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Florian Le Teuff : « J’intègre la liste des Verts aux municipales à Nantes  »

Propos recueillis par Ronan Boscher, à Nantes
13 minutes
Florian Le Teuff : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J&rsquo;intègre la liste des Verts aux municipales à Nantes <span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Jaune et Verts. Le président de la principale association nantaise des aficionados du FC Nantes, À La Nantaise, se lance aux municipales de Nantes derrière la tête de liste écolo locale, Julie Laernoes, pressentie pour les premiers rôles. Le Teuff, estampillé 'ennemi numéro 1' de Waldemar Kita dans le tissu ligérien pourrait secouer les quelques règles du jeu entre la ville et le FC Nantes. Petit bordel en vue, autour du sujet de la Beaujoire et la Jonelière.

Jusque-là, on te connaissait comme président de À La Nantaise (ALN), association d’amoureux du FC Nantes, très bien implantée sur la ville depuis 10 ans. Pour 2020, tu te lances dans un autre genre d’aventure. Tu peux expliquer ?Le 11 décembre dernier, ALN a invité les principales têtes de listes des municipales de Nantes à débattre de nos propositions pour le FC Nantes, autour de l’actionnariat populaire ou la modernisation de la Beaujoire. À l’issue de cette réunion, les différentes sensibilités de l’échiquier politique local m’ont sondé sur un éventuel engagement politique. J’ai fermé toutes les portes sauf peut-être celle de Julie Laernoes, tête de liste d’Europe-Ecologie Les Verts (EELV). Elle a insisté, m’a invité à boire un café un peu plus tard. J’y ai réfléchi pendant les fêtes. Et j’accepté sa proposition d’intégrer sa liste aux municipales à Nantes.

Tu ne crains pas une récupération politique d’ALN par exemple ?Déjà, j’y vais à titre personnel, pas en tant que président d’ALN, même si j’ai tout de suite parlé au bureau d’ALN – la plupart sont des fondateurs de l’asso – de la proposition. On a spontanément eu la même réflexion : ça peut être une belle opportunité d’avoir une prise réelle sur le FC Nantes. Après 10 ans d’engagement associatif assez intense, je voulais aussi changer d’aventure pour faire vivre mes engagements. L’asso va prochainement se réunir pour repenser une nouvelle organisation interne. Je ne suis pas indispensable.

T’as cheminé comment pour accepter de te lancer dans l’arène ?Le débat local autour du Yello Park a beaucoup joué. Dans ce projet porté par Waldemar Kita, il était d’abord question de démolir la Beaujoire pour un gros programme immobilier dont un nouveau stade, privé. Face à l’opposition locale, ça s’est transformé en situation clownesque avec, à quelques mètres de la Beaujoire, un autre grand stade, le Yello Park. J’ai pu voir comment les élus locaux se sont positionnés, qui a voté en décembre 2018 en faveur de ce projet ubuesque de foot-business. Les socialistes et les communistes ont voté pour et la majorité des écolos contre. J’ai pu constater l’intégrité et la droiture de Julie Laernoes sur ce thème. Johanna Rolland (maire actuelle PS, N.D.L.R.) ne m’a pas vraiment surpris puisqu’elle a jusque-là tenu aucun de ses engagements de campagne 2014 au sujet du FC Nantes (soutien à l’actionnariat populaire notamment, ne rien donner au foot-business).

Et que te propose la tête de liste écolo concrètement en cas de victoire ?Elle souhaite me placer assez haut dans sa liste, pour que je me charge du sport professionnel de Nantes-Métropole. Je pourrais devenir, entre autres, l’interlocuteur direct du FC Nantes. Donc de Waldemar Kita. Cela correspond bien aux idées que je veux défendre. J’ai Nantes dans la peau. Politiquement, depuis 1989, je vois le même parti, le PS, occuper le poste de maire. 1989 quoi… j’étais en CM1, Didier Deschamps était le capitaine du FC Nantes, Antenne 2 diffusait son premier épisode d’Amour, Gloire et Beauté. Une éternité. Jean-Marc Ayrault a beaucoup apporté dans les années 1990 mais depuis, en l’absence de renouvellement démocratique, la ville s’essouffle. Devenir la première grande ville verte de France me paraît enthousiasmant, plus ambitieux. Et crédible honnêtement. Nantes est le plus gros score des écolos parmi les grandes villes françaises aux dernières Européennes. Julie Laernoes, la candidate écologiste, a une vraie perspective de victoire ici. Ce n’est pas une candidature de témoignage. Ça ne sert à rien de tirer des plans sur la comète. Il faut garder la tête froide et rester humble, mais je ne peux pas nier la probabilité forte de payer ma tournée de Muscadet au printemps.

Le pouvoir des fleurs – Laurent Voulzy

Et en quoi tu pourrais avoir un impact sur la vie du FC Nantes ?Aujourd’hui, Nantes-Métropole gère les dossiers de la Beaujoire et de la Jonelière, qui appartiennent à la collectivité. J’ai lu une quarantaine d’articles où Johanna Rolland disait que le contribuable ne devait pas financer le foot-business. Je partage le constat, mais elle a fait tout l’inverse. Le projet Yello Park privatisait une vingtaine d’hectares de foncier public, sans mise en concurrence, à 50 euros le m2. C’est plus cher dans la Creuse, par exemple. La ville se targuait d’engranger 30 millions de recettes, mais cédait au privé un quartier de la ville, dont son plus gros équipement sportif public, la Beaujoire, estimée à plus de 37 millions d’euros. L’arnaque du siècle, ce projet. Sans parler de la mascarade du double stade acceptée en décembre 2018. Et puis patatras : les enquêtes fiscales du PNF (Parquet National Financier, N.D.L.R.) sur Waldemar Kita ont mis un terme à ce projet insensé en février 2019. Nous, on souhaite moderniser la Beaujoire avec un beau levier d’action : le loyer du club. Aujourd’hui, il est de 140 000 euros, soit presque 20 fois moins que les loyers demandés pour des stades de taille équivalente ailleurs. 14 hectares de la Jonelière (centre de formation, d’entraînement et siège du club, N.D.L.R.) ? 45 000 euros annuels. Les commerçants ambulants payent le double à la ville pour poser leurs stands de frites vingt jours par an sur le macadam de la Beaujoire… C’est simple, la Chambre régionale des comptes a adressé à Johanna Rolland, au début de son mandat, un rapport sur les relations entre le club et la Mairie. Je cite : « Les relations entre la ville et le FC Nantes ont ignoré la loi » . Depuis, rien n’a changé. Nous voulons mettre les loyers du FC Nantes au prix du marché, juste une mesure de bon sens, surtout dans un contexte où les droits télé du foot français explosent. On lancera un appel d’offres pour s’accompagner d’un assistant de maîtrise d’ouvrage (AMO) qui auditera l’exploitation des infrastructures. Si l’AMO définit la multiplication par 20, la collectivité trouve 23 millions supplémentaires de recette, sur six ans.

Et au supporter qui se dit ‘Super, déjà qu’on s’achète des sombres joueurs venus d’un agent belge douteux, maintenant on va avoir encore moins de blé pour recruter’, tu réponds quoi ? Les loyers supplémentaires seront réinvestis dans la modernisation de la Beaujoire, qui a largement le potentiel pour redevenir l’un des plus beaux stades de France, sans que ça coûte un euro au contribuable. On pourra refaire les loges, prolonger le toit, couvrir les coursives pour plus de confort du spectateur, mettre des panneaux photovoltaïques, un système de récupération de pluie, créer une extension connectée au stade pour des espaces ouverts aux supporters, pour préparer les tifos, aux entreprises les soirs de matchs comme en semaine, d’autres espaces pour les riverains, les commerçants ambulants. On pourrait même créer, enfin, ce fameux musée du FC Nantes dont on nous parle depuis trop longtemps. La Beaujoire doit redevenir une fierté pour la ville de Nantes.

Au bout du compte, le club peut toujours augmenter ses tarifs de billetterie pour éponger la hausse de loyer.Justement, non. On veut promouvoir le foot populaire par un autre levier simple et existant : le contrat d’occupation du stade, qui arrive à échéance en 2021. La Métropole ferait un nouveau type de contrat : la concession. En plus du loyer au juste prix, on introduirait des clauses spécifiques, comme le match ordinaire à 7 euros derrière les buts, les abonnements à 120 euros. Aujourd’hui, c’est trop, 195 euros. Au classement des abonnés, on est 14e (7700 abonnés), derrière Nîmes, Brest ou Metz. Alors qu’on est la 6e ville de France. La concession permettrait une gouvernance partagée du stade, un bien public. Les associations de supporters, les riverains, le FC Nantes, la collectivité gouverneraient collectivement ce stade.

La Jonelière, au-delà du loyer sous-estimé, doit surtout se moderniser pour répondre aux exigences « Prestige » de la FFF, connues depuis un moment. Waldemar Kita dit que l’État lui interdit d’aménager le secteur. C’est un dossier hyper opaque. Quand on se promène vers la Jonelière aujourd’hui, on voit des aménagements pour une base nautique, un parking-relai de 5 étages pour une station de tram, un CREPS qui s’ouvre, des grues. Ce serait vraiment impossible de négocier avec l’État, en l’occurrence les Bâtiments de France (BF), des aménagements là ? Aujourd’hui, on sait que ce n’est pas Nantes, mais Kita qui a saisi les BF. Est-ce vraiment son rôle si la Jonelière appartient à la collectivité ? Il y a de quoi s’interroger quand même sur la gestion par la collectivité des équipements publics.

Waldemar Kita semble avoir trouvé la solution : un déménagement de tout le centre vers Pont Saint-Martin, en dehors de la Métropole. Un loyer de moins à prévoir donc ? Sans rentrer dans les détails, le plan local d’urbanisme (PLU) de Pont Saint-Martin indiquerait qu’il n’y pas la place de déménager la totalité du FC Nantes là. Sauf à changer le PLU, une procédure très très longue, aux nombreux recours. Pour y être allé, c’est un endroit de verdure, avec des haies, préservé qui mériterait de le rester.

Duck face

Les abords de la Jonelière, plutôt bucoliques, champêtres, le long de l’eau, ce n’est pas trop un décor pour bâtir plus quand on est sur une liste écolo non ?On ne dit pas qu’il faut le faire, mais on nous dit qu’aucun aménagement n’est possible alors qu’on voit par ailleurs des aménagements dans le secteur. Pour Pont Saint-Martin, ça ne semble pas pertinent d’aller bétonner un endroit préservé. En tout cas, à Pont Saint-Martin comme à la Jonelière, tout est trop opaque, il faut de la transparence et de la concertation pour construire l’option la plus raisonnable possible sur le plan écologique.

En fait, le projet municipal des Verts pour le FC Nantes, c’est de précipiter Kita à la crise de nerfs et au départ ? C’est un euphémisme de dire que vous ne vous entendez pas très bien tous les deux. Non. Ce n’est pas un problème de personne honnêtement, mais plutôt de gouvernance. Il est arrivé en 2007 avec Nantes en Ligue 2. Ils sont aujourd’hui en Ligue 1. J’observe aussi que les deux plus grandes erreurs liées à la gestion du FC Nantes ne viennent pas de Kita, mais de la ville. En 2001, elle organise la cession d’un club champion de France à un actionnaire unique, la Socpresse, sans garde-fous dans la gouvernance du club. C’était une décision politique. Socpresse, puis Dassault puis Kita : depuis 2001, le modèle de l’actionnaire intégral extérieur au territoire, qui fait du club son joujou, n’a pas fonctionné ici. Le FC Nantes a perdu son identité, ils ont banalisé la déliquescence du club. Parmi les 11 villes françaises de plus de 200 000 habitants, Nantes a la seule équipe de foot à n’avoir pas joué un seul match de Coupe d’Europe en 15 ans. On parle du FC Nantes là, Arribas, Suaudeau, Denoueix, 8 titres de champion de France, 100 matchs européens, une institution du sport continental, une région qui respire le foot… La deuxième erreur de la ville, c’est d’avoir accepté Yello Park en décembre 2018. Elle coupait le dernier cordon liant le club à son territoire.

Un projet initié et porté par Waldemar Kita quand même. Vos positions incitent vraiment son départ.Non. Déjà, il n’aura échappé à personne qu’il a essayé de vendre le club cet été (vente finalement avortée, N.D.L.R.). Deuxièmement, je m’engage aux municipales pour viser les cadeaux donnés au foot-business par Johanna Rolland durant son mandat, au FC Nantes : les loyers illégaux, le Yello Park accepté, sans parler des 300 000 euros de subventions pour d’énigmatiques missions d’intérêt général. On parle d’argent public pas fléché, versé directement sur le compte d’un club appartenant à une holding domiciliée en Belgique pour raison fiscale. Le problème du FC Nantes n’est pas Kita, mais la Mairie, qui en a fait n’importe quoi. Il faut inverser la logique, garantir davantage que le FC Nantes appartienne au patrimoine de la ville. Au moment de la future cession du club, on pourra sortir de ce système d’actionnaire unique inefficace ici. On souhaite un autre modèle, à ancrage local.

Et comment tu t’y prends ?On pense déjà que le nouveau contrat d’occupation du stade de 2021 doit permettre aux élus d’avoir leur mot à dire sur l’avenir du club, comme permettre l’actionnariat populaire par exemple.

Tu as pourtant toujours dit que Kita ne voulait absolument pas d’actionnariat populaire pour le FC Nantes. Cette négociation de contrat d’occupation ouvre de fait un dialogue sur ce sujet, mais on ne peut pas lui imposer l’actionnariat populaire. On n’est plus à l’ère communiste. Il faut considérer deux tempos. Aujourd’hui, Waldemar Kita est le propriétaire d’un club dont le principal outil est le stade de la Beaujoire, un équipement public construit et rénové par le contribuable. Ça paraît pertinent de dire d’avoir une gouvernance collective du stade, avec les assos de supporters, la collectivité, les riverains et le club. Et il n’y aura ni cadeau, ni matraquage du FC Nantes, mais le simple respect de l’intérêt général. Le second tempo, qui arrivera tôt ou tard, c’est l’après-Kita. Le repreneur devra prendre contact avec la collectivité, pour la question des équipements. On exigera alors que l’actionnariat populaire fasse partie de l’avenir du club. C’est à nous de jouer ce rôle. Je veux personnellement aller à la rencontre des acteurs économiques locaux intéressés pour permettre de rendre le club à son territoire, en misant sur l’ADN du club : la formation, le jeu collectif, la bonne gouvernance, le sportif qui se projette sur le long terme. Le but avoué est simple : que le FC Nantes redevienne un club majeur du foot français, un fleuron de la ville. Le FC Nantes doit redevenir une putain d’histoire collective et populaire.

Dans ce rapport de force qui s’annonce, si tu accèdes aux responsabilités qui te sont promises, Kita peut tout aussi bien réagir en déménageant tout le club (stade et centre d’entraînement) hors de Nantes-Métropole, donc de tes éventuelles futures compétences. Vous auriez tout perdu là non ?Il a misé sur ce coup de pression dans la presse, cet été. Après, on peut aussi croire au père noël et à la petite souris, ou alors on essaie de rester sérieux. En matière d’émissions de CO2, construire un stade équivaut à 7 millions de tour du périph’ nantais par une voiture diesel. L’époque n’est plus à couler 80 000 m3 de béton sur des terres agricoles avec pour seul argument ‘je suis propriétaire du foncier, je fais ce que je veux’. Non, la vie n’est pas une partie de Monopoly et heureusement, le droit de l’environnement, des contraintes juridiques à gogo qui bloquent les projets climaticides existent. Si, par je ne sais quel miracle, après quelques décennies, il a les autorisations pour construire tout son complexe, une ZAD verrait à coup sûr le jour. Et plus personne ne veut subir ça, dans la région. Faut être clair : ni Waldemar Kita, ni même son petits-fils ne verront de stade du FC Nantes pousser sur des terres agricoles. Ce club a déjà un stade, de 35 ans seulement, qui peut être modernisé. Le contrat d’occupation du stade arrive à échéance en 2021, et le bon sens peut, enfin, revenir au cœur du jeu, pour l’intérêt général. Je n’ai pas l’intention d’être l’ennemi de qui que ce soit, mais de mettre tout le monde autour de la table. La situation actuelle est malsaine, illégale, épinglée par tous les observateurs, notamment par la chambre régionale des comptes.

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Propos recueillis par Ronan Boscher, à Nantes

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