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Pour Jude Bellingham, une finale fratricide
Opposé au Borussia Dortmund ce samedi en finale de la Ligue des champions, le Real Madrid va encore pouvoir compter sur Jude Bellingham pour mater la défense allemande. D’autant plus que l’ancien milieu du BvB connaît bien la maison jaune et noir.
Le 27 mai 2023, Jude Bellingham était en larmes, et encore vêtu de jaune et de noir. Blessé au genou, il n’avait pas pu prendre part à l’ultime journée de Bundesliga, qui aurait pu sacrer le Borussia Dortmund en cas de victoire à domicile face à Mayence. Mais sans son Anglais, le BvB nous avait offert une énième faillite au moment de conclure et avait perdu le titre à cause d’un match nul (2-2). Sur le banc cet après-midi-là, impuissant, Bellingham avait les mirettes humides, pour son dernier match avec Dortmund. Un an plus tard, quasiment jour pour jour, le Borussia a une nouvelle occasion d’écrire son histoire. Mais cette fois, le prodige joue dans l’équipe d’en face, le Real Madrid, et ne compte pas faire de cadeau à ses anciens copains en finale de la Ligue des champions ce samedi, à Wembley.
Patron précoce
« C’est une sorte de fin de conte de fées pour conclure cette saison. Être de retour à la maison en Angleterre, jouer contre Dortmund. Évidemment, il y a beaucoup de facteurs qui peuvent rendre cette finale chargée en émotions pour moi », avançait Bellingham ce lundi en conférence de presse en amont du dernier rendez-vous de la saison avec son club. Récipiendaire du trophée Kopa, et élu meilleur joueur de la saison en Liga, sans véritable opposition, l’enfant de Birmingham a réalisé ce que les fans de sports américains appellent un back to back : il avait déjà été nommé meilleur joueur l’an passé, en Bundesliga. Pour sa dernière saison dans la Ruhr, il avait claqué quatorze pions et délivré sept caviars, tout en ayant eu l’honneur de porter le brassard de capitaine à quatre reprises. « Jude a été fantastique aujourd’hui. Vous comprenez pourquoi il porte le brassard de capitaine, malgré son jeune âge. Il a crevé l’écran et a réalisé un grand match », jubilait Edin Terzić, alors que son poulain de 19 ans venait de martyriser l’entrejeu du Séville FC à Sánchez-Pizjuán en octobre 2022.
Déjà capital à Dortmund, Bellingham l’est devenu à Madrid, avec un début de saison absolument extraordinaire, au cours duquel le milieu relayeur au tempérament offensif a affolé les compteurs : 17 buts entre août et décembre 2023. « Je ne pense pas qu’il soit encore de très haut niveau, dans le sens d’être prolifique devant le but. Mais il s’est montré très performant. Il se déplace bien sans le ballon. Il est très intelligent. Il se place au bon endroit, au bon moment. Et il ne s’agit pas seulement de sa capacité à se défaire de son marquage, mais de l’ensemble de ses qualités », admirait déjà Carlo Ancelotti, après son but salvateur (le quatrième de sa saison) contre le Celta de Vigo lors de la troisième journée de championnat (1-0).
Depuis, l’ogre s’est calmé et tourne à des standards plus humains (six buts en championnat durant la phase retour). Ce qui ne veut pas dire qu’il a baissé de niveau, au contraire. « Sur la première moitié, j’ai beaucoup marqué, moins sur la deuxième. De l’extérieur, vous regardez beaucoup les chiffres et les buts, mais je pense que j’ai progressé au fur et à mesure. J’ai été plus impliqué dans d’autres compartiments du jeu et j’ai fait plus de passes décisives », s’est-il défendu devant la presse cette semaine. S’il n’a permis à Dortmund de remporter qu’une Coupe d’Allemagne, il aura au moins offert au BvB une coquette indemnité de transfert l’été dernier. Apparemment plus que les 103 millions d’euros régulièrement avancés par les médias. « S’il ne s’agissait que de 103 millions, nous aurions mal négocié », a admis Hans-Joachim Watzke, directeur général du club allemand dans une interview pour AS ce jeudi. Ce samedi, Bellingham pourrait ponctuer magnifiquement sa saison, deux semaines avant le début de l’Euro, et se présenter comme le favori au prochain Ballon d’or. Tout ça à l’aube de ses 21 ans, s’il vous plaît.
Par Léo Tourbe