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Finnegan Oldfield : « Un second rôle, c’est un milieu ou un défenseur de l’ombre »

Propos recueillis par Maxime Renaudet
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À l’affiche des Exfiltrés, premier long-métrage d’Emmanuel Hamon en salle depuis mercredi dernier, Finnegan Oldfield est une des figures montantes du cinéma français. Entre tournages, promo et voyages, ce supporter de Liverpool trouve toujours un moyen de regarder les matchs des Reds. Entretien avec un acteur prêt à monter les marches de Cannes avec un maillot des Three Lions sur les épaules.

Ta passion pour le cinéma vient dès l’enfance. Quand est-ce que vient le foot ? Assez tôt aussi finalement, car mon père était un vrai fan de foot. Il a toujours été supporter de Leeds et il adorait Terry Cooper, un arrière gauche de Leeds, c’était son idole. Du coup, j’ai grandi avec cette culture foot britannique et ça ne m’a quasiment pas lâché depuis.

Et toi, tu supportes quel club ?

Je ne suis pas ultra au point de me faire tatouer un portrait de Mané ou de Salah dans le dos.

Liverpool, mais je ne suis pas ultra au point de me faire tatouer un portrait de Mané ou de Salah dans le dos. En ce moment, l’équipe de Liverpool est vraiment folle, même si City a une équipe de fou aussi. La course au titre va vraiment être cool à regarder jusqu’à la fin, et j’avoue que ça va être chaud pour nous. Plus jeune, j’ai commencé par adorer Michael Owen parce qu’il était trop fort à PES. Mais maintenant, tout le monde l’insulte de rat à chacun de ces tweets, c’est fou que tout le monde le déteste maintenant.

Tu apprécies quels joueurs en ce moment ? J’adore évidemment le petit trio d’attaque de Liverpool Mané-Salah-Firmino, même si je trouve le Brésilien un peu en dessous. J’aime aussi beaucoup les défenseurs de Liverpool comme Robertson ou Van Dijk qui sont bouillants. Et j’adore évidemment Milner aussi. Sterling est un joueur que j’aurais pu aimer, mais il m’énerve tellement, je le déteste en fait. Le mec gâte tout à la Coupe du monde, et à City, il cartonne.

Et t’es déjà allé à Anfield ? Malheureusement non, mais quand j’étais à Londres, je suis beaucoup allé à Craven Cottage, j’ai un pote qui a grandi à Fulham. J’y suis surtout allé quand ils jouaient encore en Championship, et l’ambiance était vraiment mortelle.

Je me méfie un peu des stades de Premier League qui sont devenus pour la plupart des lieux très touristiques.

Les supporters de Craven Cottage peuvent être parfois un peu paresseux comme lors d’un match contre Preston, tous les supporters adverses s’étaient ramenés en chapeau melon-smoking et ils applaudissaient tout doucement, c’était étrange. À l’inverse, la semaine d’après contre Brentford, les supporters nous insultaient et nous crachaient dessus en beuglant : « We hate Fulham, we hate Fulham ! » Après, je me méfie un peu des stades de Premier League qui sont devenus pour la plupart des lieux très touristiques. Quand je suis retourné à Fulham cette année, il y avait plein d’Américains qui chantaient les slogans de l’équipe de football américain que le propriétaire de Fulham détient. C’était vraiment moins sympa.

À 15 ans, alors que t’avais déjà quitté les bancs de l’école, tu rêvais de devenir footballeur…Ouais, plus ou moins, mais comme beaucoup de gosses de cet âge-là, finalement. En fait, c’est surtout le fait d’être applaudi par tout un stade qui me fascinait, j’ai toujours trouvé ça fou. T’es déjà content quand tu mets un but au five, mais en mettre un en vrai, j’imagine même pas l’orgasme que ça doit être. Je pense vraiment que les joueurs vivent un truc de dingue quand ils marquent. Ça m’émeut toujours un peu de voir tout le stade se lever et applaudir le buteur. Même quand tu regardes les replay de matchs sur OKGoals, ça te prend à la gorge et t’en as presque les larmes aux yeux.

Ce n’est pas la même chose quand une salle t’applaudit après une avant-première ? Ce n’est pas tout à fait pareil, mais c’est une comparaison qui tient la route quand même. Tu peux aussi ressentir des choses vraiment particulières en jouant une scène et en repoussant tes limites. En tant qu’acteur, il y a toujours des moments où tu te dis que tu n’y arriveras jamais, donc tu sors un peu de tes gonds et finalement, en rentrant le soir chez toi, tu kiffes. Je pense qu’avec le théâtre, ça doit être encore plus intense, parce qu’il y a quelque chose de plus instantané vis-à-vis des spectateurs.

Dans un entretien à SoFoot, le réalisateur Christophe Régin disait que réaliser, c’est devenir un numéro dix. C’est pareil quand on est acteur ? Il y a peut-être un peu de ça, en effet. J’avais l’impression que la carrière de footballeur, c’était quelque chose d’évanescent et de temporaire.

Dans le cinéma comme dans le foot, tu as besoin des seconds rôles. Tu prends parfois peut-être moins de risque en jouant un second rôle, alors qu’en fait, tu es davantage valorisé.

Mais en fait, il y a une sorte de seconde vie, même si parfois, ça fait de la peine comme Thierry Henry à Monaco. En revanche, dans le cinéma comme dans le foot, tu as besoin des seconds rôles. Tu prends parfois peut-être moins de risque en jouant un second rôle, alors qu’en fait, tu es davantage valorisé. C’est typiquement le cas dans The Dark Night de Christopher Nolan. Christian Bale se fait clairement manger par Heath Ledger qui joue le joker. C’est pareil dans Taxi Driver avec la tirade magnifique d’Harvey Keitel qui joue pourtant un second rôle. Le second rôle, c’est un milieu de terrain ou un défenseur de l’ombre. C’est aussi pour ça que je considère les tournages comme un truc d’équipe où chaque personne a un rôle important, comme dans le foot finalement.

Donc acteurs et footballeurs sont plus proches que ce qu’on pourrait penser ?Exactement. En fait, ce que je trouve aussi magnifique dans le foot, c’est comment un chef d’équipe peut changer la donne comme à United depuis que Solskjær a remplacé Mourinho. Je trouve ça fascinant la manière dont un acteur peut briller avec un réalisateur et se planter avec un autre. Et c’est la même chose dans le foot. Pareil concernant les trajectoires de carrière, l’acteur est comme le footballeur, il peut rapidement être en haut de l’affiche, mais aussi au plus bas très vite.

Il paraît que pendant les tournages, tu trouves toujours un moyen de regarder les matchs.

Le chef opérateur avait posé son portable avec un streaming à côté de sa caméra. Du coup, t’imagines bien que tous les plans étaient plus ou moins ratés.

Ouais, c’est toujours rageant de pas pouvoir regarder un match parce que tu bosses. Et vu le monde qu’il y a dans les équipes de tournage, je suis rarement le seul à vouloir regarder les matchs. Pendant le dernier Euro, j’avais un tournage en Belgique pour l’adaptation du livre de Romain Gary, La Promesse de l’aube. À un moment, le chef opérateur du film avait posé son portable avec un streaming à côté de sa caméra. Du coup, t’imagines bien que tous les plans étaient plus ou moins ratés.

T’apprécierais qu’on te propose un rôle dans un film qui parle de foot ?Je kifferais trop, ça serait un rêve. En revanche, tu peux faire semblant de beaucoup de choses dans le cinéma. Dans Exfiltrés par exemple, je parle arabe et c’est crédible. En revanche, c’est beaucoup plus difficile de faire semblant d’être bon au foot, je pense que c’est vite cramé.

Quand on lit des portraits de toi dans la presse, ton troll aux Césars en 2016 revient sans cesse. Ça aurait été possible de faire la même chose à la cérémonie du Ballon d’or ?Ça serait très drôle. Je les invite vivement à le faire.


On t’a vu porter un maillot de l’Angleterre pendant la promo du Poulain, le film de Mathieu Sapin dans lequel tu partages l’affiche avec Alexandra Lamy. Le jour où tu gagnes un César, tu monteras sur scène avec un maillot de foot ? Ça serait classe. Mais est-ce que ça mérite une vraie célébration de recevoir un César ? Les acteurs sont timides quand ils montent sur scène. Ils sont comme les joueurs, ils réfléchissent à leur célébration la veille. En vrai, il faudrait faire la célébration de Mané ou de Firmino plutôt que de faire un discours.

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