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Gasperini-Retegui : l’amour ouf
Depuis son arrivée inattendue à l’Atalanta en août dernier, Mateo Retegui est sur un nuage. Meilleur buteur de Serie A avec 11 buts en 12 matchs, l’Italo-Argentin est passé entre les mains du génie Gasperini. Comme d’autres avant lui, avec un résultat garanti.
Certains disent que le hasard fait bien les choses, d’autres évoquent le mektoub ou le destin. Au début du mois d’août 2024, Matéo Retegui voit justement son destin propulsé à vitesse grand V. Alors que l’Italo-Argentin prépare sa deuxième saison avec le Genoa et accessoirement en Italie, un coup du sort arrive de Bergame : Gianluca Scamacca, son compatriote en sélection, se rompt les ligaments et est contraint de s’éloigner des gazons pour au moins six mois.
À moins de deux semaines de la reprise du championnat, ça la fout mal pour Gian Piero Gasperini et les dirigeants bergamasques, qui se retrouvent alors privés de leur Capocannoniere de la saison dernière. À peine le temps de réfléchir que l’Atalanta lâche un all-in sur Retegui, pour un montant de 22 patates. Une somme conséquente pour un joueur encore loin de faire l’unanimité et un pari risqué, sauf pour Gasperini. « Je l’ai suivi la saison dernière, je suis persuadé que c’est un joueur qui correspond à notre jeu et qu’il peut parfaitement s’adapter », déclarait le vainqueur de la Ligue Europa lors de la venue de son nouveau poulain, face à la presse. Si certains émettent des doutes, le Mister sait quant à lui qu’il a dans ses mains un diamant à polir.
Gian Piero le gourou
Luis Muriel, Duvan Zapata, Gianluca Scamacca, Marco Borriello, Jeda… Tous ces attaquants sont passés dans la machine Gian Piero Gasperini, pour en ressortir métamorphosés. Le dernier cité ne pèse pas ses mots, lorsqu’il s’agit d’évoquer le Gasp. « C’est de loin le meilleur entraîneur que j’ai eu dans ma carrière, il a révolutionné ma manière de voir le jeu », tease l’attaquant italo-brésilien qui a évolué sous ses ordres pendant une saison à Crotone (2005-2006), alors en Serie B. Même son de cloche pour Marco Borriello, l’ancien international italien réalisant une saison tonitruante au Genoa où il est prêté lors de la saison 2007-2008 (12 buts en 28 matchs) : « Je dois beaucoup à Gasperini, il m’a énormément apporté au niveau tactique et technique. C’est quelqu’un qui arrive à vous convaincre, à créer une émulsion dans un groupe. Cette saison-là, j’aurai même pu finir meilleur buteur du championnat. »
Tel un gourou, Gasperini est réputé pour sa capacité à convertir ses (futurs) disciples à son culte fait de pressing intense, de marquage individuel et de transitions rapides. Pour mener à bien sa mission, le Gasp accorde une importance majeure à ses attaquants, « les éléments clés de son système » comme il les présente lui-même. « Il parvient à maximiser le potentiel d’un joueur, mais toujours pour le collectif. Pour un attaquant, c’est un plaisir immense, car tu marques des buts et tu prends confiance. Mais il compte aussi sur toi dans le jeu, sur les phases défensives. Pour lui, le plus important, c’est ton rendement sur le terrain », argumente Borriello.
S’adapter à une certaine exigence
Si Mateo Retegui disposait déjà de caractéristiques concordantes avec le style Gasperini, notamment sa capacité à multiplier les efforts ou à être un attaquant mobile, le tacticien bergamasque voit de son côté d’importants axes d’amélioration. Particulièrement au niveau de la science du foot, comme l’explique le principal l’intéressé : « J’adore sa vision du football, il a réussi à me faire progresser. Surtout dans l’intelligence de jeu, et dans ma lecture des matchs. Il est très exigeant, il me montre souvent des vidéos de mes déplacements et cherche à les corriger… Toujours dans un esprit d’amélioration et de progression. J’ai très envie d’apprendre. » Une vision de jeu améliorée lui permettant d’être souvent dans les bons coups, tout en gardant sa létalité devant la cage qui fait de lui le meilleur buteur de Serie A avec onze pions en douze matchs.
Courir, mais courir bien : voilà la principale exigence de Gasperini. « Gasperini est sûrement, avec Conte et Zeman, l’entraîneur le plus exigeant que j’ai eu au cours de ma carrière. Courir et être toujours en mouvement, c’est son mot d’ordre. Lorsque tu arrives à comprendre ça et à l’accepter, alors c’est un plaisir immense sur le terrain », note Marco Borriello, toujours très proche de Gasperini et qui lui aurait même suggéré de faire venir Zaniolo l’été dernier. Si bien qu’en à peine trois mois, Gian Piero Gasperini a transformé son nouveau numéro 32. Jusqu’où ?
Mission 2026 ?
Intraitable depuis le début de saison, Mateo Retegui n’en finit plus de s’attirer les louanges de toute la Botte. Laquelle voit finalement en lui l’élu, l’attaquant que la Nazionale attend depuis tant d’années. Une progression saisissante, pour un joueur dont la venue en sélection il y a maintenant un an et demi était considérée comme l’énième preuve de déclassement du football italien. Après une saison d’adaptation au championnat transalpin du côté du Genoa, Retegui semble donc bel et bien avoir pris son envol du côté de l’Atalanta.
La prochaine étape pour l’international italien, et pas des moindres, est de s’imposer comme le numéro 9 en puissance de la Nazionale. Un challenge loin d’être évident, selon Jeda : « Outre la pression liée au fait de jouer pour son pays, c’est aussi de nouvelles exigences tactiques que demande Spalletti. Retegui s’est parfaitement adapté à ce que demande Gasperini, le plus dur est de ne pas devenir un joueur pro-Gasperini et incapable de s’adapter à un autre football. » C’est tout le challenge qui attend le plus argentin des Italiens.
✨ RETEGUI CON IL 🥄#VeneziaAtalanta | @Atalanta_BC pic.twitter.com/N7xlAnyBqy
— Lega Serie A (@SerieA) October 21, 2024
Par Tristan Pubert
Propos de Jeda et Borriello recueillis par TP