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Finale entre beaux perdants
Programmée très tard, la finale de la Coupe du Roi opposera ce soir, au Vicente Calderon, les deux perdants de l’année en Espagne, l’Athletic Bilbao et le FC Barcelone. Aussi les deux plus beaux jeux du pays.
FC Barcelone-Athletic Bilbao, ou le grand classique de la Copa del Rey. 36 finales chacun, 25 titres pour le Barça, 23 pour Bilbao. Ce sont bien les deux cadors de la compétition qui se disputeront la 108e édition de l’Histoire, ce soir, à Madrid. C’est d’ailleurs la septième fois que Basques et Catalans se retrouvent en finale, avec avantage 4-2 pour le Barca. Tout ça, c’est bien beau, mais cette finale alléchante, il faut bien le dire, c’est quand même un peu celle des losers de l’année. En premier lieu, le Barça, qui, après avoir à peu près tout gagné pendant trois ans, a déjà perdu deux titres majeurs (Liga et C1), cette saison. Pour Bilbao, c’est différent. Sans titre depuis 1984, les Basques pourraient se satisfaire de deux finales, mais la pression est montée d’un cran après le fiasco de Bucarest (défaite 3-0 contre l’Atlético en Europa League). D’autant qu’à jouer sur tous les tableaux, l’effectif petite taille de Bielsa a sombré en championnat, alors que la 4e place, qualificative pour le tour préliminaire de la C1, paraissait accessible. Échecs en Liga, désillusions européennes, cette Coupe du Roi est donc l’occasion pour l’un, comme pour l’autre, de sauver une saison frustrante.
« Ce que l’on veut, c’est du spectacle »
Les deux régions les plus indépendantistes du pays qui se disputent la Coupe dans la capitale, ça fait forcément du grabuge. Esperanza Aguirre, la Présidente de la communauté de Madrid, a lancé les hostilités en appelant à suspendre le match si l’hymne espagnol était sifflé. Ce qui sera probablement le cas. « Beaucoup de bruit a été fait autour de cette affaire, et ce n’était pas nécessaire. Ce que l’on veut, c’est du spectacle » , répond Iniesta. Ca tombe bien, du spectacle, les deux finalistes sont habitués à en offrir. Une finale de losers certes, mais une finale de beaux losers. Le show catalan, on connaît : les passes à n’en plus finir, les enchaînements Xavi-Iniesta-Messi et les manitas par-ci par-là.
Mais ce qu’on a découvert cette saison, notamment en Europa League contre les grosses écuries, c’est le jeu offensif clinquant de Bilbao, mis en place par les Muniain, Susaeta, Herrera et Llorente. La marque Bielsa. D’ailleurs, Guardiola bouclera ce soir ses quatre années exceptionnelles avec le Barça face à son mentor argentin. Quand on voit jouer les Basques cette année, on comprend mieux d’où vient l’inspiration du Pep. Posséder le ballon et attaquer sans arrêt. La philosophie de jeu est la même pour les deux équipes. À une différence près toutefois, et non des moindres : le profil du numéro 9. Le Barça a Messi, Bilbao a Llorente.
Le dernier effort
Pour battre un adversaire qui lui est supérieur et ramener un premier trophée à San Mamés depuis des lustres, le meilleur buteur basque mise sur la fin de cycle du Barça : « Cette année, on a montré qu’on s’était amélioré et eux n’ont pas été aussi bons qu’ils l’espéraient. Le fait de ne gagner aucun titre, plus le départ de Guardiola, ça a été difficile pour eux. Ça peut avoir son importance. On essaiera d’en profiter. » Après la grosse déception de Chelsea et à une quinzaine de jours du début de l’Euro, auquel une bonne partie de l’effectif participera, le point d’interrogation sur le Barça est sa capacité à se remotiver. Cette finale arrive très tard. « C’est le dernier effort de la saison » , s’encourage Iniesta, le spécialiste de ce genre de rendez-vous. Un effort, donc. Les Catalans auront au moins deux sources de motivation : offrir à leur entraîneur un 14e titre pour son départ et ne pas laisser vains les 66 buts inscrits par Messi cette saison (Liga, Coupe, C1). Côté basque, Marcelo Bielsa, particulièrement malheureux lors des finales qu’il a disputées (défaites en Europa League cette saison, en Copa Libertadores en 1992 avec Newell’s et en Copa America en 2004 avec l’Argentine), espère enfin soulever une coupe qu’il mériterait pour l’ensemble de son œuvre.
Par Léo Ruiz