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ACTU MERCATO

Footballeur français, l’Angleterre te ment

Par Swann Borsellino
Footballeur français, l’Angleterre te ment

Louis-Philippe l’a dans le boule. Deux siècles après l’Entente cordiale, la perfide Albion pille à nouveau le Royaume de France. Et le pire, c’est que la France du football aime ça, se faire posséder par des clubs qu’elle croit grands. Jamais les derniers à demander l’exil vers un pays sur lequel ils fantasment sans trop savoir pourquoi, les joueurs de Ligue 1 ont déserté l’Hexagone cet hiver pour des destinations de rêve : Newcastle et QPR. Sauf qu’après le fantasme vient la réalité.

« Aux yeux des gens en France, Newcastle n’est peut-être pas un grand club. Mais je peux vous dire que vu de l’intérieur, c’est un très grand club. » Interviewé par L’Équipe, Mapou Yanga-Mbiwa a servi ce succulent classique – ou cache-misère, c’est selon – qui glorifie la beauté intérieure et dénigre l’apparence. Vous l’avez déjà entendu, ce discours, non ? Celui d’un pote qui, la pinte à la main, vous parle de sa nouvelle meuf. Celle « un peu potelée » , mais « tellement charmante à y voir de plus près » . Cette fille qui vit d’amour intellectuel et de coups d’un soir à trois grammes, c’est Newcastle. Cet hiver, elle a du bol : en France, les grosses ont la cote.

L’Angleterre, pays surcôté pour championnat surcôté

« Mais » . Il ne s’est pas passé une seule conférence de presse sans qu’un joueur français qui a signé à Newcastle ou à QPR n’ait pas prononcé ce mot. Outre le « mais c’est un grand club » de Yanga-Mbiwa, on a eu droit à de nombreuses justifications du genre « On est mal classés, mais le club a un grand projet » ou encore « Le club est seizième, mais il est chargé d’histoire » . Et sinon, Louis Nicollin pourrait se taper Kate Upton, mais il est un peu vieux et disgracieux. Cette histoire de Newcastle, qu’un nombre important de joueurs a à la bouche, il faut dépoussiérer quelques vieux bouquins pour pouvoir la lire. Car ces dernières années, les supporters des Magpies ont souffert avec un unique titre de champion de deuxième division à se mettre sous la dent – même si, à en croire les partisans de l’Angleterre reine d’Europe, ce grandissime accomplissement pourrait bien valoir un sacre en Ligue 1. Après, oui, tirons nos chapeaux, déroulons nos tapis rouges et offrons un cochon de lait aux Anglais du Nord : ils ont été quatre fois champions d’Angleterre ! Hop, on grimpe dans la DeLorean, direction 1927, date de naissance de Juliette Greco et du dernier titre des Magpies en « First Division » . Alors bon, si t’es vraiment accroc à l’histoire, tu peux aussi signer au Stade de Reims, eux aussi, ils jouent le maintien cette année. Au fond, c’est peut-être cette Coupe en chocolat d’Intertoto qui fait de Newcastle un grand club. À force de dire ça, les gars, on va finir par croire que vous aviez des posters de Laurent Robert en centre de formation. Alors que mômes, vous vibriez tous sur l’OM de Papin, le Paris de Rai et la Serie A toute puissante.

« Non, mais tu comprends, même si tu joues le maintien, l’Angleterre, c’est quelque chose. Et puis Londres, quoi… » Apparemment, en France, vous savez, ce pays où on est fier de dire que Paris est la plus belle ville du monde et où la Place Stanislas sauve la face de l’AS Nancy-Lorraine, l’Angleterre est un pays où la vie déchire et où Londres est devenu le berceau de l’épicurisme. Des paroles de mecs qui prennent l’Eurostar une fois par an pour aller se faire un week-end shopping et se mettre un Burger King, mais celui de Tottenham Court Road hein, parce que, même si ça a rien à voir avec White Hart Lane, ça claque. Au fond, quand on lit « Rémy succombe au charme de la vie londonienne » , on voit un mec qui délaisse les cagoles du 13 pour trouver des chattes frivoles au pays des Sex Pistols. Sauf que le facteur jupe courte-résistance au froid et à l’alcool mis de côté, les filles anglaises sont au moins aussi surcotées que la Premier League.

« En Premier League aussi, il y a des matchs pourris »

Il a beau être roux et vieillissant, Mathieu Chalmé ne dit pas que des conneries. Pour se rafraîchir la mémoire, pas besoin de taper sur les faibles, il suffit de se rappeler le souvenir douloureux de ce Chelsea – Manchester City. Un 0-0 « à la française » qu’ils diraient, ces types fiers de leurs stades pleins malgré les prix abominables des abonnements et leurs errements tactiques. Car il ne faut pas s’y tromper, si dire que « la Premier League est le meilleur championnat du monde » est devenu à la mode, suivre le troupeau de bœufs n’a jamais été synonyme d’intelligence ou de romantisme. À bien y regarder, quand on supporte le côté besogneux et poussif de nombre de joueurs de Premier League, un match anglais est souvent chiant. Ça et là, on crache sur Valenciennes ou sur Sébastien Roudet, mais franchement, il va falloir arrêter avec « l’excitation » et le niveau présumé d’un Stoke City – Reading. Il y a plus de buts qu’en France ? Mouais. Mais les défenses sont nulles. Il y a du monde dans les stades ? Certes. Mais si tu veux voir des stades beaux et pleins, soit tu es bon en France et tu fais chavirer le cœur d’une ville à la recherche d’une idole, soit tu prends tes couilles et tu commences à coloniser la Bundesliga, un championnat où l’on devrait voir plus de Français, justement.

Et puis il y a les noms qui font rêver. Manchester United, Manchester City, Chelsea… Le pied d’affronter ces cadors, quand même, avec la liquette des Magpies. Mais après deux-trois gifles, le joueur français ira certainement demander à Florent Serra s’il est encore content, après dix ans de tennis, de se faire déboîter systématiquement par Federer ou Djokovic au premier tour d’un Grand Chelem. Enfin, il y a ce facteur pognon. Y a pas à tortiller, l’argent fait un peu le bonheur, quand même. Mais il faut bien comprendre que ce n’est pas parce qu’on a Marianne tatouée sur le front que l’on est un Cantona ou un Henry. Toi, le joueur français, si tu rêves d’une carrière à la Sylvain Marveaux, Ronald Zubar ou Gabriel Obertan, vas-y. Si dans quatre mois, tu veux afficher les mêmes stats qu’Alou Diarra à West Ham, vas-y. Mais dis-toi qu’en tant que Français d’Angleterre, tu seras un T-shirt chinois dans un étalage Nike, un truc acheté en gros, où on dira « Ouais, celui là, on le jette » ou « Non, on le garde » . La différence entre un produit fini, Yohan Cabaye, et une saloperie avec des défauts de fabrication, Romain Amalfitano. Pour te justifier, et puisqu’il y a toujours un « mais » , tu diras « mais c’est de la faute aux dirigeants français » . Et tu auras raison. Ce sont eux qui, à coups de mercato pourri et de manque d’égo, plombent autant la Ligue 1 que toi, qui, manquant d’ambition et d’estime de ton championnat, refuse désormais de t’aventurer chez un grand du championnat de France. De toute façon, un jour, quand le PSG et Monaco, rois d’Europe, seront autant endettés que Manchester United et Chelsea, tu diras : « Mais si, j’ai toujours respecté la Ligue 1. » Le jour où tu reviendras.

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« D’ici deux ans, le gardien de l’équipe première aura un casque »
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