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Florin Raducioiu : « La Marseillaise me donne des frissons »

Propos recueillis par Valentin Pauluzzi
9 minutes
Florin Raducioiu : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>La Marseillaise me donne des frissons<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Avant-centre phare de la formidable génération roumaine des 90’s, Raducioiu avait conclu sa carrière dans le championnat français entre Monaco et Créteil. Très attaché à l’Hexagone, il fait le point sur le football roumain, une situation alarmante qui n’égratigne pas un enthousiasme contagieux à l'autre bout du fil.

Salut Florin, qu’est-ce que tu deviens ?Après ma retraite, j’ai profité de ma famille à Monaco, j’avoue ne pas avoir foutu grand-chose jusqu’en 2010, j’ai fait le papa et profité de la vie.

Pour devenir coach, être un ancien footballeur ne suffit plus, il faut avoir un réseau, entretenir ses connaissances.

Cela m’a fait sortir des radars du monde du foot et c’est du coup très compliqué d’y revenir. Là maintenant je vis à Brescia d’où est originaire ma femme, j’ai bien passé mes diplômes d’entraîneur à Coverciano, mais il y en a 30-40 qui sortent par promo. Il n’y a pas de place pour tout le monde. Être un ancien footballeur ne suffit plus, il faut avoir un réseau, entretenir ses connaissances. Je suis encore jeune et cela ne me dérange pas de commencer d’en bas, mais je ne trouve personne qui veut m’accorder sa confiance.

Il y a quand même eu cette expérience avec les U17 roumains.Il y a deux ans avec la génération 1998 que j’ai qualifiée pour le second tour des éliminatoires de l’Euro. Mon contrat arrivait à son terme et le nouveau président Ravan Burleanu n’a pas voulu me prolonger sous prétexte que je faisais partie de la vieille garde de son prédécesseur Mircea Sandu, un grand ami de Platini par ailleurs.

Tu ne seras pas au match ce vendredi soir ?Non et j’ai pourtant été invité par ma Fédération, mais le fait est qu’à l’heure actuelle, je devrais être à Téhéran où il y a une Milan Academy (il a porté le maillot des Rossoneri lors de la saison 1993-94, ndlr). Un ami et homme d’affaires iranien voulait que je prépare une équipe de U15 pour la Norway Cup sauf que ça fait 10 jours que je vais au consulat sans réussir à obtenir de visa ! Et évidemment, c’est maintenant trop tard avoir des billets pour le match d’ouverture.

Vu que tu bossais au sein de la fédé jusqu’à il y a peu, où en est le foot roumain ?Alors, on ne peut pas se comparer à la France, car nous n’avons pas ses moyens.

Beaucoup d’agents et de dirigeants roumains sont en prison pour évasion fiscale. Le football paye vraiment cette perte de crédibilité.

Cependant, nos meilleurs clubs ont été dirigés par des présidents complètement incompétents qui avaient juste envie de se mousser. Un vrai désastre. En outre, la Fédération n’a pas investi dans les centres de formation. Beaucoup d’agents et de dirigeants sont en prison pour évasion fiscale, les autorités roumaines ont fait un sacré travail. Le football paye vraiment cette perte de crédibilité, à tel point que le handball est en train de devenir plus populaire auprès des jeunes.

Il y a bien des réformes de prévues ?Malgré les différends que j’ai eu avec lui, je dois dire que le nouveau président essaie de changer les choses, et ce n’est pas simple d’agir au milieu des conservateurs. Il a par exemple fondé trois centres d’excellence amateurs dans trois importantes villes roumaines, c’est un début. Il a aussi créé un comité éthique pour répondre aux problèmes des nombreux matchs arrangés. Le point noir restant le championnat, c’est un bordel monstre.

Pour revenir à ce France-Roumanie, cette sélection roumaine va-t-elle vraiment tout miser sur la défense ?Elle n’a encaissé que deux buts en qualifications, mais sans vouloir diminuer cette performance, il faut voir qui elle a affronté.

La Roumanie n’a encaissé que deux buts en qualifications, mais sans vouloir diminuer cette performance, il faut aussi voir qui elle a affronté…

J’ai du mal à cerner cette équipe, les joueurs jouent dans des championnats exotiques avec des équipes aux noms imprononçables, certains ne sont même pas utilisés. La seule garantie est Tătăruşanu, le portier de la Fiorentina, mais il aura beaucoup de boulot. Ce qui est certain, c’est que la Roumanie se défendra sur trois lignes, elle ne peut pas imposer son propre jeu et cherchera à faire mal en contre-attaques voire sur coups de pied arrêtés.

Devant, qui peut faire la différence : Keșerü, Torje surnommé le Messi roumain ?Le premier évolue en Bulgarie, le second est sur une phase descendante, mais si vous leur concédez un peu de terrain et qu’ils s’approchent du but, ils peuvent faire mal, ils ne sont pas maladroits ! Je lis la presse, les joueurs sont assez confiants et pensent faire du mieux possible, mais ce sera très compliqué. Disons que la France peut être crispée par la pression de jouer à domicile et payer un certain manque d’expérience, mais elle gagnera à 90%.

Vu ton discours, on en déduit que la valeur sûre est Iordănescu.C’est un peu le sauveur de la patrie, un bon psychologue, qui étudie bien les matchs et sait ce qu’il fait, seulement voilà, ce sont les joueurs qui entrent sur le terrain. Iordănescu était déjà là en 1994, mais il avait d’autres footballeurs à disposition qui évoluaient dans les grands championnats européens. Je suis et resterai toujours roumain, mais les joueurs d’aujourd’hui ne me donnent pas… (il cherche ses mots) Comment dire…

Peut-être qu’on a tout simplement été trop bien habitué avec ta génération, non ?

La génération 94 était particulière et unique, j’aimerais que d’autres fassent mieux que nous, mais je ne suis pas serein.

C’est vrai, ça me fait toujours plaisir quand on parle de nous, en Roumanie, on nous appelle la « generație de aur » , mais il ne faut pas non plus vivre dans la passé, la presse fait parfois des comparaisons insensées. C’était une génération particulière et unique, j’aimerais que d’autres fassent mieux que nous, mais je ne suis pas serein, ces joueurs n’offrent aucune garantie, même si dans le foot, tout est possible.

Comment expliques-tu que cette génération dorée ait autant marqué les esprits hors de Roumanie ?Nous étions un groupe fantastique, très solidaire, j’imagine que le niveau technique a impressionné. On ne craignait personne. Et puis posséder un joueur comme Hagi nous rendait plus fort, il était un vrai problème pour nos adversaires qui appréhendaient sa présence avant le début de la rencontre et partaient ainsi avec un handicap psychologique. C’était le même modèle avec nos voisins bulgares et Stoitchkov. D’ailleurs, la décadence de nos deux pays est similaire, puisque la Bulgarie a aussi disparu du panorama européen. C’est inquiétant, d‘autres nations comme la Lituanie, l’Estonie qui ont deux millions d’habitants ont effectué de grands investissements et nous dépassent en matière d’infrastructures, de méthodologie, etc. Les temps ont vraiment changé.

Après ce Mondial 94, France et Roumanie s’affrontèrent trois fois entre qualifs et phase finale de l’Euro, tu imaginais que les Bleus allaient rapidement tout gagner ?Personnellement oui, je connaissais déjà Desailly au Milan, je comprenais qu’un gros truc était en train de naître. C’était surtout la force physique, la rapidité et la concentration qui impressionnaient, techniquement ils étaient doués, mais ce n’était pas non plus leur point fort. La France m’a toujours intimidé, rien qu’à entendre la Marseillaise j’avais des frissons. En fait, j’ai toujours voulu être français !

À tel point que tu es venu y finir ta carrière, d’abord à Monaco.Une très belle expérience dont je parle volontiers, je dois remercier Puel qui m’avait voulu en janvier 2001, j’avais prolongé car j’étais persuadé qu’il resterait et là, bim, il se fait virer pour faire place à Deschamps !

Deschamps est un excellent coach, mais je n’ai pas un grand souvenir de l’homme, il m’a déçu humainement.

Didier est arrivé et a voulu former son groupe en faisant table rase des anciens, du coup, il vire Jugović, Bierhoff, Simone, Panucci, moi. C’est un excellent coach, mais je n’ai pas un grand souvenir de l’homme, il m’a déçu humainement tout comme j’ai pu le décevoir dans ma façon de jouer au foot, hein. Il me disait une chose et en faisait une autre, ce n’était pas cohérent. Malgré tout, je conserve un bon souvenir, Monaco est un club très bien organisé et je me suis fait des potes comme Simone et Panucci et ai connu Bierhoff, un mec fantastique et un grand professionnel.

Et cette pige à Créteil en Ligue 2 ?C’était pour rendre service à mon pote Patrick Blondeau qui était capitaine et l’ami du président. J’étais sans club depuis plus d’un an, j’avais 34 ans, j’ai essayé de faire ce que j’ai pu, je n’ai pas été terrible mais on s’est sauvé. Et puis, c’était une expérience enrichissante, j’ai vu une autre facette de la France, celle des banlieues parisiennes.

La Roumanie est considérée comme le plus francophile des autres nations, c’est toujours le cas ?Bien sûr, le peuple roumain a toujours été un grand admirateur de la langue et de la culture française. Je me souviens d’une visite officielle de Mitterrand, j’avais 8 ans, l’école nous avait emmenés le voir, c’était super. Et puis le foot français est très apprécié, le championnat est suivi, le Roumain sait par exemple tout ce qu’il se passe au PSG.

Tu es toujours le seul joueur à avoir marqué dans les cinq championnats majeurs ?

Avoir joué dans les cinq grands championnats, c’est un beau record, j’aime bien qu’on me le rappelle car il me correspond bien.

Je crois que j’ai été rejoint par un Danois ou un Suédois, il faut que j’aille checker sur Internet (le Danois Christian Poulsen qui a joué à Schalke, Séville, Liverpool, la Juventus et Évian, ndlr). C’est un beau record, j’aime bien qu’on me le rappelle car il me correspond bien, j’ai toujours aimé voyager, j’ai des amis partout et je parle plusieurs langues !

Pour finir, tu n’aurais pas un conseil régime à proposer à Moldovan ?(rires) T’as vu ça ? Déjà je lui souhaite bonne chance pour l’Euro vu qu’il est adjoint, puis aussi pour sa nouvelle expérience à la tête d’une équipe mythique comme Auxerre dont la place est en Ligue 1. Faudrait qu’il perdre 7 ou 8 kilos car entraîner signifie être sur le terrain, participer à des 5 contre 2, voire courir avec ses gars. Remarque, le seul fait d’être coach devrait le faire fondre puisque c’est un boulot très stressant !

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Propos recueillis par Valentin Pauluzzi

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