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Edoardo Bove : et maintenant ?
Ce dimanche, la Fiorentina reçoit Cagliari sans son milieu de terrain Edoardo Bove, qui a fait peur à toute la Botte et au monde du football il y a une semaine avec son malaise survenu en plein match face à l’Inter. Concrètement, qu’est-il arrivé à Bove ? Et à quoi ressemblera la suite de sa carrière ? Explications.
Il est aux alentours de 18h15, dimanche dernier au stade Artemio-Franchi, lorsqu’Edoardo Bove s’écroule au sol, en pleine rencontre entre la Fiorentina et l’Inter. Inconscient sur le rectangle vert, l’international espoirs italien est immédiatement pris en charge par les secouristes présents au bord du terrain, sous les yeux affolés de ses coéquipiers et des Nerazzurri. En une dizaine de minutes, Bove est transporté à l’hôpital, où il est immédiatement pris en charge. « Autour de nous, tout le monde était agité, mais nous avons travaillé tranquillement, nous savions quoi faire. Moins de 30 secondes après qu’il est tombé au sol, nous étions près de lui, le médecin a fait une première évaluation, et nous avons rapidement décidé de l’amener à l’hôpital », a ainsi expliqué à la Repubblica Giovanni Ghini, président de Fratellanza Militare, l’association bénévole d’urgentistes qui était de garde lors de Fiorentina-Inter. Néanmoins, les nouvelles ont rapidement été rassurantes : « Après avoir passé une nuit tranquille, Edoardo Bove s’est réveillé et a été extubé ce matin. Il a pu parler avec sa famille, la direction de la Viola, l’entraîneur et ses coéquipiers », précisait la Fiorentina dans un communiqué, le lendemain. Si le milieu florentin se dit prêt à retrouver les terrains le plus vite possible, ce n’est pas aussi simple que ça.
ACF Fiorentina comunica che Edoardo Bove, dopo aver passato una notte tranquilla, è stato risvegliato ed estubato questa mattina. Attualmente è sveglio, vigile ed orientato. pic.twitter.com/UcCJId726X
— ACF Fiorentina (@acffiorentina) December 2, 2024
Une cicatrice non détectée
Le cas Bove a fait ressurgir des démons pas si vieux que ça. On pense à Evan Ndicka, qui s’était également écroulé, en avril sur le terrain de l’Udinese, à Christian Eriksen, lors de l’Euro 2021, ou encore à l’emblématique capitano de la Fiorentina, Davide Astori, tragiquement décédé dans son sommeil en mars 2018 à la suite d’une tachyarythmie – accélération anormale du rythme cardiaque. Forcément, les interrogations pullulent : les médecins de la Viola (et de la Roma, qui l’a prêté à la Fio) ont-ils fait preuve de négligence ?
Deux jours après ce drame évité, Ivo Pulcini, l’un des médecins de la Lazio, déclarait : « Il y a actuellement un top joueur de Serie A que j’ai déclaré inéligible en 2019. » De quoi alimenter les polémiques et obliger la Fédé italienne à ouvrir une enquête, avant que Pulcini ne revienne sur ses dires : « Je n’ai jamais dit ces choses, je ne me permettrais jamais de juger la compétence des autres clubs. » Médecin spécialiste de la cardiologie sportive à l’hôpital de Padova, Alessandro Zorzi balaie d’un revers de main la possibilité que les médecins florentins et romains aient cherché à mettre sous le tapis d’éventuels problèmes cardiaques : « Il est impossible pour les clubs de camoufler d’éventuels problèmes médicaux de certains joueurs. Et même s’ils avaient voulu le faire, ça aurait été découvert, car tous les six mois, des examens approfondis sont réalisés dans la totalité des clubs, par un médecin extérieur. »
Depuis une quarantaine d’années, l’Italie accorde une importance particulière à la santé de ses sportifs, notamment en ce qui concerne la cardiologie. Chaque sportif, amateur ou professionnel, doit passer avant chaque début de saison la fameuse visite médicale auprès d’un médecin spécialiste du sport, avec notamment un test permettant de détecter d’éventuels problèmes cardiaques, comme l’explique le docteur Zorzi : « Ce test nous permet de mesurer le rythme cardiaque au repos, et en activité. Grâce à cette stratégie, nous avons observé une réduction très significative des cas de décès et d’arrêts cardiaques dans le sport en Italie. » Néanmoins, il précise également que ce test « permet de déceler 90% des problèmes, mais il reste ce 10% difficile à détecter si le sportif n’a pas des résultats mauvais ».
Jeudi dernier, au lendemain de la défaite de la Fio en Coppa Italia face au voisin, Empoli (2-2, 3-4 aux tirs au but), match au cours duquel les hommages à Bove se sont multipliés, de premiers résultats tombent. Le joueur de 22 ans aurait une cicatrice au cœur, potentiellement due à une myocardite dont l’origine reste encore à déterminer.
Pour bien comprendre, avoir une myocardite n’entraîne pas forcément une cicatrice au cœur. Et avoir une cicatrice au cœur n’entraîne pas systématiquement une arythmie cardiaque, comme l’explique le docteur Zorzi : « Bon nombre de sportifs de haut niveau ont une cicatrice au cœur, mais on ne le sait pas, car leurs résultats lors des tests sont plus que positifs. Cette cicatrice peut n’avoir aucune influence sur la fréquence cardiaque du sportif », souligne-t-il. Une chéloïde difficilement détectable, comme c’est le cas ici d’Edoardo Bove, même en faisant des IRM ou des radios. « Un électrocardiogramme ne permet pas de détecter une cicatrice sur le cœur, cela nécessite de passer une IRM cardiaque que l’on passe seulement en cas de suspicion. Or, si Bove n’avait jamais auparavant eu des signes inquiétants, alors c’est difficile de détecter cette cicatrice. Je suis certain que les médecins de la Roma ou de la Fiorentina ne l’auraient jamais laissé jouer si Bove encourait un risque important », précise Zorzi.
Ciao Italia ?
Néanmoins, cette cicatrice pourrait bien changer la donne et la carrière d’Edoardo Bove. En effet, pour minimiser les risques, les médecins ont décidé que l’international italien pourrait reprendre le football seulement après l’implantation d’un défibrillateur, qui s’enclenchera automatiquement en cas d’arrêt cardiaque. Ce qui rappelle forcément le cas d’un certain Christian Eriksen. Et à l’instar du milieu danois, l’international transalpin sera potentiellement contraint de quitter l’Italie. En effet, si dans les faits, « la pratique sportive avec un défibrillateur n’est pas interdite en Italie », comme le précise Zorzi, elle reste néanmoins très encadrée, car seulement autorisée dans un sport dont l’effort physique est moindre et où il n’y a aucun contact physique. La carrière du milieu italien risque donc de prendre un tout autre tournant, et il a demandé des examens complémentaires, en espérant qu’il existe encore un infime espoir de ne pas être obligé de reprendre le foot avec un défibrillateur. Néanmoins, le pire a été évité. Et il est toujours bon de rappeler qu’il y a plus important que le foot, dans la vie.
Par Tristan Pubert
Propos d’Alessandro Zorzi recueillis par TP.