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Fin de saison et repos mérité pour Steven
Sèchement battus en finale du tournoi A10, Steven et les Rams ne participeront pas au tournoi NCAA. Si cette défaite marque la fin de la saison du jeune Français, elle lui permet toutefois de souffler un peu et de s'offrir un peu de bon temps à l'américaine.
C’est déçu et amer que Steven Dal Molin se confie sur la fin de saison de son équipe, les Rams de VCU. Depuis les Commons, un bâtiment immense dédiée au bien-être des étudiants de l’université qui peuvent y trouver des restaurants, des espaces de détente et d’autres de travail, le jeune Montpelliérain dresse le bilan de deux mois de football : « Forcément, je suis déçu. J’ai été blessé une bonne partie de la saison, du coup j’ai perdu ma place et je ne suis jamais vraiment revenu… » Steven devra maintenant attendre 2016 pour se replonger corps et âme dans le football. D’ici là, beaucoup d’horizons se sont ouverts à lui. Des horizons qui lui étaient jusque-là inaccessibles, du fait de son investissement quasi total dans le ballon rond. Ces horizons, ce sont ceux de la fête, des spectacles que sont les matchs de basketball aux États-Unis, des événements symboliques de la vie chez l’Oncle Sam : Black Friday, Thanksgiving, etc. Et Steven a bien l’intention de profiter de chacun de ces moments sans en perdre une miette. Sans oublier, bien évidemment, que les examens scolaires ne sont plus très loin.
Dayton revanchard
Après deux victoires face à George Washington (0-4) puis Fordham (0-1), Steven et les Rams retrouvent en finale du Tournoi A10 Dayton, l’équipe qu’ils avaient battue sur le fil pour se qualifier pour ce dit tournoi. « Le petit problème, c’est qu’en les battant ce jour-là, on les avait aussi privés du titre de champions de conférence. Du coup, ils avaient sans doute envie de se venger » , explique Steven qui assiste, impuissant, à la déroute de son équipe. Au final, les Rams s’inclinent lourdement (4-1) et disent adieu au tournoi NCAA. « Ils ont tout simplement été bien meilleurs que nous. Ils ont une tactique bien rodée : ils balancent devant sur leur très grand attaquant, qui conserve très bien le ballon. Et puis, l’autre différence, c’est qu’ils jouent avec énormément de seniors. Ça fait donc trois ans que toute l’équipe se connaît, y a une osmose » , détaille le Français, qui a eu le temps de prendre du recul pour analyser la défaite des siens et d’en tirer des conclusions plutôt positives. « On est allés plus loin que l’an dernier. Puis c’était seulement la troisième fois de l’histoire de VCU que les Rams disputaient la finale du A10. »
De retour à Richmond, Steven passe du temps avec les préparateurs physiques. « Du lundi au vendredi, j’ai été avec eux tous les jours, deux fois par jour. Ils voulaient faire de moi une machine avant mon retour en France pour les fêtes » , se remémore Steven, les muscles encore un peu endoloris par ces séances intenses. Prochain rendez-vous avec le ballon rond début janvier. Et les Rams ont plutôt intérêt à être prêts : « Le programme va être très chargé. On va faire énormément de physique, ça va être intense. » Le but ? Se préparer à la saison du printemps, composée de matchs amicaux qui ont tout de même un impact sur le classement NCAA. « Là, on va avoir nos rendez-vous individuels de fin de saison. Je vais sans doute devoir changer de poste. Je suis arrivé en tant que 6 alors qu’eux attendaient un défenseur central. C’est pas mon objectif premier, mais pour l’équipe, ce serait sans doute mieux » , concède Steven. « À voir si ça peut me servir à long terme. »
Basketball et sororité
À peine revenu du tournoi A10 et déjà Steven part-il en vadrouille direction l’arena de basketball pour voir un match des Rams avec son colocataire. « On était juste devant la ligne des pompom girls, donc autant dire qu’on était très bien placés » , plaisante le jeune Montpelliérain, qui manque de mots pour décrire la taille ahurissante de la salle autant que l’engouement des supporters présents. « C’est inimaginable. La dernière fois, VCU a joué contre Duke au Madison Square Garden. La salle était pleine et le match était retranscrit sur ESPN » , s’étonne encore Steven. « À Richmond, tout le monde supporte VCU. Les gens ont des casquettes, des T-shirts, tout à l’effigie des Rams. J’ai même vu un mec avec une couverture VCU à l’arena. » L’esprit Rams habite toute la ville, surtout quand les sportifs sont de sortie. Quand Steven et ses coéquipiers arpentent les bars et les boîtes de nuit de la ville, le jeune Français peut en attester. « C‘était vraiment sympa d’être avec toute l’équipe et les autres sportifs. On a beaucoup rigolé. »
L’autre événement marquant de la quinzaine de Steven, c’est l’interview du footballeur par une sororité de l’université. Avec un coéquipier et d’autres garçons venus des différentes équipes de VCU, Steven se prête au jeu des questions/réponses. « On était une quinzaine de garçons face à toute une sororité, soit une centaine de filles. Elles nous posaient des questions osées, et chacun à notre tour, on devait répondre. Quand la réponse les satisfaisait, elles se mettaient toutes à hurler en faisant claquer leurs doigts » , explique Steven qui pense sur le moment être dans un teenage movie à l’américaine. « À la fin, quand j’ai demandé qui voulait des cours de français particuliers, elles ont hurlé, c’était n’importe quoi. Un des gars est venu me voir et m’a dit : « Franchement, c’est injuste ce que tu fais. Rien qu’avec ton accent, t’as déjà gagné ! » » Comme quoi, le mythe de la séduction grâce à l’accent français a encore de beaux jours devant lui.
Réaction aux attentats et Thanksgiving
Loin de Paris lors des attentats du 13 novembre, Steven est marqué par les réactions des Américains. « Heureusement, aucun de mes proches n’habite Paris. Mais vraiment, les gens ici ont été touchés et touchants. Tout le monde m’a demandé des nouvelles de mes proches immédiatement » , explique Steven, également surpris par la réactivité de l’équipe enseignante de VCU. « Très rapidement, plein de conférences ont été organisées à l’université. Et beaucoup de professeurs ont remplacé leurs cours par des débats, des échanges avec les élèves. C’était très instructif. » Ses sombres événements maintenant derrière lui, Steven va pouvoir fêter Thanksgiving comme un véritable américain. « Je ne voulais pas rester à l’appartement et ne rien faire, alors je vais aller fêter Thanksgiving avec mon préparateur physique, mon kiné et leurs femmes. On va faire un gros repas, tout ce que je voulais ! »
Par Gabriel Cnudde