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France-Autriche : espace détente
C'est dans un climat très pesant, où les multiples affaires occupent la scène médiatique, qu'une équipe de France décimée par les blessures retrouve la pelouse du Stade de France pour y affronter l'Autriche, avec l'espoir d'enfin remporter un match dans cette Ligue des nations. Cette dernière rencontre à la maison avant le Mondial doit permettre aux Bleus de réconcilier leur public avec le foot le temps d'une soirée.
Ce serait presque le retour d’une forme de légèreté de se dire que l’événement du jour pour l’équipe de France est un simple match de foot. Cela devrait être normal, mais ça ne l’est pas ces derniers temps, entre les affaires judiciaires sordides, les nombreuses révélations graves sur le fonctionnement de la Fédération française de football et, dans une moindre mesure, la fronde lancée par Kylian Mbappé, soutenu par les cadres, pour pousser la FFF à procéder à une refonte de sa convention sur les droits à l’image. « Une demande simple, logique et légitime », selon les mots de Raphaël Varane, qui portera le brassard de capitaine ce jeudi soir face à l’Autriche. « L’atmosphère est ce qu’elle est, je suis coupé du monde extérieur. Ce qui m’intéresse, c’est ce que je vois et ce que j’ai à faire avec mes joueurs, balayait de son côté Didier Deschamps en conférence de presse à la veille de cette rencontre. Quoi qu’il se passe, l’objectif reste le même, c’est la recherche de la performance. » C’est dans ce climat pesant que les champions du monde doivent retrouver le terrain et, si possible, le goût de la victoire trois mois après avoir pris le chemin des vacances avec deux défaites, deux nuls et encore plus de doutes dans leurs valises.
La politique de l’Autriche
Il ne faudra cependant pas compter sur cet ultime rassemblement avant le Mondial pour gagner en certitudes. Le visage des Bleus cette semaine ne devrait pas ressembler à celui de juin dernier ni à celui de novembre prochain. La conséquence d’une avalanche de blessures, onze en tout, qui oblige le sélectionneur à composer avec un groupe très remanié, dont font partie cinq novices (Alban Lafont, Adrien Truffert, Benoît Badiashile, Youssouf Fofana et Randal Kolo Muani). « Le nombre de blessés, c’est énorme, a constaté Varane. Il ne faut pas être surpris, ça fait des années que l’on parle des calendriers surchargés, de la fatigue des joueurs, et cette saison est encore plus intense que d’habitude. C’est un contexte auquel il faut se préparer et s’adapter. » Ainsi, six des onze titulaires à Vienne lors de l’aller disputé en juin ne seront pas de la partie pour la deuxième manche, alors que Deschamps pourrait opter pour un retour à un système à trois défenseurs centraux, abandonné lors des trois dernières rencontres des Tricolores. « Ce ne sont pas les blessés qui vont m’emmener à changer mon idée, expliquait le sélectionneur. Cela m’incite à réfléchir, oui, mais la démarche est toujours la même : mettre les joueurs individuellement dans la meilleure position. Ce qui n’empêche pas de pouvoir changer d’un match à l’autre ou en cours de partie, c’est par exemple ce qu’a fait l’Autriche récemment. »
Seulement, les Bleus sont trop diminués, notamment dans le secteur du milieu de terrain, où les six joueurs présents au dernier Euro ne font pas partie du groupe cette semaine (Paul Pogba, N’Golo Kanté, Adrien Rabiot, Corentin Tolisso, Moussa Sissoko, Thomas Lemar), pour que l’on pense que les deux matchs à venir permettront d’effectuer des réglages tactiques. Ce qui a poussé Varane a accentuer le trait sur l’importance de voir « un état d’esprit collectif. Ces deux rencontres à jouer seront dans l’objectif d’avoir des repères communs et d’être plus forts ensemble. » Une occasion peut-être de voir Aurelien Tchouaméni confirmer son nouveau statut de taulier en sélection, et pourquoi pas former la paire avec son coéquipier au Real Madrid Eduardo Camavinga, de retour chez les grands après deux ans d’absence. Une autre, aussi, de voir Olivier Giroud, à qui il manque trois buts pour égaler Thierry Henry dans les livres histoire, rappeler que son profil pourrait avoir son utilité au Qatar. D’une manière plus pragmatique, la bande à Deschamps, qui n’a toujours pas gagné dans cette Ligue des nations, sait aussi qu’un succès ce jeudi soir lui permettrait de laisser la dernière place du groupe à l’Autriche avant le déplacement au Danemark dimanche, et de s’éloigner peut-être d’une relégation en Ligue B pour la prochaine édition. Une broutille à côté de « l’immense défi » (Deschamps) qui l’attend en novembre. Même si dans un contexte où le foot français dégoûte plus qu’il n’enchante, une victoire contre l’Autriche au Stade de France, où les Bleus ont perdu leurs deux derniers matchs (Danemark et Croatie), ressemblerait à une toute petite parenthèse réconfortante avant de replonger dans la triste réalité.
Par Clément Gavard