- Euro 2024
- 8es
- France-Belgique (1-0)
Kolo Muani, profession sauveur
Au sein d’une attaque totalement apathique malgré la nouvelle formule tentée par Didier Deschamps, Randal Kolo Muani a eu un grand mérite : être décisif. Dans cet Euro, c’est déjà beaucoup pour les Bleus.
« Kolo, c’est Kolo. C’est beau ! » Hilare au micro de TF1, Didier Deschamps ne pouvait que se féliciter de la réussite de son supersub préféré au coup de sifflet final de la qualification acquise contre la Belgique. Quelques instants plus tôt, l’attaquant parisien s’en allait gratter une faute d’Orel Mangala le long de la ligne de touche au terme d’une dernière course, histoire de faire respirer une bonne fois pour toutes les supporters tricolores ayant fait le déplacement à Düsseldorf. Le seul – mince – rayon de soleil au sein d’une attaque encore à la peine.
Le héros de tout un peuple
Jusqu’à cette 85e minute et le but de la délivrance, l’encéphalogramme français était resté terriblement plat. C’est tout juste si Antoine Griezmann avait timidement sollicité Koen Casteels en tout début de partie, puis Aurélien Tchouaméni (qui s’y sera repris à quatre fois pour régler la mire). Deux malheureux tirs cadrés sur 19 et l’impression que ces Bleus peuvent ronronner pendant des heures sans jamais montrer la moindre intention d’accélérer pour faire mal à l’adversaire. Mais ça, c’était avant cette action une nouvelle fois chaotique, conclue avec beaucoup de réussite par Randal Kolo Muani. Sans faire une entrée fracassante, l’éternelle énigme parisienne s’est muée en héros pour propulser l’équipe de France en quarts de finale, un an et demi après avoir déjà soulagé l’Hexagone dans une demi-finale de Coupe du monde irrespirable contre le Maroc.
« On a marqué aujourd’hui, même si ça a été très compliqué, souriait le principal intéressé en zone mixte, interrogé sur les galères offensives tricolores. On s’est créé pas mal d’occasions, même si elles n’étaient pas toutes cadrées. Je pense qu’on se précipite un peu dans le dernier geste. » Un déchet à la finition que l’ancien Nantais est parvenu à gommer pour forcer la décision. « J’avais l’idée de frapper, elle est contrée et elle va au fond, décrivait-il encore. Que ce soit un CSC ou un but, on gagne 1-0, donc je suis content. » Il n’empêche, il s’en fiche probablement, mais le bonhomme ne sera pas crédité d’un cinquième pion en sélection ce lundi soir, le but étant attribué à Jan Vertonghen contre son camp.
🏆 #ClubEuro 🔥 Kolo Muani : "Garder notre sang-froid et notre calme pour concrétiser" #Euro2024 #beINEURO2024 #FRABEL pic.twitter.com/3JRLcful7p
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) July 1, 2024
La formule magique ?
Après deux entrées sans éclat (pour un total de 23 minutes de jeu) dans le tournoi, Kolo Muani peut-il pousser DD à revoir une nouvelle fois sa copie ? Pour la quatrième sortie des Bleus dans cet Euro, le sélectionneur avait une nouvelle fois changé de formule en sortant Ousmane Dembélé et Bradley Barcola pour relancer Marcus Thuram, replacer Kylian Mbappé à gauche et Antoine Griezmann sur le flanc droit. Toujours pas une grande réussite, tant et si bien que l’équipe de France est la première équipe à atteindre les quarts d’un Euro sans qu’aucun de ses joueurs n’ait marqué dans le jeu. « C’était encore un nouveau système pour nous, il faut s’habituer. Mon positionnement sur le côté ? Je l’ai appris ce matin, révélait le Colchonero auprès de beIN Sports. Peu importe où je joue, je vais me donner à fond. Le coach sait où j’aime jouer, mais je vais toujours tout donner pour l’équipe, pour lui. » Si le capitaine Kyks a peiné à se défaire du marquage strict des Belges et de son masque, l’Intériste n’a lui une nouvelle fois guère pesé sur le front de l’attaque, envoyant les deux galettes proposées par Jules Koundé au-dessus de la tête.
5 – La France a bénéficié de son 5e but contre son camp à l’EURO, plus que toute autre équipe. Les Bleus sont d’ailleurs aussi la sélection dont les adversaires ont marqué le plus de buts de la sorte en Coupe du Monde (6).#FRABEL pic.twitter.com/xkPp6mgTQV
— OptaJean (@OptaJean) July 1, 2024
Pas de quoi affoler les vice-champions du monde pour autant, surtout heureux de n’avoir à nouveau pas vu Mike Maignan devoir aller chercher le cuir au fond de ses filets. « Le coach m’a dit de continuer le travail que Marcus a fait en première période, de ramener de la profondeur et de pas trop sortir sur les défenseurs centraux, détaillait encore Kolo Muani. Si on ne prend pas de but, on peut aller le plus loin possible. Après, c’est à nous les attaquants de marquer. » Même son de cloche pour Antoine Griezmann, agacé par une question sur le fait que le score du jour ne soit toujours pas particulièrement flatteur : « Faites pas chier avec un petit score ou quoi, on est en quarts. » Nation ayant bénéficié du plus grand nombre de CSC dans l’histoire de l’Euro (cinq), la France le sait : elle peut s’appuyer sur son meilleur buteur de l’été pour viser loin. À moins que l’autre gamin de Bondy ne décide de changer l’histoire vendredi face au Portugal ou la Slovénie ?
Par Tom Binet