Foot : les 5 travaux de Najat Vallaud-Belkacem

1 – La Coupe du monde au Brésil

Dès le soir de sa nomination, Najat Vallaud-Belkacem s’est baladée dans les tribunes VIP du Parc des Princes pour assister à la victoire de Paris sur l’ogre Chelsea. Elle a dû se dire que, finalement, ce petit rajout à la liste de ses attributions comportait malgré tout quelques avantages. Même si essuyer les vannes de Pierre Ménès en guise de baptême du feu est plus qu’un inconvénient. Et, prochainement, elle se rendra à coup sûr au Brésil apporter le soutien de la République aux Bleus, Hollande ne prenant sûrement pas le risque de pointer son nez avant les quarts (s’il y a lieu). Cela devrait n’être que du bonheur. Pour le coup en effet, il existe peu de chance qu’elle se retrouve en situation délicate, à l’instar de Roselyne Bachelot, contrainte de jouer à la Mère Morale face aux « caïds » de 2010, ou des aléas de communication de Samir Nasri lors de l’Euro 2012. Valérie Fourneyron s’en souvient encore ! On peut donc déjà lui souhaiter un bon voyage, en lui conseillant surtout de consulter les bons sites pour réserver son hôtel, contrairement à Rama Yade. L’heure est paraît-il à la réduction des déficits publics…

2 – L’Euro 2016

En sera-t-elle encore ? Une nouvelle défaite aux régionales en 2015 risquera peut-être de provoquer un nouveau remaniement et le sport de finir rattaché aux affaires étrangères, ministère qui serait par exemple confié à Jean-Vincent Placé (les Verts peuvent revenir après tout, non?). En tout cas, les dossiers des stades, de la sécurité, de l’organisation, de « l’ambiance » et surtout l’attente fébrile d’un succès à domicile constitueront autant de points de pression politique – surtout de la part d’un Président avide d’embellie sur le front de sa popularité – qui risquent d’alourdir son agenda. Ce sera aussi l’occasion de visiter toutes ces belles villes ayant basculé à droite (Toulouse, Saint-Étienne…), où les « perdants » du PS passés dans l’opposition municipale (et donc privés de la fête) attendront sûrement les représentants du gouvernement avec beaucoup de reconnaissance…

3 – Loi sur le sport

Ce grand chantier laissé sur la table par Valérie Fourneyron était annoncé pour juin. C’est un peu le passage obligé de tout bon ministre qui se respecte, qui, d’Edwige Avice à Marie-Georges Buffet, ont laissé par ce biais législatif – il n’y a plus d’argent de toute façon – leur trace. L’exercice sera périlleux, surtout que Denis Masseglia, président du CNOSF, profitant de l’affaiblissement de l’exécutif, avait sonné le tocsin des fédérations sportives (enfin de celles qui se rangent derrière lui) contre le texte. Depuis, il a fait part par courrier auprès des membres de cette noble institution de son intention de suspendre cette démarche par « courtoisie » envers Najat Vallaud-Belkacem. Certes, le foot, empire autonome au royaume du sport, se sent peu concerné, bien que quelques points comme la tutelle de l’État ou encore la place des collectivités territoriales puissent le toucher à la marge. Et pourquoi réintroduire certaines propositions du rapport sur le « foot durable » ? Ségolène Royal est entrée au gouvernement à l’écologie pour enterrer l’éco-taxe…

4 – Le foot féminin

Vous ne le savez sûrement pas, mais le plan de féminisation du football défendu bec et ongles par Noël Le Graët vient de subir un cinglant revers. Il a été en quelque sorte retoqué à plus de 70% en assemblée générale par la Ligue du Football Amateur, qui a rejeté le « label jeune » imposant notamment des minima d’effectifs filles pour son attribution, ouvrant droit à des aides financières. Devant ce « conservatisme » du « foot pour tous mais sans elles » , nul doute que Najat devra relever les manches pour aller, en ministre des Droits des femmes, convaincre les clubs locaux, qui vont d’un autre côté bientôt découvrir les joies des restrictions de subventions des mairies issues de la vague bleue.

5 – Les supporters

Dernier point et non des moindres, les supporters. Alors que la LFP vient de rendre un rapport indiquant que le public des stades compte sur les ultras et autres associations de supporters pour mettre l’ambiance, dans le même temps, la logique répressive tous azimuts et sans distinction semble se poursuivre. La même LFP a ainsi décrété deux matchs à huis clos à Chaban_Delmas, pendant que se multiplient les interdictions de déplacement par décrets (les Stéphanois à Lyon, des Bastiais à Nice). Même un match de CFA entre Valence et Grenoble se trouve annulé, faute de moyens policiers suffisants, réalités auxquelles répondent par exemple les auto-dissolutions de groupes ou encore le boycott du Parc par les Rémois samedi. Ajoutez le retour de la violence au centre de Paris entre indeps parisiens et gars de Chelsea, et le tableau sur ce front du « foot populaire » ne cesse de s’assombrir. Dans ce climat tendu, et avec un Premier ministre, Manuel Valls, pas particulièrement enclin au dialogue, Najat Vallaud-Belkacem saura–t-elle écouter d’autres voix, comme certaines des préconisations dans le rapport de M. Jean Glavany ? Ou continuera-t-elle de considérer que tout cela n’est qu’affaire de police, à confier à Bernard Cazeneuve le plaisir de faire tourner la machine à IAS et autres arrêtés préfectoraux ? Nous en revenons peut-être au second point, il faut préparer l’Euro…