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Flavien Tait au top
En pleine forme à l'heure de se déplacer à Montpellier et auteur de la meilleure saison de sa carrière, Flavien Tait s'est enfin imposé à Angers et en Ligue 1. Ce qui n'était pas gagné, au vu de son parcours sportif assez chaotique.
Flavien Tait et le début du mois de mars, c’est une histoire d’amour. Une grande histoire d’amour. Selon les chiffres, en tout cas. La saison dernière, le milieu offensif avait en effet attendu le troisième jour du mois pour marquer son premier pion de la saison, face à Guingamp (3-0). Rebelote cette année : quasiment 365 jours plus tard, il a régalé Angers le week-end dernier en s’offrant un doublé contre Monaco en première période (2-2).
Ses premiers caramels en 2019 et un constat implacable : à trois mois de la fin du championnat, Tait a déjà réalisé sa meilleure saison statistique (quatre buts, sept passes décisives) depuis qu’il a mis les pieds dans le monde pro. Après la révélation, l’heure de la confirmation est donc venue pour un joueur qui a connu pas mal de galères avant de percer.
Recalages, ménisque et persévérance
Il faut revenir à la fin des années 2000 pour retrouver Tait au centre de préformation de Castelmaurou (Haute-Garonne). À quatorze piges, le natif de Longjumeau sait déjà qu’il veut devenir footballeur professionnel. Mais la route vers le succès est semée d’embûches. « Ma deuxième saison là-bas a été difficile, racontait-il récemment à France Football. Nantes et Saint-Étienne sont revenus sur leur position, ils ne m’ont finalement pas proposé de contrat pour intégrer leur centre. Deux clubs qui me passaient sous le nez, c’était compliqué. » Un premier coup sur la tête pour celui qui rêve de rejoindre les couloirs d’un club de Ligue 1. En 2008, il se retrouve finalement à Rodez, où il récupère de la confiance et se fait repérer par les recruteurs de Châteauroux. Plus de temps à perdre, Tait fonce à la Berrichonne, en 2010, et signe même son premier contrat professionnel un an plus tard. Le début de la gloire ?
Pas tout à fait, puisque Tait doit se montrer patient et attendre jusqu’en février 2013 pour faire ses débuts en Ligue 2 à l’occasion d’un match contre Lens (4-3). Sa seule apparition de la saison. Il doit ensuite attendre la suivante pour véritablement trouver sa place dans le groupe de Jean-Louis Garcia, mais une blessure au ménisque vient lui mettre un nouveau coup sur la caboche. « C’est un mauvais souvenir… J’ai mis plus de six mois avant de rejouer, confiait-il l’année dernière à So Foot. On ne se remet pas si facilement d’une blessure au genou. On est descendus en National… » Et c’est finalement en troisième division que Tait réalise une première saison pleine (31 matchs, quatre pions, sept passes décisives), ce qui lui permet de signer un bail de deux ans avec un Angers fraîchement maintenu en Ligue 1. Là encore, les premiers mois sont difficiles. Puis, la persévérance du droitier est de nouveau payante, au point de s’imposer comme un joueur clé dans une équipe de l’élite. Enfin.
Ombre, lumière et… départ ?
La saison dernière, Tait a ainsi rendu une copie à 29 titularisations toutes compétitions confondues. Agréable pour celui qui s’épanouit jusque-là dans la pénombre et loin des hautes lumières, comme « la section vide, insuffisamment détaillée ou incomplète » visible sur sa page Wikipedia le laisse augurer. Sobre, simple, vrai, près et discret comme le dirait un ancien groupe de rap de l’Hexagone, Flavien devrait rapidement voir ces blancs être noircis de lignes informationnelles, tant les prestations du garçon montrent une régularité étonnante au cœur d’une équipe qui ne semble même plus avoir peur d’une descente à l’échelon inférieur. Depuis cet été, le Français de 26 ans représente carrément l’un des meilleurs – si ce n’est le meilleur – éléments du SCO.
« Cette saison, c’est parti, il fait beaucoup parler de lui » , reconnaît Serge Le Dizet, adjoint du coach Stéphane Moulin. Avant de céder à la fatalité lorsque le sujet « transfert » est évoqué, étant conscient que la nouvelle réputation de l’Angevin attire les convoitises et les chèques difficilement refusables par son club : « Oui, c’est certainement l’un de ceux qui risquent d’être le plus sollicité dans les semaines à venir parmi les joueurs de notre effectif. En plus, Flavien, il n’est franchement pas vieux. Il arrive même dans la force de l’âge ! » Autrement dit, toutes les conditions sont réunies pour le voir passer un nouveau cap en intégrant un club encore plus huppé. L’objectif pour les dirigeants sera alors d’éviter de renforcer un concurrent direct. « De toute façon, si Flavien nous quitte, ce ne sera pas pour un club qui vise le maintien, tranche Le Dizet. Mais on le sait, ça fait partie du jeu : dès qu’un de nos joueurs montre le bout de son nez, des prétendants débarquent pour le faire venir. » Afin de lancer une nouvelle histoire d’amour qui n’a rien à voir avec mars, cette fois. Allez grimpe…
Par Clément Gavard et Florian Cadu
Propos de SLD recueillis par FC.