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- France-Chili (3-2)
Kolo Muani, le joker qui fait plus d’un pli
Il n’y a pas besoin de faire l’unanimité en club pour s’attirer les faveurs de Didier Deschamps. Répondre présent dès qu’on fait appel à soi en sélection fait aussi très bien l’affaire. Et ça, Randal Kolo Muani l’a très bien compris : son but et sa passe décisive contre le Chili en sont une nouvelle preuve.
Les sifflets du Vélodrome, il pouvait s’y attendre. D’autant qu’il n’est pas le seul joueur étiqueté « PSG » de cette sélection à y avoir goûté ce mardi, dont ceux qui ne sont pas nés à Bondy comme lui. Ce n’est donc pas cette bronca qui l’a accompagné au moment de sa sortie après 83 minutes de labeur qu’il retiendra. Non, de cette étrange victoire française face aux vétérans chiliens (3-2), Randal Kolo Muani gardera en mémoire que c’est avec ce genre de prestations qu’il pourra postuler en juin prochain une place dans le bus des 23 heureux que conduira Didier Deschamps en direction de l’Allemagne. Et dans la saison qu’il traverse dans la capitale, cela s’apparenterait presque à un exploit.
L’atout fraîcheur
Perçu comme un supersub au PSG (17 titularisations sur 31 matchs), il a remplacé son coéquipier en club Ousmane Dembélé sur l’aile droite de l’équipe de France contre l’Allemagne, avant de prendre sa place dans le onze de départ pour ce second match de la séquence internationale. Surtout, il a été l’un des rares tricolores à se mettre en valeur lors de cette rencontre amicale. Des appels dans la profondeur, des dribbles pour se glisser jusque dans la surface de réparation, de la générosité dans les efforts et pour couronner le tout : un joli but de la tête avec une détente cristianesque pour passer devant et un festival de dribbles avant d’envoyer Olivier Giroud à son 57e but.
Suffisant pour valider dans l’esprit de Didier Deschamps ce rôle de joker qu’il avait déjà assumé à la Coupe du monde, lui, l’appelé de dernière minute pour pallier la blessure de Christopher Nkunku. « Kolo a pour lui sa fraîcheur et ses capacités. Il y a aussi un beau but de la tête, c’est bien, affirmait le sélectionneur en guise de débriefing. Je suis content pour lui, il a fait tout ce qu’il fallait. » RKM fait le job à Paris, facturant déjà neuf buts. Pour certains, cela ne suffit pour justifier un transfert à 95 millions d’euros. Au moment où le nom de Bradley Barcola commençait à circuler pour une expérience chez les A, où le retour de blessure Christopher Nkunku est aussi attendu avec curiosité, c’est ce qu’on appelle le sens du timing.
Symptomatique du problème des Bleus
Malheureusement pour lui, le joker a souvent deux visages. Et malgré la bonne partition, il a aussi donné un (nouvel) aperçu de ses limites. Sa perte de balle sur la réduction du score chilienne, juste avant son remplacement par Moussa Diaby, en est un exemple criant. Pire, le mal qui ronge le garçon de 25 ans est aussi peu ou prou celui qu’a ressenti l’équipe de France lors de ce rassemblement. Si celui qui surnage est un desperado qui joue sa dernière carte, si celui qui donne l’impulsion offensive est aussi un des joueurs les moins en confiance balle au pied, c’est que ce quelque chose ne tourne pas rond chez ces Bleus.
Dans une saison éreintante et aux forts enjeux finaux, tout est incertitude. Rien ne garantissait à Randal d’avoir autant de crédit qu’au mois de novembre, époque où il était déjà buteur avec les Bleus dans un nul suffocant concédé en Grèce. Pourtant, l’érosion n’a pas de prise sur Didier Deschamps, qui préfère compter ses soldats plutôt que les éliminer. « Le potentiel c’est une chose, la confiance aussi est essentielle, énonçait le boss des Bleus. En parlant avec lui, de son positionnement, on a pu le mettre dans les meilleures dispositions. Cela ne vaut pas que pour lui, mais les joueurs sont habitués à faire des choses dans leurs clubs, et en sélection, il faut vite basculer. Depuis novembre, l’équipe de France était entre parenthèses… » On verra si le message subliminal à Luis Enrique est passé, mais en attendant, Randal Kolo Muani ne doit attendre qu’une chose : que cette parenthèse puisse vite se rouvrir.
Par Mathieu Rollinger, à Marseille