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  • Allemagne – 2. Bundesliga – Avenir des clubs de l’ex-RDA

Football en ex-RDA : le mur est toujours là

Par Régis Delanoë
Football en ex-RDA : le mur est toujours là

Depuis la relégation de l’Energie Cottbus en 2009, il n’y a plus aucune présence de l’ex-RDA en Bundesliga. Et en D2 cette saison, trois des quatre clubs engagés anciennement situés à l’est du mur occupent actuellement les trois dernières places du classement. Pourquoi ce déséquilibre ? Est-il rédhibitoire ? Y a-t-il des motifs d’espoir ? Spoiler : la réponse est oui et prend deux formes : une version populo avec l’Union Berlin, une version gros sous avec le RB Leipzig. Choisis ton camp, camarade.

Oberliga : 41 saisons, basta

Un petit rappel historique s’impose pour commencer. Le football est-allemand a pris corps en 1949 sous la forme d’un championnat nommé Oberliga. Il a duré 41 saisons, jusqu’à la réunification des deux Allemagne en 1991. Dernier champion de l’histoire : le Hansa Rostock. Club le plus titré : le Dynamo Berlin. Protégé par la Stasi et financé directement par le Parti, ce dernier a remporté dix titres de rang entre 1979 et 1988… La glorieuse histoire du foot en RDA se situe plutôt au niveau des épopées européennes de trois de ses illustres représentants, engagés à chaque fois dans la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, la C2 aujourd’hui disparue : le FC Magdebourg vainqueur de l’édition 1974 (2-0 face au Milan AC), le FC Carl Zeiss Iéna finaliste en 1981 (1-2 face au Dynamo Tbilissi – drôle de casting pour une finale…) et le Lokomotiv Leipzig finaliste en 1987 (0-1 face à l’Ajax). La sélection nationale a également eu droit à quelques éphémères moments de gloire, tels la victoire face au voisin ouest-allemand à Hambourg lors de la Coupe du monde 1974 et le titre olympique acquis en 1976 à Montréal. Rien de bien fantastique mais on parle tout de même d’un football qui comptait à l’époque sur la scène internationale. Des bons collectifs façonnés à la mode communiste, avec rigueur, discipline et sens du sacrifice, d’où émergeaient quelques rares individualités : Joachim Streich, le Gerd Müller de l’Est, le gardien Jürgen Croy, Jürgen Sparwasser, le héros du match face à la RFA en 74… Puis dans les derniers temps, des joueurs qui allaient se révéler de l’autre côté du mur, une fois celui-ci tombé, tels Matthias Sammer, Andreas Thom, Ulf Kirsten ou Thomas Doll.

Chute du mur, Arrêt Bosman et gueule de bois

Si le mur de Berlin chute le 16 novembre 1989, une dernière saison d’Oberliga est organisée en 1990-1991 avant la réunification des deux championnats. Une réunification inégalement constituée, puisque seuls le champion Hansa Rostock et son dauphin Dynamo Dresde sont autorisés à intégrer la Bundesliga nouvelle formule pour la saison suivante. Au vrai, en ne retenant que des critères purement sportifs, cette répartition n’a rien de scandaleux, le déséquilibre de niveau entre les équipes de l’ex-RFA et celles de l’ex-RDA se faisant rapidement cruellement ressentir. Dès 1992 d’ailleurs, le Hansa Rostock est relégué à l’échelon inférieur. Lâchés sans tutoriel en plein monde capitaliste, les clubs est-allemands n’avaient ni les structures ni les finances pour s’adapter à cette nouvelle donne à laquelle ils étaient confrontés. Surtout que dans les mêmes années, il y a eu l’arrêt Bosman et ses conséquences sur la libéralisation plus forte encore du football… Les équipes de l’Est, déjà globalement moins bonnes qu’à l’Ouest, ont vu partir leurs meilleurs joueurs sans pouvoir assurer un renouvellement de talents, la faute à un système de formation vétuste et inadapté. Depuis 1991, seuls quatre clubs est-allemands ont connu l’élite : le Dynamo Dresde (quatre saisons), le VFB Leipzig (une saison), Hansa Rostock (douze saisons) et l’Energie Cottbus (six saisons). La meilleure performance est à mettre à l’actif du Hansa Rostock, qui se classa deux fois 6e en 1996 et 1998. La dernière saison du Hansa en élite remonte à 2008. Un an plus tard, l’Energie Cottbus tombait à son tour. Depuis, il n’y a plus jamais eu de clubs est-allemands en Bundesliga.

Aujourd’hui, un cri d’alarme

Le territoire couvrant l’ex-RDA compte actuellement 16 millions d’habitants mais ne possède donc aucun club en élite. Sur les 56 clubs pros d’Allemagne, il n’en existe que 9 au-delà de l’ancien mur et tous ou presque sont en galère. La 2. Bundesliga, la D2 locale, redémarre ce weekend après une longue trêve hivernale, avec quatre représentants de l’ex-Allemagne de l’Est. Seul l’Union Berlin, actuel 5e, fait bonne figure. Les trois autres occupent… les trois dernières places : Erzgebirge Aue, 16e, Dynamo Dresde 17e, et l’Energie Cottbus, totalement largué à la 18e place. Récemment dans le quotidien Die Welt, le président d’Hallescher FC, petit club de 3e division situé dans la ville de Halle, s’est ému de ce déséquilibre qui persiste et qui tend même à se creuser entre le football de l’Est et son homologue de l’Ouest. Il a émis le souhait que soit mise en place une aide financière exceptionnelle pour combler ce retard, une idée immédiatement rejetée par les instances du football allemand. Dès lors, il y a peu de motifs d’espoir, le modèle économique des clubs allemands semblant actuellement et pour longtemps inadapté aux clubs d’Allemagne de l’Est, qui ne peuvent pas compter sur le soutien financier d’une grosse entreprise (comme c’est le cas avec Bayer et Leverkusen ou Volkswagen avec Wolfsburg), aucune n’ayant son siège social dans cette partie du pays. Avenir, alternative 1 : l’Union Berlin

Dès lors, est-ce complètement utopique de voir un club issu de l’ex-RDA s’incruster en Bundesliga dans un avenir proche ? Pas forcément. Il existe deux sérieux motifs d’espoir et le premier s’appelle Union Berlin. Autrefois barré par le tout puissant Dynamo Berlin, le club des prolos du quartier industriel d’Oberschöneweide est devenu depuis quelques saisons une valeur sûre de la 2. Bundesliga et peut légitimement viser plus haut désormais. Les moyens financiers sont certes modestes mais le soutien populaire est grand et peut permettre de soulever des montagnes. En 2008, les supporters ont mis une main au portefeuille et l’autre dans le sac de ciment pour aider à la rénovation du vieux Stadion An der Alten Försterei, histoire que le club garde sa licence que la fédé menaçait de retirer. 7e au printemps 2012, encore 7e l’année suivante, l’Union occupe actuellement la 5e place avec 32 points, deux de moins que l’actuel 3e et barragiste Kaiserslautern. L’effectif compte un Français, Marc Pfetzel, une idole, Torsten Mattuschka, et un international slovaque, Adam Nemec.

Avenir, alternative 2 : le RB Leipzig

Le second motif d’espoir n’évolue actuellement qu’en troisième division mais a les dents qui rayent le parquet. Son nom : Rasen Ballsport Leipzig. Les initiales « RB » , les couleurs rouge, blanche et jaune, ainsi que le logo avec deux taureaux laissent peu de place au doute. On a bien affaire ici à un des joujoux de Dietrich Mateschitz, le big boss autrichien de la fameuse boisson énergétique, déjà propriétaire du Red Bull Salzbourg et des New York Red Bulls, entre autres. C’est en 2009 que Red Bull a racheté un modeste club de la banlieue de Leipzig, le SSV Markranstädt, avec dans l’idée de s’immiscer dans le prolifique marché du football allemand. Mateschitz s’était donné 8 à 10 ans pour voir son club accéder à la Bundesliga et il est pour l’instant dans les temps. Le RB Leipzig a débuté en D5 la première saison, puis s’est stabilisé trois saisons en D4, avant d’intégrer la D3 depuis l’été dernier. Pour sa première saison en pro, le promu se débrouille plutôt très bien, avec une 2e place actuelle synonyme, si elle se confirme, de nouvelle montée en fin de saison. Leipzig a tout pour réussir son pari : le généreux soutien financier de la firme autrichienne et un très beau stade de 44 000 places, rénové au moment de la Coupe du monde 2006 et récemment renommé… Red Bull Arena. Le profil du RB Leipzig est certes moins sympa et plus factice que celui de l’Union Berlin mais il paraît le plus à même de s’imposer en élite dans les prochaines saisons. L’avenir le dira.

Dans cet article :
« Pour Lucas, le foot, c’est une communion »
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