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Florentin Pogba : « J’ai croisé Offset de Migos dans un centre commercial »

Par Thomas Pitrel, à Atlanta
Florentin Pogba : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J’ai croisé Offset de Migos dans un centre commercial<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Depuis son départ de Saint-Étienne en janvier 2018, on n’avait entendu parler de Florentin Pogba qu’à deux reprises : lorsqu'il a quitté le club turc de Gençlerbirliği après s’être embrouillé avec ses coéquipiers en plein match, et pendant la Coupe du monde, où il est allé voir son petit frère Paul devenir champion du monde. Pour prendre de ses nouvelles, il fallait donc se rendre au centre d’entraînement d’Atlanta United, champion de MLS en titre, où le défenseur a signé fin janvier.

Comment se passe ton intégration à Atlanta United ?Nickel. Je parlais déjà un peu anglais, et j’ai beaucoup de coéquipiers qui parlent espagnol (il a été formé au Celta de Vigo, N.D.L.R.), donc tout s’est fait assez rapidement. Il y a aussi Carlos (Bocanegra, directeur technique d’Atlanta United), qui me connaissait parce qu’il a joué à Saint-Étienne comme moi, il m’a mis sur le bon chemin. Au départ, je vivais à l’hôtel, mais je viens d’emménager dans une maison à Buckhead, ma famille m’a enfin rejoint, donc on va pouvoir commencer à découvrir la ville. Donc tout va bien, dieu merci.

En revanche, pour l’instant, tu n’as joué qu’un quart d’heure, contre Monterrey en CONCACAF Ligue des champions. Tu as hâte de faire tes débuts en MLS ?Oui, au départ j’ai eu des problèmes de visa, j’ai dû repartir en France pour faire les papiers, donc je ne pouvais pas jouer en championnat. Même si on s’est fait éliminer contre Monterrey, ces quelques minutes au stade Mercedes-Benz m’ont fait plaisir, parce que le stade est magnifique, et les supporters donnent vraiment envie aussi. Aujourd’hui, je m’entraîne avec l’équipe et tous les papiers sont réglés, donc ce sera une décision du coach Frank de Boer de me faire jouer ou pas.

En janvier, tu étais à deux doigts de signer à Elche, en D2 espagnole. Comment tu t’es retrouvé à Atlanta ?En fait, j’avais déjà fait un essai d’une semaine ici en septembre dernier. C’est un agent français, Jérôme Meary, qui m’a proposé de venir voir les infrastructures, parce que le club était intéressé. Après, Atlanta m’a fait patienter parce qu’ils ne savaient pas si l’entraîneur, Tata Martino, allait partir ou rester. Quand Frank de Boer l’a remplacé, il a regardé mon profil et ils m’ont fait une offre. Pour moi, c’est un nouveau challenge, je voulais voir ailleurs. Quand j’ai reçu la proposition, je me suis dit : « Flo, vas-y, te casse pas la tête. Nouvelle aventure, nouvelle vie, tout va changer pour toi, pourquoi pas ? »

Tu restes sur six mois sans jouer, comment tu l’as vécu ?J’ai fait des essais aux quatre coins du monde. En Slovaquie, en Hongrie, en Espagne, en Israël… Mais je n’avais pas vraiment envie de signer avec ces clubs, c’était plutôt pour m’entretenir et qu’on ne m’oublie pas. Je n’ai pas trouvé de club avec mes conditions, donc avec le temps qui passait, j’ai dû faire abstraction de ça et me dire que le plus important était de rejouer. Si j’avais dû aller à Dubaï ou au Qatar, je serais parti pour jouer. Parce qu’un homme qui ne joue pas est un homme invisible.

D’autant plus que ça ne s’était pas très bien terminé à Gençlerbirliği, ton dernier club. Tu avais été pris à partie par tes propres coéquipiers après avoir voulu sortir du terrain en cours de match. J’ai ressenti une douleur derrière la cuisse, je ne pouvais pas continuer,donc j’ai sorti le ballon volontairement, il n’y avait plus de changement possible. Mes coéquipiers se sont énervés parce que c’était un match décisif pour le maintien. Ils pensaient que j’abandonnais, mais avec l’amour que j’ai pour le foot, ça ne me ressemble pas. Sous les nerfs, j’étais un peu énervé, donc j’ai dégagé le ballon en touche et je suis allé directement vers le vestiaire. Avec la barrière de la langue, comment leur expliquer ? J’ai essayé, mais bon… Après, je me suis expliqué dans les journaux français, en espérant que ce soit traduit et repris en Turquie. Qu’ils l’aient compris ou pas, j’ai dit ce que j’avais ressenti.

Mais avant ça, il n’y avait pas eu de problème ?Tout s’était bien passé. J’aimais particulièrement la vie en Turquie. Ce n’est pas cher, et c’est sécurisé pour les enfants. Mais c’est peut-être parce que j’étais dans la capitale. Après, c’était une équipe moyenne, on n’a gagné qu’une fois contre une grosse équipe, mais j’ai eu la chance de jouer de gros matchs, avec des supporters de folie.

Après ce départ prématuré de Turquie, on t’a vu en Russie pour quelques matchs de l’équipe de France. Comment as-tu vécu le titre de champion du monde de ton frère ?J’ai vu certains matchs au stade et les autres depuis la France. Quand tu vas voir le petit frère jouer une Coupe du monde, sa deuxième, c’est toujours excitant. En plus de ça, ils ont ramené la coupe à la maison, c’était que du bonheur. On ne dormait pas beaucoup après la victoire. Tu l’as dans la tête jusqu’à la prochaine Coupe du monde, en fait, c’est difficile à croire. Après ils nous ont invités à l’Élysée avec les joueurs, les familles.

T’as fait des dabs avec Emmanuel Macron ?Ouais ! Après c’est normal, qu’ils profitent, on sait combien cette compétition est difficile à remporter. C’était un moment magique.

Avec Antoine Griezmann, Paul a commandé des bagues de champions du monde pour tous ses coéquipiers, à la manière des bagues de champion de NBA. Toi et tes frères, vous étiez déjà proches de la culture américaine avant ton arrivée à Atlanta ?Quand on était jeunes, on est allés deux fois en vacances aux États-Unis, parce que le grand frère de ma mère a vécu une vingtaine d’années à Washington. On y restait trois semaines, un mois, mais c’était surtout en famille. Après, on y est retournés en vacances entre frères, plus tard. Mais c’est surtout Paul qui aime tout ce qui est NBA, pas forcément la mentalité américaine, mais il aime regarder les matchs, le style. Moi ce que j’aime, c’est la musique, qu’elle soit française, africaine, américaine.

Atlanta est une grosse ville de hip-hop, et pas mal de rappeurs sont d’ailleurs devenus fans d’Atlanta United. Tu en as déjà croisé quelques-uns ?J’ai croisé un rappeur, mais c’était vraiment pas au foot. C’était Offset, de Migos. Je marchais au centre commercial avec des amis et je l’ai croisé comme ça, personne ne le dérangeait. En France, si une star comme ça passait dans la rue ou dans un centre commercial, je ne sais même pas si elle pourrait marcher. C’est là où je vois que la mentalité est totalement différente, et je pense que c’est bien comme ça. Que les gens te demandent des photos oui, mais qu’ils te harcèlent, qu’ils ne te lâchent pas… Ici, ça n’arrive pas. Tant mieux pour moi et tant mieux pour cette mentalité. Parfois, c’est agréable de passer inaperçu, même quand on sait qu’on a une certaine notoriété.

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