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Florent Mollet : « Je n’ai jamais rêvé d’être numéro 10 »
Face à ses qualités techniques, sa vision et sa faculté à mener le jeu montpelliérain, les amateurs de foot en oublieraient que Florent Mollet est un milieu relayeur, un box-to-box et non un numéro 10 à l'ancienne. Le joueur de 27 ans y est très attaché. Il revient sur un rôle en vogue, en détaille les subtilités et nous dévoile ses références du passé et du présent.
Petit, tu ne rêvais pas d’être numéro 10, comme beaucoup de mômes des années 1990 ? Je n’ai jamais rêvé d’être numéro 10 pour copier Zidane, même si j’ai toujours voulu occuper un poste offensif, dans l’axe et pas sur un côté.
Pourquoi pas sur le côté ? C’est là où je me sens le mieux. On est plus proche de la surface adverse, du but. Généralement, les buts se marquent dans l’axe.
Box to box, c’est un état d’esprit avant tout ?
Oui, c’est ça, un état d’esprit. Pour moi, c’est un joueur qui aime bien se sentir libre sur le terrain, bouger dans toutes les zones. J’ai des consignes de la part du coach, c’est normal, mais j’aime aller à droite, à gauche. Ainsi, je ne calcule pas et je me laisse aller. J’ai une bonne VMA de base, un bon volume de jeu, je sais répéter les efforts et les sprints à haute intensité. J’ai ce sens du jeu, une bonne frappe, je suis capable de tirer les coups de pied arrêtés, marquer des buts, être dans la surface adverse et donner des passes décisives à mes attaquants. Quand j’ai ce volume, je me sens bien sur le terrain. Je préfère ça a une position fixe où on touche très peu de ballons. J’ai besoin de le toucher pour être en confiance, pour faire jouer mon équipe. Box to box pour moi, c’est vraiment l’épanouissement sur le terrain et la liberté.
Il y a quand même beaucoup d’obligations en tant que box to box. Cette liberté dont tu parles n’est pas propre au 10 ? Quand on est numéro 10, on a aussi des tâches défensives, peut-être moins visibles, peut-être moins que pour un box to box, mais il y en a toujours. Et puis ici à Montpellier, tout le monde a un travail défensif. Oui, un box to box doit défendre, mais pas plus qu’un numéro 10. C’est vrai que par le passé, il était celui qui participait le moins aux tâches défensives, il n’en avait parfois pas tout et on lui laissait toute la liberté. Mais le foot a changé, évolué. Que je sois 8, 10 ou sur un côté, j’aurai toujours une tâche défensive à accomplir. D’ailleurs, et même si je suis sur la bonne voie, défendre n’est pas dans mes gènes. Je n’ai pas appris à le faire jeune. Je vais parfois être mal placé, je ne vais pas forcément faire attention quand quelqu’un va passer dans mon dos, j’ai encore beaucoup de progrès à faire.
Les box to box, qui évoluent seuls ou à deux devant la défense dans un 4-2-3-1 par exemple, sont toujours un peu bloqués lorsqu’ils n’ont pas un vrai 6 à leur côté.
Forcément, quand on est box to box, le joueur derrière nous est très important. Quand on a la possession, que ça repart de derrière, on ne vient pas forcément rechercher la balle tout de suite, on va plutôt se situer dans les intervalles, plus haut, pour étirer les lignes, afin qu’on puisse être accessible. C’est vrai que le rôle de numéro 6, de sentinelle derrière nous est hyper important. C’est la première rampe de lancement. Il permet à l’équipe d’avancer. Il doit nous trouver, casser les lignes et éliminer un ou deux adversaires pour qu’on puisse se retourner et jouer de l’avant.
À l’image de Lyon la saison dernière avec Ndombele et Aouar, lorsqu’une équipe subit et se retrouve avec deux box to box devant la défense, elle a toujours beaucoup plus de mal. Tousart était peut-être moins technique, mais il équilibrait l’équipe. Oui. Au niveau mentalité, je suis un peu dans le même style qu’Aouar qui, j’imagine, est beaucoup plus attiré par le côté offensif. Forcément comme ça a toujours été dans nos gènes, défensivement on sera toujours moins performant. Même si on y met toute la bonne volonté, on n’a pas les aptitudes à la base. On n’a pas les réflexes que peut avoir un joueur à vocation défensive. Forcément, parfois, l’équipe peut être acculée et défendre beaucoup moins bien avec deux box to box qu’avec un ratisseur qui a les aptitudes, qui sait comment défendre et contrôler les appels, dont ceux dans son dos.
La référence du poste selon toi ? Actuelle et passée.
Pour ceux qui ont arrêté, Paul Scholes, Steven Gerrard, Frank Lampard et Xavi sont les quatre qui me viennent à l’esprit. Pour ceux qui jouent encore aujourd’hui, je dirais qu’Iniesta a ce rôle de box to box. Même si défensivement, ce n’est pas un gros travailleur, il y participe. Modrić tient un peu ce rôle aussi, je ne pense pas que ce soit un véritable numéro 10. Rabiot, qui sait marquer des buts et bien défendre parce qu’il a été formé au poste de 6. Comme Busquets et peut-être encore plus, il a su évoluer dans son jeu. Il se projette beaucoup plus qu’avant. Je pense qu’il est, aujourd’hui, celui qui incarne le plus cette évolution.
Si je te dis qu’il y a trois types de box to box. Défensif : Kanté, Matuidi, polyvalent : Steven Gerrard et un offensif : Lampard ou Iniesta.Tout à fait d’accord. Kanté et Matuidi sont quand même des box to box. On voit que Kanté sait marquer des buts, il en a mis 5 l’an dernier. Comme Matuidi, il a, à la base, une attribution plutôt défensive. Steven Gerrard, je le mettrais entre le défensif et l’offensif, mais il marquait beaucoup plus que N’Golo Kanté et Matuidi. Et ensuite Lampard et Iniesta sont comme moi, beaucoup plus portés sur l’offensive, mais ils savent se plier aux tâches défensives.
L’organisation qui met le plus en valeur un box to box, c’est le 4-4-2 en losange ?
C’est juste, et j’ajouterais le 4-3-3, même si le premier le met peut-être plus en valeur, notamment défensivement, puisque vous devez défendre le côté avant de vous repositionner dans l’axe. Il y a plus de travail que dans le 4-3-3, parce que vous n’avez pas de joueurs de côté. Ce sont deux systèmes qui mettent le box to box en avant. Il faut répéter les efforts. Une fois que le ballon est à l’opposé, il faut se ré-axer, parcourir du terrain, 11 à 12 kilomètres, c’est ça le rôle de box to box, faire les efforts, travailler pour l’équipe et être décisif lorsqu’elle a la possession de balle. Il faut avoir le mental, la lucidité et la condition physique.
Propos recueillis par Flavien Bories