qui grandissent. On ne demande que ça.
Par Maxime Brigand