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  • 16 novembre 1977

France-Bulgarie (3-1) : Renaissance et Mundial !

Par Chérif Ghemmour
France-Bulgarie (3-1) : Renaissance et Mundial !

Les Bleus iront en Coupe du monde ! Enfin… Absente de toutes les compètes depuis le Mondial 1966, la bande à Michel & Michel, Hidalgo et Platini, se qualifie pour l'Argentine en battant la Bulgarie 3-1 au Parc des Princes. Les Bleus quittent la lose pour (presque) toujours…

France – Bulgarie : 3-1

Qualifications pour la Coupe du monde 1978
16 novembre 1977 – Parc des Princes

Est-ce qu’on détestait les Bulgares en 1977 ? Ben, oui. Pas de la haine atroce. Mais on n’aimait pas, c’est tout. OK, y avait Sylvie Vartan. Elle était jolie, mais elle avait épousé un Américain, Johnny Hallyday. Les publicitaires de l’époque avaient aussi essayé de nous refourguer un produit laitier nouveau, les yaourts Kremly, « au bon goût bulgare » , sur fond de grandes chevauchées de cavaliers cosaques (authentique). Pas dégueu, Kremly. Mais de là à aimer la Bulgarie… En 77, c’était encore la Guerre froide et la Bulgarie émargeait au Pacte de Varsovie : des Bolchos, quoi ! Et puis pour nous, les Bulgares s’appelaient tous Metchmov, parlaient guttural, dévoraient les enfants au saut du lit et trichaient dans tous les sports ! Nous y voilà… La France du foot n’avait jamais oublié que nos Bleus encore merveilleux avaient manqué la Coupe du monde 1962 à cause des horribles Bulgariens. Dans une poule de qualif à trois (France, Bulgarie, Finlande), le dernier match décisif devait se dérouler à Sofia. Les Bleus en tête du groupe n’avaient besoin que d’un match nul pour aller au Mundial chilien. Ils perdirent 1-0 sur un but chelou de Metchmov sur un coup franc bidon à la 89e minute ! Avec 6 points chacun, il fallu jouer un match d’appui à Milan, que les Bulgares gagnèrent 1-0 (Metchmov, encore).

Mais la légitime détestation nationale de tous les Metchmov de la planète avait été ravivée par le premier match des qualifs pour le Mundial 78 en Argentine. C’était en octobre 1976, un Bulgarie-France de sinistre mémoire. « Monsieur Foote, vous êtes un salaud ! » : la fameuse saillie en direct live de feu Thierry Roland, c’était à l’occasion de ce match insensé, toujours à Sofia (comme en 1961), où les Bleus s’étaient encore scandaleusement fait voler ! En cause, un arbitrage très orienté en faveur des Metchmov. Un but hors-jeu de Metchmov avait ramené le score à 2-1 pour la France juste avant la mi-temps (coufrandeplatini et Lacombe). Mais c’est à l’ultime minute que mister Foote avait accordé un péno ultra bidon aux Bulgarois qui étaient revenus à 2-2. Si Metchmov marquait, la France serait battue 3-2 et pourrait quasiment dire adieu à l’Argentine 78, dans cette poule à trois difficile (comme en 1961), avec l’Éire. Miracle ! Metchmov tirait à côté. Le nul 2-2 ramené de Sofia avait sans doute brisé le signe indien, effacé les malédictions du passé. Car dans la foulée, les Bleus battaient l’Éire 2-0 au Parc du Prince (buts de Platoche et Bathenay), engrangeant trois points au compteur. La victoire à l’époque n’octroyant que deux points. Mais en mars 77 à Dublin, la France perdait 1-0 (ce filou de Liam Brady !) Du coup, entre mars et novembre 77, la France du foot flippa à mort pendant huit longs mois, avec gravé dans le ciboulot la date fatidique du mercredi 16 novembre à 20h30 au Parc des Princes. Un match ultime et décisif comme le foot français les haïssait…

Metchmov

Au matin du 16 novembre, les enjeux sont clairs : la Bulgarie est en tête avec 4 points et la France est deuxième avec 3 points. Moralité, il faut gagner. Sauf que… Le foot français vit encore dans la lose seventies et malgré Saint-Étienne (finaliste de la C1 76) et Saint Michel (Platoche), la mentalité winner n’irrigue pas vraiment le cortex tricolore. On flippe VRAIMENT à mort avant le dernier obstacle ! La France a encore plus peur de son ombre que de Metchmov… OK, les Bleus avaient récemment battu la RFA 1-0, ramené un nul de Rio contre le Brésil (2-2) et un autre nul 0-0 de Moscou contre la grande URSS. Mais tout ça, c’étaient que des matchs amicaux. À Dublin, la France avait démontré qu’elle jouait encore en D2 européenne. La vache ! On n’y arriverait jamais. D’autant plus qu’avec Michel Hidalgo, on tenait un très bon entraîneur, mais il était trop gentil. Et son capitaine Platini un peu trop potache. Or, en face, c’était Metchmov, dévoreur d’enfants ! Pour ce match de la peur, Michel Hidalgo eut la bonne idée de bâtir non pas une équipe de France, mais une équipe « de la France » , avec des joueurs venus de pas mal de clubs de D1 : les Stéphanois, bien sûr (Janvion, Bathenay, Rocheteau), des Nantais (Rio et Bossis), le Niçois Jean-Marc Guillou, le gardien du FC Metz André Rey et puis Lacombe (OL), Six (RC Lens, ou bien VA ?), un Marseillais puisqu’il en faut toujours au moins un, Marius, et le Nancéien Platini. Un seul remplaçant entrerait en jeu, le Monégasque Christian Dalger (à la place de Rocheteau, à la 70e).

Bien vu, Hidalgo ! Équipe jeune et composite qui faisait la part belle à tous les talents du moment. Surtout, on devine sans le savoir encore que le Carré magique des années 80 est alors en germe au milieu : Platini, Guillou, Dalger, Bathenay, c’est le top de l’intelligence tactique et de l’aisance technique, surtout pour les trois premiers cités. Et puis le 4-3-3 annonce la couleur résolument offensive d’une équipe de France qui a quand même pas mal régalé depuis que Hidalgo a pris les rênes des Bleus depuis mars 1976. Mais en face, c’est Metchmov et, ce soir, il pleuvra sur le Parc. Car à l’époque, le foot français redoutait aussi la météo : trop froid, trop chaud, trop humide, trop pluvieux. La lose, toujours… À l’heure des hymnes, on concède à contrecœur que celui de la Bulgarie ressemble à de la musique. Gros plan sur les visages : les Bulgares ont l’air humain. Mais, bon : le gardien s’appelle Metchmov, les quatre défenseurs s’appellent Metchmov, les milieux aussi et les attaquants pareil !

Metchmov

En fait, dès le début, les Bleus déroulent. Un peu comme au match aller à Sofia où leur technique collective avait globalement surclassé les Blancs-yaourt. Sauf qu’on flippe à mort ! Un contre assassin, une erreur défensive fatale, un poteau sortant, une décision arbitrale défavorable… Et l’arbitre, au fait ? C’est un Hollandais, Charles Corver. Pas de raison a priori de se méfier. À la fin du match, on louera même son bon boulot. En juillet 82, après Séville, on sera 50 millions à vouloir lu faire la peau… Donc, on flippe. Rocheteau marque bien à la 38e en flinguant le gardien Metchmov à bout portant sur un cafouillage suite à une tête de Marius sur corner de Six. OK, 1-0 à la mi-temps, c’est bien parti. Mais on flippe. En deuxième mi-temps, Michel Adoré bazarde une mine vicelarde sous la barre, à 25 mètres : 2-0 à la 63e ! Et là, on y est ! On sera en Argentine en 78 ! Et même si c’est la junte tortionnaire qui organise l’événement, on s’en fout un peu : on attend ça depuis 1966. Alors, bon, les Droits de l’Homme, ben merde, quoi ! Enfin, ouais mais bon, quoi ! On ne le sait pas encore, mais le but de Platoche contre la Bulgarie va inaugurer un rituel avec les Bleus pour les qualifs futures : but de Michel au Parc au mois de novembre. Un rituel qu’il répétera pour le Mondial 82 (coup franc contre les Pays-Bas, 2-0) et pour le Mundial 86 (coup franc contre la Yougoslavie, 2-0). Trois fois sauveur de la République : vous comprenez pourquoi, question popularité, Michel fait toujours jeu égal aujourd’hui avec Zinedine ?

Bon, à 2-0, il faut gérer. Mais ça, on sait pas trop faire. Hidalgo remplace bien Rocheteau à la 70e par Dalger, le stratège de l’ASM. Pas con : on renforce au milieu pour mieux tenir le ballon… Mais on flippe. Le vertige de la victoire, de la qualif, la participation à la Coupe du monde, tout ça, on connaît pas trop… Alors on commence à reculer et le chrono ralentit, ralentit, ralentit. À 20 minutes de la fin, il reste encore un siècle à jouer. Il pleut toujours et les Bulgares vont nous en planter deux… Et bing ! À la 85e, Metchmov réduit l’écart d’une tête sur un centre de la gauche signé Metchmov : 2-1 ! Ce coup-ci, c’est mort. Adieu l’Argentine. On n’aurait pas dû frimer. OK, Valérie t’avait souvent souri dans la cour du lycée… Mais qu’est-ce que tu croyais, connard ? Puisqu’on te dit qu’elle sort avec un mec de terminale ! Il reste plus d’une demi-heure à jouer et Metchmov est maintenant déchaîné et fait feu de tout bois. Metchmov va égaliser. À la 89e, un long renvoi dans les 22 mètres adverses est capté par un Lacombe carbo qui remonte le ballon vers la surface bulgarienne un peu désertée. À bout de force, il passe à Dalger aux 10 mètres qui gagne un duel de force sur Metchmov, il se retrouve seul face au gardien Metchmov et le fusille avec amour : 3-1 ! Là, on y est vraiment ! Les Bulgariques ne reviendront jamais. Charles Corver siffle la fin, Michel Hidalgo en pleurs est hissé sur les épaules de ses joueurs, la pluie ne mouille pas et Valérie t’a dit un mot sympa au café ! Le foot français remonte en D1 européenne et ne connaîtra plus jamais la lose atroce des années 60-70. Même après les fiascos de l’Euro 88 et des Coupes du monde manquées de 1990 et 1994 : cette lose n’avait rien à voir avec le désert aride et désespéré des sixties et seventies. Ce France-Bulgarie de novembre 77, c’est bien la renaissance du foot hexagonal validée plus tard par l’Euro 84 et les Coupes du monde 82 et 86. Et Metchmov ? On l’a oublié. Parce que, bizarrement, malgré un nouveau traumatisme, l’élimination des Bleus en novembre 93 (1-2) nous fera progressivement aimer des Bulgares tout à fait humains et qui avaient en fait tous des noms bien à eux : Kostadinov, Ivanov, Letchkov, Penev, Yankov, Stoichkov, Balakov…

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