- Stars d'Amérique du Sud
Forlán et Trezeguet crient famine
Le sel des championnats latino-américains a longtemps recélé dans l'émergence de jeunes prodiges appelés à s'exporter en Europe. Aujourd'hui, un nouveau et significatif mouvement migratoire inverse se produit, qui envoie d'allègres trentenaires y terminer leur carrière, tels Forlán, Trezeguet, Ronaldinho ou Seedorf. Chaque semaine, nous vous contons le week-end de ces vedettes américaines.
Au Brésil, c’était journée de clasicos : São Paulo – Corinthians, Botafogo – Flamengo, Atlético Mineiro – Cruzeiro, Santos-Palmeiras et un bouillant Internacional-Grêmio. L’occasion idéale pour Diego Forlán, muet depuis son enrôlement par les Colorados, de se mettre la torcida dans la poche. Au final, loin d’ouvrir son compteur but, le meilleur joueur de la Coupe du monde 2010 commence à générer des doutes sur l’intérêt de son onéreux recrutement. L’Uruguayen a livré une nouvelle partie sans relief lors du derby gaucho, et a même commis l’impair de manquer un face-à-face. Son compère Leandro Damião, pas franchement plus inspiré, c’est le Grêmio du référentiel Ze Roberto qui a emporté la mise sur un but d’Elano, l’ex de Manchester City (0-1).
Avec Forlán, il est l’autre gros coup réalisé cet été par un membre du Brasileiro. Clarence Seedorf, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a encore habilement tiré les fils de l’entre-jeu de Botafogo ce week-end, mais n’est pas parvenu à se montrer décisif face au Flamengo de Liedson et Vagner Love. Tout juste embauché par le Fla, Adriano a posé son poids à trois chiffres en tribunes pour assister à un débat carioca stérile (0-0). À São Paulo, le derby s’est révélé plus prolifique. L’ex-Rennais Luis Fabiano s’y est distingué en inscrivant un doublé pour offrir la victoire (1-2) aux siens face aux Corinthians de Sheik Emerson, passé lui aussi par la capitale bretonne, mais encore plus discrètement et brièvement que l’ex-goleador du FC Séville.
Cette 19e journée du Brasileiro marquait la fin de la phase aller. À mi-parcours, la tête du classement est occupée par l’Atlético Mineiro de Ronaldinho. Malgré des abdominaux toujours aussi flasques, l’ex-meilleur joueur du monde a signé le petit bijou du week-end. Une chevauchée fantastique conclue au pas. Une fulgurance à l’intérêt comptable annulée par l’égalisation de Cruzeiro (2-2). Pour clore le chapitre brésilien, les supporters lyonnais seront intéressés d’apprendre que le Fluminese de Fred l’a emporté sur la pelouse du Vasco de Juninho (1-2).
Trezeguet l’a mauvaise
À l’instar de Diego Forlán au Brésil, David Trezeguet reste muet cette saison. Rien d’inquiétant non plus, puisqu’en Argentine la saison vient de débuter (trois journées) et que le Français n’a pris part qu’à deux rencontres. Face à un San Lorenzo particulièrement hermétique, le roi David n’est pas parvenu à se créer la moindre bribe d’occasions ce week-end. Et c’est peu de dire que l’option ultra-défensive du Ciclón n’a pas plu à l’ex-Monégasque. « Ils ont joué comme Patronato ou Puerto Madryne en Nacional B » , s’est agacé Trezeguet. La réplique de Caruso Lombardi, l’entraîneur de San Lorenzo, ne s’est pas fait attendre. « Il faut que River s’habitue à jouer en A. Un grand joueur comme Trezeguet aurait dû tirer au moins une fois au but. Il devrait surtout être amer de constater que son équipe n’a pas trouvé de solution pour nous battre. » River est calé à la septième place d’un classement dominé par Boca, qui pointe à deux longueurs des Millionarios. À noter que le Newell’s des couillus Gabriel Heinze et Lucas Bernardi est la seule équipe à n’avoir pas encaissé de but. La présence de ces deux lascars ne doit pas être étrangère à cette étanchéité.
Tamudo mis sur le banc par le Pentapichichi
Au Mexique aussi, on achète européen. Six joueurs de Liga sont ainsi venus grossir, cet été, les rangs de la Liga MX, nouvelle appellation du tournoi piquante. Le gros coup médiatique a indubitablement été réalisé par Pachuca, qui a attiré dans ses filets Raúl Tamudo, l’ex-idole suprême de l’Espanyol Barcelone. Tout juste revenu d’Espagne, où il a assisté à la naissance de son premier fils, le goleador de 34 ans a été cantonné, samedi, à une poignée de minutes de jeu par Hugo Sánchez, dont l’on peut penser qu’il dispose des compétences requises pour jauger la forme d’un attaquant. Après six journées, Tamudo reste muet et Pachuca, tenu un échec par le champion en titre Santos (0-0), traîne à une indigne treizième place. Autre éminent ibérique, Luis García stationne au Mexique depuis une bonne année. Excellent sous les couleurs de Puebla, l’ex-attaquant de Liverpool peine toutefois à s’imposer chez les Pumas, où il vient de débarquer. Lors du clasico Pumas – Cruz Azul, perdu par les représentants de l’UNAM (0-1), le champion d’Europe 2005 a dû se contenter de jouer les 25 dernières minutes, pour tenter, en vain, de déséquilibrer une défense cementera menée par l’ex de l’Atlético Luis Perea.
Enfin, les supporters lyonnais seront intéressés d’apprendre que César Delgado, après un début de championnat médiocre, a participé intégralement à la victoire des Rayados sur le terrain des Chivas (1-2). Les deux buts des visiteurs ont été inscrits par le Chilien Humberto Suazo, meilleur buteur des éliminatoires sud-américains pour la Coupe du monde 2010. L’ex de Saragosse pourrait quitter le Mexique au terme de la saison. Un retour en Europe lui est promis. À moins qu’une grosse écurie brésilienne ne parvienne à réunir des arguments suffisants pour lui épargner une nouvelle traversée de l’Atlantique.
Par Thomas Goubin