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Florence and the Machine
Mise en vente à l'été 2017, la Fiorentina s'est rabibochée avec ses propriétaires, la famille Della Valle, qui, faute de trouver des repreneurs, a décidé de refaire tourner la planche à billets lors du dernier mercato et de réactiver quelques projets en suspens. De quoi relancer la mécanique toscane : à l'heure de défier l'Inter, les Violets pointent sur le podium de Serie A et ambitionnent de retrouver l'Europe.
Fin juin 2017, tout semblait pourtant bel et bien fini. La Fiorentina échouait à une anonyme huitième place de Serie A et les tifosi n’en finissaient plus de critiquer une direction qu’ils estimaient trop proche de ses sous. Alors, Andrea Della Valle, le propriétaire du club violet, avait crevé l’abcès, en annonçant mettre le club en vente. Depuis 2002, lui et son frangin, Diego, ont investi des sommes conséquentes dans le club toscan, sans parvenir à satisfaire les ambitions d’un public réputé pour son exigence. L’entrepreneur avait décidé de dire stop et de verbaliser la rupture : « J’ai fait quelques erreurs, mais je pense aussi avoir donné beaucoup de joie à la ville de Florence. Être attaqué de toutes parts comme je l’ai été cette année m’a amené à réfléchir. En arriver à cette situation me rend amer, mais il est temps pour moi de prendre du recul. » Un peu plus d’un an plus tard, les Della Valle n’ont toujours pas bougé. Et la machine violette semble finalement repartie pour un nouveau cycle positif.
Rupture avortée
Pour chasser la morosité ambiante, il n’aura finalement pas fallu grand-chose. D’abord, l’émergence de quelques promesses la saison dernière, comme Giovanni Simeone et Federico Chiesa, qui ont regonflé l’enthousiasme du public. Ensuite, l’apparente absence d’offres satisfaisantes communiquées aux Della Valle pour reprendre le club, alors que les propriétaires de la formation toscane sont encore un peu trop attachés à Florence pour lâcher le morceau n’importe comment et laisser le club en roue libre. Un temps résolus à vendre, les frères Della Valle semblent avoir au moins temporairement reconsidéré leur choix : c’est du moins ce qu’aurait confié le vice-président de la Fiorentina, Gino Salica, à un petit comité de tifosi en février dernier, à en croire la presse toscane. Ce dernier aurait alors déclaré que la Fiorentina ne serait plus en vente et que la direction plancherait actuellement sur les prochains axes de développement du club. Avant de se montrer plus explicite dans les médias locaux : « Peut-on attendre une relance de la part des Della Valle ? Je dirais que pas mal de signes vont dans ce sens… »
Projets régénérés
Plus concrètement, les frangins Della Valle et le management du club ont réactivé des projets qui stagnaient depuis un bon paquet de mois, voire d’années. D’abord, la construction d’un nouveau centre sportif évalué à dix millions d’euros, sorte de cantera florentine, qui comprendrait un mini stade, de nombreux terrains d’entraînement, une salle de sport et un centre d’hébergement pour les jeunes talents. Les émissaires du club auraient démarré les discussions avec la mairie de Campi Bisenzio, ville en périphérie de Florence, pour obtenir des permis de construire, afin que le projet soit lancé d’ici à la mi-2019. Autre cheval de bataille des Della Valle, la construction d’un nouveau stade, censée faire passer un palier au club économiquement parlant. Prévu théoriquement pour 2021, l’édifice doit être construit à l’actuel emplacement du Mercafir, le marché des fruits et légumes de Florence, qui serait contraint de déménager pour l’occasion. « Nous rencontrons le maire, puis dans six mois, nous présenterons la conception finale du projet au printemps prochain » , avançait Andrea Della Valle en juillet dernier. De belles paroles qui ont pris plus concrètement forme, puisque les Della Valle ont effectivement rencontré le maire de Florence, Dario Nardella, début septembre, même si le contenu de leurs échanges n’a pas encore filtré.
Simeone, Chiesa et tous les autres
Des projets structurels, doublés d’un dynamisme retrouvé sur le plan sportif. Cet été, les Violets ont recruté malin : l’espoir croate Marko Pjaca, prêté avec option d’achat par la Juventus , et Kevin Mirallas sont venus remplumer les ailes de la formation florentine. Alban Lafont, bien que freiné par une blessure début septembre, a réinjecté du sang neuf dans les cages et le Brésilien Gerson, prêté par la Roma, a délaissé le rôle d’ailier qui lui était attribué à la Louve, pour être repositionné par Stefano Pioli dans une position plus axiale, qui semble plus en phase avec ses qualités. Enfin, les jeunes frissons de la saison dernière, le défenseur serbe Nikola Milenković – vingt ans et déjà cinq titularisations pour deux buts –, mais surtout le duo de fils prodiges Giovanni Simeone-Federico Chiesa, prouvent qu’ils sont probablement plus que le tube d’une année et réalisent un excellent début d’exercice 2018-2019. De quoi susciter l’enthousiasme de l’ex-défenseur violet Sergio Battisitini : « On pouvait difficilement imaginer meilleur départ. C’est une équipe dynamique, qui s’entraîne très bien… Je n’aime pas seulement Chiesa, mais aussi Simeone, Veretout, Gerson… Elle pourrait viser la Ligue Europa. » Résultat : les Toscans défient l’Inter mardi soir, avec un statut de seconde meilleure attaque de Serie A et une troisième place prometteuse en championnat dans les pattes. Et pourraient peut être même compter sur la présence d’Andrea Della Valle dans les tribunes de Giuseppe Meazza, qui n’en a décidément pas encore tout à fait fini avec cette Fiorentina-là.
Par Adrien Candau
Tous propos issus de la Gazzetta dello Sport, Sky Sports, Tutto mercato web, Radio Bruno et le Corriere Fiorentino.