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Fonte, le Portugais qui a trouvé bonheur en Angleterre
Capitaine discret de Southampton, José Fonte est aujourd'hui reconnu comme l'un des meilleurs défenseurs centraux du championnat anglais. Formé au Sporting et passé par Benfica, il n'a jamais pu s'imposer au Portugal, faute d'opportunités. Retour sur le parcours valonné du plus anglais des Portugais.
Ce n’est pas le Ballon d’or de Cristiano Ronaldo ni même un titre officiel, mais c’est déjà pas mal. À 31 ans, José Fonte a été désigné comme l’un des deux meilleurs défenseurs centraux de la première moitié de saison en Premier League par la chaîne Sky Sports. Son intelligence, sa régularité et son habileté technique sont autant de qualités qui lui ont permis de siéger aux côtés de John Terry, premier du même classement. Mais si Fonte est un inconnu pour bien du monde hors du Royaume (y compris au Portugal), il n’est pas devenu subitement l’un des meilleurs centraux d’Angleterre. Au terme de la saison 2013-2014, il affichait déjà des statistiques impressionnantes : 60% de duels remportés (dont 71 à domicile), près de quatre interceptions par match et 85% de passes réussies en moyenne. Pour un défenseur central, cette dernière statistique n’est pas anodine, d’autant que 75% des passes entreprises par le joueur formé au Sporting (un de plus) sont verticales. C’est peu dire qu’il est aujourd’hui un joueur taillé pour le football anglais. Il faut savoir que le bougre en est déjà à sa cinquième année à Southampton, et à sa huitième sur les terres de la reine…
Rejeté par Ronald Koeman…
Aujourd’hui, José Fonte savoure. « J’ai traversé des années de souffrance » , avouait-il sur le site portugais Maisfutebol. Avant d’être reconnu comme l’un des meilleurs défenseurs de Premier League, le natif de Penafiel est passé par le centre de formation du Sporting, puis par l’équipe B. Il n’a en revanche jamais pu porter le maillot de l’équipe première. En proie au doute, il n’est à ce moment pas loin de tout plaquer. C’est là qu’un homme, l’entraîneur Norton de Matos, lui fait confiance et l’amène dans ses valises à Salgueiros, puis à Setúbal. Dans ces deux clubs, il connaît salaires impayés et précarité de l’emploi, mais joue suffisamment bien pour que Benfica le repère. Un an et demi après son départ du Sporting, il signe donc à la Luz. Fini les terrains pourris, les infrastructures en ruines, les salaires en retard. Et bonjour le banc.
Arrivé en janvier 2006 comme renfort hivernal, il a été complètement ignoré par l’entraîneur de l’époque, un certain Ronald Koeman, lequel ne lui a donné aucune chance de s’illustrer chez les aigles. « J’étais triste qu’on ne me donne pas d’opportunités, mais je comprenais. Le coach n’avait eu aucune influence sur mon transfert et l’on ne s’était pas croisés avant mon arrivée » , relativise aujourd’hui Fonte dans les colonnes de l’Expresso. Après un an et demi de prêt à Paços de Ferreira, puis à l’Estrela de Amadora, le Portugais opte pour l’Angleterre. Direction Crystal Palace (alors en Championship), dans un premier temps en prêt, puis définitivement après une saison convaincante. Sa carrière ne décolle toujours pas, mais au moins l’argent est là. C’est d’ailleurs pour assurer son avenir qu’il accepte de descendre d’un échelon en 2010, lorsque Southampton l’approche dans le but d’amorcer son projet de reconquête.
… puis adopté
Cette fois, le pari est gagnant. Le Lusitanien s’impose rapidement comme l’un des capitaines des Saints et participe à la renaissance du club, avec lequel il a su progresser. Mieux, il parvient à tenir son poste malgré la concurrence et l’arrivée de Ronald Koeman sur le banc. Cette fois-ci, le Hollandais ne passe pas à côté du talent portugais et décide même de lui offrir le brassard, convaincu par sa qualité de meneur et son professionnalisme. Car José Fonte est un gros bosseur. Un peu trop même. Au mois de septembre, alors que Koeman avait octroyé une journée de repos à ses joueurs au lendemain d’un match de Capital One Cup face à Arsenal, le capitaine s’est permis de contacter son boss pour faire état de son désir de supprimer ce jour de récupération pour s’entraîner. « Cela ne m’était jamais arrivé auparavant… Je lui ai dit que je devais faire des choses avec ma femme, mais on a quand même fini par faire cette séance de récupération » , racontait alors le manager de Soutahmpton. Aujourd’hui, la relation entre les deux hommes est tellement bonne que l’on se demande comment ils ont pu se rater à Benfica. Et si les supporters de Southampton doivent sûrement être heureux que leur boss ait recalé son actuel capitaine il y a neuf ans à Benfica, les Portugais, eux, sont forcément déçus. Et le fait de le voir être enfin appelé en équipe nationale ne les soulage qu’à moitié, car José a déjà 31 ans et a passé ses plus belles heures à cirer le banc des grandes écuries lusitaniennes. Comme trop de ses compatriotes sacrifiés sur l’autel de l’importation de Sud-Américains en Liga Sagres…
Par William Pereira