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ACTU MERCATO

FIFA TMS : Transferts Magique Système ?

Par Eric Carpentier
FIFA TMS : Transferts Magique Système ?

En 2010, la FIFA a mis en place un système obligatoire de validation des transferts internationaux pour les 6 500 clubs professionnels du monde. Entre standardisation et recherche de transparence, présentation du fax 2.0.

« Dans le cas du FC Barcelone, le club a été reconnu coupable d’une violation de l’article 19 du Règlement du statut et du transfert des joueurs en relation avec le transfert de dix joueurs mineurs.(…)La commission de discipline a considéré l’infraction comme grave, et a décidé de sanctionner le club d’une interdiction de transfert, aux niveaux national et international, pour deux périodes de transfert consécutives, ainsi que d’une amende de 450 000 francs suisses. » Mercredi 2 avril 2014, le communiqué de la FIFA met une claque aux socios du Barça et à tous ceux qui voyaient en l’institution catalane le symbole d’une gestion exemplaire, au-delà même du strict respect du droit.

Trois ans après avoir abandonné le logo Unicef sur la tunique blaugrana, une période se referme définitivement. Plus discret jusqu’alors, un système administratif fait lui son apparition au premier plan : le FIFA TMS, pour Transfer Matching System, à sous-titrer « Système de régulation des transferts » . Il est même invoqué dès les premières lignes du communiqué : « Cette décision a été rendue après des enquêtes initialement menées par la filiale de la FIFA, Transfer Matching System GmbH (FIFA TMS), au cours de l’année dernière, puis par la Commission de discipline de la FIFA dans le cadre de procédures disciplinaires. » Derrière cette filiale, une volonté de transparence accrue dans les transferts internationaux de la part de la FIFA. Un truc simple et complexe à la fois.

Standardiser pour matcher

« Nous visons ainsi l’excellence, la transparence et l’intégrité dans tout ce que nous faisons. » Une telle profession de foi, quand elle émane de la galaxie FIFA, peut prêter à sourire. C’est pourtant bien transparence et intégrité qui sont à l’origine de la création de la FIFA TMS GmbH, l’équivalent d’une SARL de droit français. En 2007, la Task Force « Pour le bien du Football » recommande, après deux ans d’étude, la création d’un système centralisé d’administration des transferts internationaux. Elle espère ainsi réduire les litiges entre clubs, améliorer l’identification des personnes impliquées dans les transactions et identifier à grande échelle les mouvements douteux, notamment en ce qui concerne les transferts de mineurs. À 199 voix contre 3, le Congrès s’aligne sur la recommandation.

Suit une phase de test de dix-huit mois, avant la grande décision : en octobre 2010, il devient obligatoire pour l’ensemble des clubs professionnels dépendants de fédérations affiliées à la FIFA – soit environ 6 500 entités – de passer par le tout frais logiciel International Transfer Matching System, ou ITMS, pour valider une mutation internationale. Au risque de se faire prendre la main dans le sac.

« L’utilisation s’améliore avec les années. On a tâtonné au début, le temps de bien prendre en main l’outil » , se remémore Olivier Cloarec, directeur général du Dijon Football Côte-d’Or. « Mais on a eu des formations avec la Fédération, qui est toujours en soutien et qui joue un rôle primordial. » Il faut dire que l’ambition est grande : centraliser, dans une même base de données, tous les documents nécessaires à la validation d’un transfert international, quelles qu’en soient provenance et destination. « Avec les pays limitrophes, c’est souvent rapide. Mais quand il y a des gros décalages horaires ou que l’on traite avec des clubs ou des fédérations moins structurés, ça peut être plus long. » Qu’il deale avec un homologue anglais ou kirghize, le délégué au TMS devra atteindre le même objectif : « matcher » dans la trentaine de champs requis, pour finalement conclure. Car les informations entrées dans le système par les deux parties doivent être exactement identiques pour que soit délivré le précieux CIT, le Certificat international de transfert sans lequel rien n’est possible.

Le mythe de l’aéroport

À cela s’ajoute la flopée de documents indispensables, eux aussi centralisés. Le dernier exemple bourguignon en date est celui de Romain Rüfli. Alors même que le joueur était en fin de contrat avec Sion, le TMS étant obligatoire pour tout joueur changeant de Fédération, Romain Cloarec a dû mettre dans le système « un papier du FC Sion certifiant qu’il n’y a pas de TPO sur le joueur, une preuve que le contrat était bien terminé, le nouveau contrat du joueur, sa rémunération, le nom de l’agent avec lequel le club a signé, des justificatifs d’identité… C’est plutôt complet. » Un processus finalement assez long, et bien éloigné « du mythe du contrat signé à 23h59 dans un aéroport » .

Un processus également à l’origine du transfert avorté de David de Gea au Real, ainsi que l’expliquait la Maison-Blanche en septembre 2015 : « Manchester United a introduit dans le TMS les données de l’opération de David de Gea, mais pas ceux de Keylor Navas, à minuit heure espagnole, envoyant simultanément au Real Madrid les contrats de transferts signés. Le Real Madrid a reçu cette documentation complète à 00h02 et a tenté d’accéder au TMS, mais il se trouvait déjà fermé. À 00h26 heure espagnole, le système informatique du TMS de la FIFA a envoyé une invitation au Real Madrid pour qu’il complète les données du joueur David de Gea, puisque les inscriptions restent ouvertes en Angleterre jusqu’à aujourd’hui (le 1er septembre, ndlr). Le Real Madrid, face à la possible éventualité d’un contentieux sur le transfert du joueur, a décidé de s’en référer aux contrats de la Ligue de football professionnel, tout en sachant que les délais avaient expirés. »

Transparence et services payants

Mais au-delà de la simple standardisation administrative, il y a donc une volonté de contrôle. Les litiges entre clubs sont réduits, puisqu’il existe une trace enregistrée des sommes et clauses d’un accord. En indiquant le nom des agents impliqués, la FIFA limite par ailleurs la multiplication d’agents officieux, même si les commissions illicites peuvent toujours passer sous les radars du système. Elle évite aussi les mutations de joueurs imaginaires, en fait méthodes de blanchiment en faisant sortir l’argent d’un pays. Encore, les détails sur l’opération permettent l’identification de transferts douteux, ainsi ceux du Barça ou des clubs madrilènes. Un pas en avant, pour le secrétaire général du DFCO : « Ça sécurise pas mal de choses, ça facilite les relations avec les intermédiaires. Je ne sais pas si c’est efficace à 100 %, il peut toujours y avoir des failles, mais ça a au moins le mérite d’exister, c’est une bonne chose. » Dans un système traditionnellement d’une opacité totale, l’évolution va effectivement dans le bon sens.

S’il reste illusoire d’obtenir une transparence complète à destination du grand public, la FIFA récolte néanmoins des données en masse qu’elle transmet, sur demande, aux fédérations continentales ou nationales. Soit une avancée certaine dans le déclenchement d’enquêtes sur des transferts douteux. Pour les autres, il y a les services payants. Le dernier rapport en date coûte par exemple 199 dollars. Un document de 44 pages rempli de chiffres et de graphiques, qui montre la domination financière anglaise, l’émergence chinoise ou les 2 157 demandes de transferts de mineurs, acceptées ou refusées, en 2015. Plus important, la FIFA TMS GmbH propose aux fédérations nationales d’adopter une version domestique du logiciel obligatoire à l’international. Les Hollandais ont été précurseurs, suivis cet été par la Fédération nigériane.

Il y a aussi le GPX, pour Global Player Exchange. Une sorte de réseau social pour les professionnels du football, porté à la connaissance d’Olivier Cloarec il y a peu : « Mais ce n’était pas la priorité, avec le début de saison. Et puis, Dijon est moins soumis au FIFA TMS que des grands clubs. Des TMS, je n’en fait pas 10 tous les ans » , nuance le secrétaire général. Ce qui le place quand même au-dessus de la moyenne mondiale : au 2 août 2016, il y a eu 9 564 transferts internationaux réalisés dans l’année par les quelque 6 500 clubs concernés. Le tout moyennant 2 milliards 920 millions d’euros. De quoi payer un paquet d’amendes de 450 000 francs. Même suisses.

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