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  • Angleterre – 6 clubs cultes dans l’ombre – Nottingham Forest

Forest en chantier

Par Régis Delanoë
Forest en chantier

Avant Brian Clough, Nottingham Forest n’existait pas vraiment. Pendant Brian Clough, Nottingham Forest est devenu une machine à gagner des titres. Après Brian Clough, Nottingham Forest est retourné dans l’anonymat. Un état des lieux irréversible ? Pas sûr, les nouveaux propriétaires du club deux fois vainqueur de la C1 ont les dents qui rayent le parquet…

En quoi c’est culte ?

Bon, déjà, on parle de Nottingham. Et Nottingham, ce n’est pas n’importe quelle ville en Angleterre puisqu’elle est irrémédiablement associée à la légende de Robin des Bois. Rien que ça déjà, c’est la classe, même s’il peut désormais venir en tête la vilaine comédie musicale du moment avec le tout aussi vilain M. Pokora dans le rôle-titre. Pensez à Kevin Costner plutôt, ça ira mieux. Ou à Russell Crowe. Ou tiens, même à Cary Elwes. Et puis ne nous éloignons pas du sujet principal et revenons au football. Forest, donc : club historique fondé en 1865, ce qui en fait l’un des plus vieux au monde mais pas le premier de la ville ! Car trois ans avant était créé Notts County, le grand rival depuis longtemps aux oubliettes (dernière saison en élite en 91-92, aujourd’hui en D3).

Le Trentside derby entre les deux clubs – dont les stades ne sont séparés que d’un fleuve, la Trent – constitue historiquement l’une des plus fameuses confrontations du pays. Rayon palmarès, les Reds de Forest se distinguent timidement pendant le premier siècle de leur existence, remportant deux fois la FA Cup en 1898 (3-1 contre Derby County) et bien plus tard en 1959 (2-1 contre Luton Town). C’est pas mal, mais pas de quoi encore en faire un club culte. La bascule de bon petit club à mythe du foot anglais intervient avec l’arrivée de Brian Clough au poste d’entraîneur en 1975. Ce n’était pourtant pas forcément gagné, le technicien, affublé de son éternel assistant Peter Taylor, sortant bien amoché d’une expérience aussi fulgurante que traumatisante à la tête de Leeds : 44 jours d’un règne où tout a merdé, joueurs et supporters acceptant mal de voir arriver celui qui leur avait donné la leçon à l’époque où il avait offert le titre à Derby County en 1972. Pour plus de détails sur cette histoire aussi rocambolesque que passionnante, vous connaissez les références : le bouquin 44 jours de David Peace et son adaptation ciné, The Damned United.

Clough débarque à Nottingham un lendemain de défaite dans le derby contre Notts County et alors que l’équipe n’évolue qu’en D2. En 1977, il atteint l’objectif fixé par ses dirigeants en la faisant monter dans l’élite. C’est déjà beau, sauf que Clough et ses ouailles ne souhaitent pas s’arrêter là : les freins sont lâchés et Forest réussit l’exploit de devenir champion d’Angleterre comme promu en 1978 ! Et comme la domination de la scène nationale ne leur suffit plus, ils s’attaquent avec succès à la plus grande des compétitions continentales, remportant la Coupe d’Europe des clubs champions en 1979 (1-0 en finale contre la muraille défensive des Suédois de Malmö). Résumons la chose : promotion en élite, premier titre national et premier titre continental en trois saisons, c’est du jamais vu. Et du jamais vu, les Reds vont encore en donner en remportant une seconde fois la C1 dès l’année suivante (invités en tant que tenants du titre, alors qu’ils terminent 2e du championnat au printemps 79, derrière Liverpool), alors que plus jamais ils ne réussiront à remporter le championnat national. C’est un cas unique d’avoir à son palmarès plus de titres continentaux que nationaux. La vidéo ci-dessous montre que ce second sacre a été arraché de haute lutte en finale contre Hambourg, avec le gardien Peter Shilton en état de grâce. Les autres hommes forts du Forest de l’époque se nomment Viv Anderson, Ian Bowyer, Martin O’Neill, Kenny Burns, John Robertson et bien sûr Trevor Francis (absent sur blessure au cours de cette finale).

Pourquoi ça a merdé ?

Monté trop haut trop vite, le Forest de Brian Clough n’a pas réussi à confirmer par la suite au cours de la décennie 80. Ses résultats n’ont pourtant pas été honteux à l’époque, loin de là, avec notamment trois places de 3e en championnat (en 1984, 1988 et 1989), deux League Cup en 89 et 90 s’ajoutant aux deux premières acquises en 1978 et 1979, une demi-finale de C3 perdue contre Anderlecht en 1984 et une finale de FA Cup perdue contre Tottenham en 1991. Lors de la saison inaugurale de Premier League en 1992/93, Nottingham Forest termine bon dernier et Brian Clough décide qu’il est temps pour lui d’arrêter. Il n’entraînera jamais plus. L’équipe remonte deux fois ensuite pour aussitôt redescendre, une dernière fois lors de la catastrophique saison 98/99 (époque Jean-Claude Darcheville et Thierry Bonalair). C’est à cette même époque que le club est racheté par Nigel Doughty, un homme d’affaires local plein de bonne volonté mais qui va multiplier les erreurs, épuisant une grosse quantité d’entraîneurs, sans succès. Forest va même s’enfoncer un temps jusqu’aux profondeurs de la League One – la D3 locale – avant de remonter se stabiliser en Championship depuis 2008. La promotion en Premier League est ensuite manquée de peu : au printemps 2010, Forest termine 3e de la saison régulière et se loupe en play-offs face à Blackpool. Depuis, le bilan n’est pas vraiment folichon : 6e (avec un nouvel échec en demi-finale de play-offs contre Swansea), 19e et 8e la saison dernière.

Où ça en est aujourd’hui ?

Les choses évoluent plutôt positivement ces temps-ci pour Nottingham Forest. Déjà, bon point, il y a des nouveaux proprios bien blindés du tiroir-caisse : une famille de Koweïtiens, les al-Hasawi, qui sont arrivés en 2012 pour succéder à Nigel Doughty (mort peu de temps après s’être mis à l’écart du business). Un projet de nouveau stade est à l’étude pour remplacer l’antique City Ground (qui date de 1998 et dont la dernière rénovation remonte à l’époque de l’Euro 96). Mais la condition sine qua non, c’est la remontée en élite. Un objectif possiblement atteignable cette saison, les Reds se situant actuellement à une 5e place synonyme de play-offs. L’équipe dirigée par l’entraîneur Billy Davies (qui était déjà en poste de 2008 à 2011 avant de se faire virer) est invaincue depuis fin novembre et n’a perdu que 4 de ses 24 premiers matchs de la saison en championnat. Quelques têtes connues : le milieu formé à Arsenal Henri Lansbury, l’Algérien Djamel Abdoun, les internationaux irlandais Simon Cox et Andy Reid… Les résultats encourageants du moment pourraient inciter les dirigeants koweïtiens à consentir un effort financier pendant le mercato hivernal pour renforcer encore l’équipe et la mettre dans les conditions de remonter enfin au printemps. Ce serait mettre fin à une anomalie : Forest est le seul club vainqueur de la C1 à ne pas évoluer dans la première division de son pays.

À suivre : Preston North End

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