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Florian Thauvin, avant qu’il ne soit trop tard

Par Clément Gavard
Florian Thauvin, avant qu’il ne soit trop tard

Florian Thauvin a connu sa première titularisation en équipe de France, jeudi dernier, face à l’Islande (2-2). Le Marseillais n’est pas parvenu à saisir la belle opportunité en livrant une prestation assez quelconque, à l’image de celle des Bleus. Le symbole du plafond de verre que l’attaquant peine à briser.

« Si elle est dedans, c’est pareil. » Le genre d’expressions toutes faites qu’on a pu avoir sur le bout de la langue à la 52e minute de France-Islande, jeudi soir. Le moment choisi par Florian Thauvin pour dégainer sa spéciale : repiquer dans l’axe sur son pied gauche pour envoyer une frappe puissante. Sauf que le tir de l’attaquant marseillais n’a pas fait trembler les filets, il a seulement effleuré la barre transversale de la cage gardée par Rúnar Alex Rúnarsson. L’unique frisson dans une partie assez terne livrée par le Marseillais, sûrement crispé pour sa première titularisation. Parfois remuant sur le côté droit, il a eu beaucoup de déchets dans son jeu et n’a pas réussi à créer des automatismes avec ses compères du secteur offensif (Dembélé, Griezmann, Giroud), avec lesquels, à sa décharge, il n’a pas l’habitude de jouer. « Pour Florian, c’était une première titularisation et il tombe sur un match où l’équipe n’est pas très bien également » , a tempéré Didier Deschamps après la rencontre à Guingamp. En attendant, c’est « Flotov » qui doit être frustré de ne pas avoir profité de l’occasion de montrer à tout le monde qu’on ne pouvait pas seulement le résumer à un excellent joueur de Ligue 1.

Un bon mec chez les Bleus

Face à l’Islande, Thauvin a quasiment doublé son temps de jeu en sélection en restant sur le terrain pendant près d’une heure. Avant cette première titularisation, le joueur de 25 avait dû se contenter de cinq apparitions, à chaque fois des tout petits bouts de matchs, parfois même une poignée de secondes comme face à l’Argentine (4-2), quand il avait remplacé Kylian Mbappé à la 89e minute, lors du huitième de finale de Coupe du monde. Le seul match auquel il a participé en Russie. Difficile de prouver quoi que ce soit ou de tisser une relation technique avec ses partenaires en aussi peu de temps passé sur le terrain. Mais voilà, depuis sa toute première cape, le 2 juin 2017, lors du large succès de l’équipe de France contre le Paraguay (5-0), Thauvin s’est fait une place dans le groupe de Didier Deschamps. C’est simple, le natif d’Orléans a systématiquement été convoqué par le sélectionneur depuis le rassemblement du mois de mars 2017. Un bon début, même s’il peine désormais à passer la vitesse supérieure sur le rectangle vert. « Comme compétiteur, il y aura toujours un petit manque, avait-il concédé au Parisien en septembre à propos de son faible temps de jeu au Mondial. J’ai envie d’être sur le terrain, d’aider mon équipe. Après, on a la chance de figurer parmi les 23. Il faut savoir mettre sa fierté et son envie de côté et respecter les choix du sélectionneur. »

De sages paroles qui illustrent parfaitement le statut de Thauvin chez les Bleus, celui du bon mec de service. Une impression confirmée par ses coéquipiers, souvent élogieux envers l’attaquant formé à Grenoble. Deschamps aime d’ailleurs rappeler après chaque question concernant le Marseillais à quel point c’est un bon gars. « Au niveau de l’attitude et du caractère, dans un groupe, c’est quelqu’un d’exceptionnel, ce qui lui donne du crédit » , avait-il précisé au moment de livrer sa liste des vingt-trois pour le Mondial. Mais l’ancien Bastiais ne porte pas le maillot tricolore seulement parce qu’il est sympa, il ne faut pas se tromper. Derrière le bon mec, il y a également un bon joueur de ballon au profil très apprécié par le sélectionneur. « C’est un spécialiste du côté droit, il offre une option différente en étant ailier sur son faux pied(il est gaucher, N.D.L.R.), capable de faire pas mal de misères à beaucoup de latéraux gauches » , avait jugé Deschamps en mai dernier. Seulement, le côté droit appartient désormais à l’indéboulonnable Mbappé. Alors, Thauvin doit-il se résigner à rester un coiffeur en équipe de France ?

Aller plus haut

Pour prétendre à devenir un supersub chez les Bleus – à défaut de s’imposer comme un titulaire en puissance –, Thauvin va devoir casser cette image de joueur peu décisif dans les grands matchs. Depuis son retour en prêt à l’OM en juillet 2016, avant d’y revenir définitivement un an plus tard, l’ailier affiche des statistiques affolantes (48 buts et 33 passes décisives toutes compétitions confondues), sans toujours parvenir à tirer son épingle du jeu dans les grands rendez-vous. Son grand défi de cette saison 2018-2019 réside sûrement ici : briller contre les gros. Ce qu’il a fait début septembre face à Monaco – loin d’être un cador actuellement, c’est vrai – en sonnant la révolte avec un pion et une offrande après son entrée en jeu. Pas de doute, l’international français sait marcher sur la Ligue 1. Seulement, Thauvin n’a plus goûté à la douce mélodie de la Ligue des champions depuis l’exercice 2013-2014. Un mauvais souvenir pour lui et les Marseillais qui avaient pris zéro point en six matchs dans une poule composée de Naples, Dortmund et Arsenal. L’apprentissage du très haut niveau pour celui qui avait seulement été décisif lors du match retour à Naples (2-3). Même constat au printemps dernier en finale de Ligue Europa contre l’Atlético : l’attaquant avait eu du mal à exister dans la rencontre.

Doit-il quitter l’OM pour tester ses capacités et passer un cap ? Faudrait-il déjà avoir des offres concrètes des grands clubs étrangers. À 25 ans, le gaucher a encore du temps pour tutoyer le plus haut niveau, à condition de parvenir enfin à séduire les plus grands en levant les doutes. « Thauvin sera-t-il capable de reproduire ce qu’il fait à Marseille dans de très grands clubs ? s’interrogeait le scout d’un grand club anglais dans L’Équipe récemment. Il est dans une situation de confort absolu à Marseille, il y a trouvé son cadre. Si on le sort de là-bas, il y a un vrai risque. » Même son de cloche dans la bouche de Michel Rablat, dénicheur de pépites pour Everton : « Les recruteurs anglais trouvent qu’il n’est pas décisif dans les gros matchs. » Après la parenthèse internationale, un petit OM-PSG se profile le dimanche 28 octobre, trois jours après la réception de la Lazio. Deux belles occasions à ne pas manquer, cette fois-ci.

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Par Clément Gavard

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