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Fiorentina, club renaissance
La Fiorentina est en train de réaliser l'un des meilleurs mercatos du Vieux continent. Tout du moins, l'un des meilleurs en termes de rapport qualité/prix. Ce qui correspond à l'introduction d'un nouveau cycle, que les tifosi attendaient depuis maintenant deux ans.
La saison 2011/2012 a été particulièrement mal vécue à Florence. Les résultats en berne (13e place au final, pire classement depuis la saison de remontée du club en Serie A, en 2004/2005), les écarts de certains, la contestation permanente des tifosi envers la dirigeance. Ce dernier point est bien le plus important : insultés à chacune de leurs sorties l’an dernier, les frères Della Valle, proprios de la Viola, ont décidé cet été de donner un nouvel élan au club. D’introduire un autre cycle par un vaste recrutement, ce que les tifosi réclamaient à juste titre depuis deux ans. Soit la date du départ de Cesare Prandelli. Parce que depuis lors, l’effectif n’avait été que peu renouvelé, la tactique hasardeuse, et les joueurs ne comprenaient pas plus le projet du club que leurs supporters ou dirigeants. Le point de départ de ce mercato est donc là : les Della Valle ont répondu favorablement à l’appel à l’aide (si on peut appeler ça comme ça) de leurs tifosi. Un recrutement intelligent plus tard, revoilà une Fiorentina ambitieuse. La preuve qu’à l’heure actuelle, on peut encore réussir un mercato sans trop de liquidités.
Un Espagnol à la baguette
En fait, la nouvelle idée de la Viola vient d’un homme : Eduardo Macia. Officiellement directeur technique de la Fiorentina, officieusement, celui qui tire les ficelles d’un mercato réussi. Arrivé au chevet de l’ancien directeur sportif Pantaleo Corvino en novembre dernier, cet ancien chef des scouts de Liverpool a vu la Viola se décomposer. De quoi aspirer à mieux pour la saison suivante. Après le retrait de Corvino, il voit Daniele Pradè, ancien directeur sportif de la Roma, prendre place dans l’organigramme. Les voilà, les deux hommes qui organiseront le mercato florentin. Peut-être pourrait-on y ajouter Vincenzo Montella, le nouvel entraîneur, première recrue du mercato qui a sans doute son mot à dire. Tout du moins, l’Aeroplanino est un nouvel appui pour scruter le marché. Un marché que la fine équipe démarre avec logique, en réglant les affaires faciles : l’achat du latéral international Cassani, celui d’El Hamdaoui, la signature gratos du prometteur Facundo Roncaglia en provenance du Boca. Avant de faire un curieux choix, d’abord mal vu par les tifosi : la double vente Gamberini – Behrami au Napoli, contre 10 millions d’euros. Si tout le monde se tape de Gamberini (pourtant capitaine de la Viola la saison dernière), Valon Behrami était considéré comme le capitaine courage de la Fiorentina.
Mais les supporters n’auront pas vraiment le temps de se lamenter. Quelques jours plus tard, Cuadrado, perle de l’Udinese entrevue à Lecce récemment, arrive via un prêt payant. Et ce, avant la première surprise mercato de la Fiorentina : Mati Fernandez. Le meneur de jeu du Sporting Portugal débarque en toute discrétion, comme ça, sans avoir fait l’objet de rumeurs préalables. C’est un peu de la même manière que le pack Borja Valero-Gonzalo Rodriguez arrivera en provenance de Villarreal peu après, exactement le jour des dix ans de règne des Della Valle à la tête de la Fiorentina. Tout un programme. A côté de ça, il y a encore les prêts de Della Rocca et Viviano, le gardien/tifoso. Puis les trois dernières recrues, Alberto Aquilani, David Pizarro et Ryan Babel. Si on devait résumer, la Viola a recruté jusqu’à présent 13 joueurs, pour une somme avoisinant les 20 millions d’euros. Des signatures intelligentes : joueurs en fin de contrat, expérimentés, des paris. Un joli mix qui devra d’abord s’apprivoiser, avant, éventuellement, de tout casser.
La terre du milieu
Car si on analyse le mercato florentin, qui d’après les différents intervenants touche à son terme, il faut tout de même relativiser. Car Vincenzo Montella n’a toujours pas élu tactique : le 3-5-2 introduit par Delio Rossi peut être judicieux, mais sacrifierait Mati Fernandez. Ce qui conviendrait le mieux au talent chilien, ce serait le 4-3-1-2. Ou le 4-3-3, ou un 4-2-3-1 avec Borja Valero plus avancé, comme il le préfère. Vous l’aurez compris, Montella est face à un casse-tête, et doit encore trouver le module qui conviendrait le mieux à son milieu de terrain. Parce que toute sa tactique reposera assurément sur ce point fort. Petit défaut quand même : aussi doué soit-il, ce milieu manque de muscles. Les Aquilani, Borja Valero, Pizarro et Mati, taquinent la balle comme personne, et n’auront aucun mal à balancer de bons ballons. En revanche, pour faire avorter l’offensive adverse… En gros, il manquerait un grognard, un récupérateur, un combattant, un… Behrami, tiens. D’ailleurs pour ça que la Viola a longtemps dragué les Ralf (Corinthians) et Gargano (Napoli). En vain, semble-t-il.
Les pessimistes retiendront également l’aspect « pari » de ce mercato. En vrai, quasiment aucun des joueurs recrutés n’est gage de certitude. Après tout, Mati Fernandez a été barré par les pépins physiques la saison passée (d’ailleurs, il est déjà à l’infirmerie). Aquilani n’a pas réalisé une belle campagne non plus. Toujours mieux qu’El Hamdaoui, qui n’a pas joué le moindre match pro depuis plus d’un an. Viviano, la bandiera ? Revenu de blessure en janvier dernier, il n’a pas retrouvé son niveau d’antan. Pizarro ? Il peut s’essouffler rapidement, à l’approche de ses 33 printemps. Voilà des points qui peuvent encore faire douter. Mais de toute façon, si les choses en restaient là, le club tiendrait une équipe dans sa plus pure tradition. Raffinée, technique. Et puis, romantique, surtout. Du genre à bien jouer, sans trop gagner. Suffisant pour faire revenir l’enthousiasme auprès des très exigeants tifosi florentins, qui reparlent d’ambitions européennes pour la saison à venir. Si les résultats se font attendre, ils ne pourront cette fois-ci en vouloir à leur club, leurs dirigeants, d’avoir œuvré pour la renaissance. Parce qu’il faut bien le dire, à première vue, le mercato florentin a tout d’une toile de maître.
Alexandre Pauwels