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Fin de saison mexicaine pour Ronaldinho
Deux mois après son arrivée aux Gallos Blancos de Querétaro, la saison est déjà terminée pour Ronaldinho. Un échec, puisque son nouvel employeur ambitionnait de disputer la Liguilla, les play-offs qui concluent le championnat mexicain. Reste que Querétaro a indéniablement réussi son coup médiatique.
« Je suis allé le voir dans sa chambre d’hôtel au terme de notre dernier match et je lui ai demandé quels étaient ses projets pour la saison prochaine. Il m’a répondu qu’il voulait rester à Querétaro et être champion avec nous, qu’il se plaisait au Mexique et pensait même acheter la maison qu’il loue actuellement. » Directeur opérationnel de Querétaro, Arturo Villanueva est l’homme qui a réussi le gros coup de la saison, en amenant Ronaldinho au Mexique, et celui qui assure aujourd’hui que la première saison de la star brésilienne chez les Gallos Blancos ne devrait pas être la dernière. Quand Ronnie s’est entretenu avec son dirigeant, samedi soir, dans un hôtel de Tuxtla Gutiérrez (Chiapas), il venait pourtant de vivre un décevant épilogue. L’ex-idole du Camp Nou venait bien de donner une superbe passe décisive à Camilo Sanvezzo, le goleador de la saison régulière (douze buts en dix-sept matchs), mais en s’inclinant sur la pelouse des Jaguares Chiapas (2-1), l’équipe bleu et noir a dit adieu à ses espoirs d’arracher sa qualification pour la Liguilla (play-offs). Pour ne rien arranger, le milieu de terrain brésilien William da Silva s’est transformé en lutteur MMA dans les dernières minutes de jeu. Un coup de folie sanctionné par cinq matchs de suspension. Résultat : Querétaro termine la saison à la douzième place. Quand Ronnie a surpris son monde en signant dans ce club alors inconnu à l’international, Querétaro pointait à la huitième place…
Quel bilan tirer exactement de la première saison de Ronaldinho ? Une saison prise en marche et débutée officiellement le 21 septembre, à l’occasion de la neuvième journée. Sur le plan comptable, le bilan du Ballon d’or 2005 est loin d’être indigne : trois buts et trois passes décisives en neuf rencontres. À part lors de son premier match face à des Chivas en état de décomposition avancée (1-4), Ronnie n’a toutefois jamais semblé peser sur le jeu de son équipe. Il ne tire pas les fils, erre trop souvent à la recherche d’un second souffle et semble se contenter de quelques fulgurances, à moins qu’il ne puisse produire davantage à 34 ans. « On savait que ce ne serait pas le Ronaldinho du Barça, estime Amilcar Godínez, chef de la Resistencia, barra aux 4000 membres, mais on pensait voir un vrai leader d’attaque, on reste sur notre faim. » « Physiquement, il n’est certes pas encore au point, mais c’est un joueur qui donne quatre à cinq ballons de but par match, on a simplement manqué de réalisme pour bonifier son apport » , assure pour sa part Villanueva, en avocat dévoué. Ronaldinho a joué la plupart de ses matchs en neuf et demi, position que lui a affecté l’entraîneur, Ignacio Ambríz, ex-adjoint de Javier Aguirre à l’Atlético Madrid, manière de le dispenser autant que possible des efforts de pressing et récupération. Un choix judicieux sur le papier, mais qui n’a pas payé. À Monterrey, Tijuana ou au Chiapas, l’ex du PSG et du Barça a pu se distinguer sur coups de pied arrêtés, mais est rarement parvenu à se retourner : « Ronaldinho a été surpris par le niveau du championnat mexicain, notamment par la qualité du pressing de la plupart des équipes » , assure Villanueva.
Avec Ronaldinho, Querétaro n’est pas parvenu à se qualifier pour la Liguilla, son objectif, mais est bien entré dans une autre dimension. Celle d’une star internationale. Du jour au lendemain, Querétaro a ainsi rempli son stade (35 000 places), mais aussi celui des autres, comme le font les grands du Mexique, América ou Chivas. Les joueurs ont, pour leur part, vu pour la première fois des supporters les attendre à leur hôtel et le club a écoulé des maillots au-delà des frontières de l’agglomération de 600 000 habitants au charmant centre-ville colonial, qu’il représente. « Même autour du stade des Tigres Monterrey, où les supporters sont particulièrement fanatiques, j’ai vu des stands entiers vendant des maillots de Ronnie » , assure Villanueva. « Tout à coup, il est devenu difficile d’obtenir un billet, on a vu arriver dans notre stade un public qui venait d’autres villes ou États, enchaîne Amilcar Godínez, des supporters occasionnels, même si certains d’entre eux vont peut-être tomber amoureux du club à force de venir. » Partout, la même scène : préposé aux coups de pied arrêtés, Ronaldinho tire un corner et un mur de flashs venus des tribunes fait scintiller son geste. Inconnu à l’international, Querétaro se voit désormais proposer des rencontres amicales par des clubs japonais, comme nous le confie Villanueva. Le 16 novembre, les Gallos Blancos, dont le siège se situe à deux heures de route au nord de Mexico, ont joué leur premier match au-delà des frontières mexicaines. Pas au Japon, mais aux États-Unis : un amical, à Houston, face à Santos Laguna. « Sans Ronnie, cela n’aurait pas été possible » , souligne Villanueva. Ronaldinho à Querétaro, c’est un peu comme si Adriano signait au Havre…
Quand il est arrivé au Mexique, le Ballon d’or 2005 ne s’est pas débiné quand il a été interrogé sur son mode de vie, assurant qu’il continuerait à vivre comme il l’a toujours fait. Aucun scandale n’est toutefois venu ponctuer ses premiers mois au pays du Tequila. « Les gens qui l’ont croisé dans un restaurant ou dans un bar parlent toujours de quelqu’un de simple et d’aimable, bien entendu il y a des rumeurs, mais ce qui est certain, c’est qu’il était tous les jours à l’heure à l’entraînement » , détaille le barrista Godínez. Dans un club où les cinq étrangers autorisés par le règlement sont brésiliens, Ronaldinho, qui s’est fait construire un terrain de foot-volley dans sa nouvelle demeure, semble se sentir bien, malgré les décevants résultats. « En fait, aucune équipe ne nous a vraiment été supérieure, mais on a commis de grosses erreurs défensives ou de concentration qui nous ont coûté cher » , estime Villanueva. « À l’entraînement, la joie de vivre de Ronaldinho est contagieuse, reprend le journaliste Marcos Arellano, qui suit Querétaro au quotidien pour Diario de Querétaro, mais sur le terrain, il semble parfois un poids pour son entraîneur, même si on peut estimer qu’il se trouve encore en période d’adaptation. » « En fait, on voudrait qu’il pèse davantage, enchaîne Godínez, comme Cuauthémoc Blanco (Puebla) qui continue à aider ses équipes même s’il a plus de 40 ans. » Reste qu’au Mexique, l’impact médiatique de Ronaldinho a été si fort que plus d’un club penserait désormais à s’acheter sa star sur le déclin. Cette possible migration de glorieux trentenaires devrait plutôt avoir lieu lors du mercato d’été que lors du difficile marché de décembre. Les noms de Gerrard, Xavi ou Drogba ont circulé. Au Mexique, on paie bien : plus de 100 000 euros mensuels, pour les meilleurs. Pour sa part, Grupo Imagen, l’ambitieux propriétaire des Gallos Blancos, pense, lui, à renforcer son équipe pour le prochain tournoi, mais pas avec des grands noms. « On veut simplement des joueurs qui vont aider l’équipe » , assure Villanueva. Suffisant pour que Ronaldinho puisse quitter le club en champion du Mexique ?
Thomas Goubin, au Mexique