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Forgeard: « Un CSC de Pastore dans les arrêts de jeu »
Dans son film "Réussir sa vie", en salles depuis mercredi, Benoît Forgeard réunit 3 courts-métrages complétement barrés. Le premier , "La course nue", raconte l'histoire d'une fille qui joue les streakeuses au Stade de France, en plein match de foot, pour son opérateur télécom à qui elle doit des ronds. Si le deuxième parle d'un ex-taulard reconverti en songwriter pour Alain Souchon, le troisième court-métrage lui convoque Alka Balbir, fille de... Preuve que le football inspire Benoît Forgeard. Alors que ce joue ce week-end PSG/OM, l'occasion était parfaite pour parler foot avec lui.
Un pronostic pour ce PSG/OM, importantissime pour les Parisiens ?Foutu pour foutu, l’OM pourrait prendre un malin plaisir à faire chuter le PSG, pas bien en point ces derniers temps. Ça me fait mal au bide de pronostiquer ça, mais je dois me rendre à l’évidence. 2-1 pour l’OM. CSC de Pastore dans les arrêts de jeu.
Comment êtes vous devenu supporter du PSG ?Un Paris SG-Lokomotiv Sofia, à l’automne 1982. Quelque chose comme 5-1 pour Paris, avec un fantastique Michel N’Gom. Quelques mois plus tôt, c’est la victoire en coupe de France, pour le dernier match de Platini avec l’ASSE.
Un avis sur le PSG made in Qatar ?
C’est comme toucher un héritage, non ? Ou comme frotter une lampe à huile dans les vestiaires d’un club moyen de ligue 1 et de voir apparaître un génie. Je suis plutôt pour. Paris est, de toutes façons, la ville de toutes les aventures.
Le joueur qui vous a le plus impressionné ou décu cette saison ?
Qui m’a le plus enthousiasmé : Peguy Luyindula, pour son absence de combativité, qui évoque le Gandhi des grandes heures. Le plus déçu : Ronan Le Crom. Toujours aucune parade décisive.
Meilleur souvenir en tant que supporter du PSG ?
Le but d’Antoine Kombouaré contre le Real en 1993 en Coupe de l’UEFA. Le hic c’est que je l’ai vu à l’époque en crypté avec mon reup. Quand j’ai pu bien le voir, c’était seulement quinze ans plus tard et sur YouTube.
Pire souvenir en tant que supporter du PSG ?
L’élimination par Watershei en quarts de finale de la coupe des coupes 1983, 3-0 en Belgique, après avoir gagné 2-0 au Parc. Inacceptable. Une blessure jamais vraiment guérie.
Vous partagez l’affiche avec Alka Balbir, la fille de Denis. Est-ce un hommage déguisé au commentateur ?
Pour jouer le rôle d’Alexandra, une étudiante victime d’un bug informatique qui lui fait perdre sa thèse, j’avais d’abord pensé à Denis Balbir, mon commentateur préféré. Parce qu’il n’était pas libre, j’ai du me rabattre sur sa fille, Alka, qui m’a donné pleine satisfaction. Il est peu dire que je l’ai échappé belle.
Dans votre film vous abordez le sujet des streakers, pourquoi cet hommage à ces gens qui bravent l’interdit en courant tout nu ?
Le streaking, même s’il a été observé au tennis ou au golf, fait partie intégrante de la culture footballistique. Le streaker (ou la streakeuse) est la figure même du marginal. Ayant fait voeu de pauvreté, il vient rappeler aux nantis du football le bonheur de ne rien posséder.
Pourquoi les meilleurs films sur le foot sont ceux où on voit le moins de scènes de jeu ?
Pour une raison simplement technique. Les meilleurs comédiens sont en général de piètres joueurs de football. L’inverse est vrai aussi.
Si vous deviez faire un film entièrement dédié au football, quel sujet souhaiteriez-vous aborder ?
Plusieurs possibilités. Soit un film catastrophe en 3D sur le drame du Heysel. Soit un blockbuster hollywoodien sur la demi-finale France-RFA de Séville, avec Johnny Depp dans le rôle de Didier Six et Whoopi Goldberg dans celui de Schumacher. Soit enfin, un film intimiste sur Jérôme Rothen, truffé de faux-raccords. De toute façon, je suis un réalisateur moderne, je m’adapte à tous les styles de jeu.
Dernière question : pour ou contre le retour du but en or, histoire de mettre un peu plus de suspense ?
Pour. Et pour toujours plus de spectacle, j’irai même plus loin en instaurant la règle du but en titanium. L’auteur d’un but décisif au cours des prolongations provoque à la fois la fin du match et la fin du monde.
A voir : Pour ceux qui veulent voir Benoît Forgeard en vrai; rendez-vous vendredi 6, à Lille, pour une soirée Tatane, en ouverture de la biennale de l’Entorse. Sous le nom de Pascal d’Huez (voir sporterotism.blogspot.com), il présente avec Fred Poulet la soirée d’inauguration. Featuring Vikash Dhorasoo, Sébastien Martel, Action Discrète… Renseignements ici
Propos recueillis par David Sfez