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Formation : pros à l’OM mais si loin de la Ligue 1
L’Olympique de Marseille a été confronté à un problème de taille lorsqu'il a fallu communiquer sa liste de joueurs à l’UEFA pour la Ligue des champions : il fallait y inclure des joueurs formés au club. Apparemment, il n’y en a pas à Marseille. Pourtant, il y a tout un tas de contrats pros en N3 et dans les catégories inférieures du club. Pros à l’OM, mais si loin de la Ligue 1 et encore plus de la Ligue des champions...
4 septembre 2019, conférence de presse de Jacques-Henri Eyraud alors président de l’OM : « Avec tout le travail qui a été fait à la formation, nous sommes devenus un club formateur. » 2 septembre 2022, conférence de presse de Pablo Longoria, président en activité de l’OM : « On a un très grand problème à l’OM : nous n’avons pas de joueurs qui sortent du centre de formation. Nous devons y réfléchir en tant que club. » Entre ces deux déclarations et ces deux boucles habituelles de la vie du centre de formation marseillais (un nouveau président arrive et dit « on a un problème à la formation » ; il change tout au centre et explique « bientôt vous verrez » ; rien ne change vraiment ; un nouveau président arrive et dit…), les décideurs marseillais n’ont pourtant pas hésité à signer une multitude de premiers contrats pros à des jeunes pousses qui devraient logiquement être en train de taper à la porte de l’équipe première. Logiquement.
Un premier contrat pro pour protéger le club avant tout
Le 15 juin 2020, le club annonçait fièrement la signature de cinq nouveaux contrats pros : Cheick Souaré, Richecard Richard (oui), Ugo Bertelli, Jorès Rahou et Nassim Ahmed. Deux ans plus tard, les deux premiers ont déjà quitté le club, les trois suivants attendent toujours leurs premières minutes en pro comme Kamardin, Sciortino, Ngapandouetnbu. Tant de « pros » à l’OM, mais dans les faits joueurs de N2 et de N3 aujourd’hui… David Terrier, ancien joueur pro devenu vice-président de l’Union nationale des footballeurs Professionnels, ne se fait guère plus d’illusions sur la majorité des premiers contrats pros signés en France. « Aujourd’hui, les clubs ont tellement peur de perdre les joueurs que dès les premières convocations en équipe nationale U17 ou U18, dès les premiers potentiels intérêts de clubs étrangers, ils proposent des contrats de trois ans à des jeunes de 16 ou 17 ans, explique le syndicaliste. Ils se disent : soit des clubs le veulent, et donc je pourrai le vendre au prix que je veux, soit il restera au club. Dans ce cas, soit il échoue, soit il est bon et… je finirai par le vendre aussi, mais plus tard ! »
Ugo Bertelli, un plot parmi d’autres.
Signer un premier contrat pro en 2022 est un outil de protection pour le club, il ne garantit plus grand-chose au joueur. Un petit peu moins encore à Marseille où les objectifs sont élevés, le focus, sur le court terme, et la passerelle entre le centre de formation et l’équipe A, une légende urbaine. Sous Longoria, l’OM va plus loin et bouche un peu plus l’horizon professionnel, déjà à peine visible, de ses talents locaux en se lançant dans un recrutement important de talents étrangers (Jelle Van Neck, Roggerio Nyakossi, Emran Soglo, Bartug Elmaz, Esey Gebreyessus, Pedro Ruiz, François Régis Mughe). D’ailleurs, sur le volet de la post-formation, certains continuent de se poser la question : est-ce que Bamba Dieng aurait foulé les pelouses de Ligue 1 sans l’intérim de Nasser Larguet ?
Va, vis et deviens Ahmed Touba…
Cette fameuse passerelle, beaucoup de néo-pros abandonnent l’idée de l’emprunter et s’engagent sur un chemin plus tortueux, mais sans doute plus à même de leur offrir une carrière qui dure. C’est le cas par exemple de Joakim Kada, qui a signé pro à l’OM en 2021, zéro minute chez les pros bien évidemment, parti s’aguerrir au Luxembourg cet été. C’est Walid Bouchenafa, agent algérien spécialisé dans la relance de joueurs en situation d’échec, qui l’a placé là-bas : « Joakim, je l’ai repéré sur le tournoi de Toulon où il avait été très correct avec la sélection algérienne, commence l’ancien journaliste. C’était un grand espoir de l’OM qui n’a peut-être pas émergé l’an dernier, car le pauvre a vécu un drame personnel. Pour moi, s’il bosse bien, il peut même rêver à la sélection nationale A d’Algérie. Il n’y a pas 30 défenseurs centraux algériens gauchers qui jouent dans un championnat correct tout en sortant d’un bon centre de formation. Il peut suivre un peu les traces d’Ahmed Touba qui, à un moment, n’était pas conservé par Bruges, puis est parti en Bulgarie avant de revenir aux Pays-Bas et devenir le joueur qu’il est devenu. » On le lui souhaite, en tout cas. D’autant que des bruits faisaient état d’un intérêt marseillais pour… Ahmed Touba cet été. Devenir Touba pourrait bien être le chemin le plus court pour que Kada et ses ex-coéquipiers suscitent enfin l’intérêt de l’équipe première de l’OM.
Par Mourad Aerts
Tous propos recueillis par MA sauf mentions.