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Fifa contre faux maillots : vain combat à Rio

Par Nicolas Ksiss-Martov et William Pereira, à Rio de Janeiro
Fifa contre faux maillots : vain combat à Rio

C'est l'une des questions les plus importantes pour tout touriste en goguette durant cette Coupe du monde : où acheter des maillots au meilleur prix et de la moins mauvaise qualité pour le fiston, l'oncle ou le beauf. Mais dans cette course folle vers le bon plan, la FIFA fait tout pour obliger le supporter lambda à dépenser ses reais dans ses caisses. Pas sûr qu'elle y parvienne.

Dans l’ombre des manifestations contre le coût de la Coupe du monde ou du ticket de métro, un autre combat fait rage entre la FIFA et le petit peuple brésilien : le marché du faux. Car la grande multinationale du foot qu’est devenue la maison de Blatter connaît ses priorités. Dans son budget validé en congrès juste avant l’ouverture, à hauteur de 1 386 millions de dollars, les droits marketing pèsent 404 millions, à peine devancés par les droits télé. C’est peu dire que dans le rapport de force avec le Brésil, il n’est pas seulement question du tarif des places, surtout dans un pays où la contrefaçon représente quasiment le premier marché en termes de ventes réalisées.

Répression policière

Mais comme pour à peu près tous les bras de fer initiés contre la maison de papy Blatter, Dilma Rousseff a finalement cédé devant les pontes du football mondial, lesquels ont obtenu le vote d’une loi générale à l’occasion de la Coupe du monde qui tape notamment très fort sur tout ce qui relève de la contrefaçon. De quoi effrayer les marchands de l’énorme rue marchande du quartier d’Uruguaiana ? Oui, mais sans plus. « C’est un peu risqué de vendre des répliques pendant la Coupe du monde, confesse Gloria, mais on est un peu obligés de le faire parce qu’il faut bien qu’on gagne notre vie. La police fait des contrôles assez réguliers depuis quelques mois. Bien plus que d’habitude. Et quand on les voit, il faut vite cacher les répliques pour ne pas se faire attraper. Quand un commerçant voit la police arriver, il en prévient un autre et ensuite le bouche à oreille fait le travail. Mais parfois ça ne suffit pas, c’est risqué. Moi, je ne me suis jamais faite attraper, mais j’ai conscience que ça peut arriver. » Si la répression policière est une arme de dissuasion efficace, les principaux concernés craignent plus de se retrouver à la rue que derrière des barreaux : « Ici, si les flics t’attrapent, ils saisissent tout ce que tu as. Au mieux, tu payes une forte amende, au pire, tu vas en prison. Les mesures sont très radicales. Sans compter que ta boutique ferme et que tu te retrouves sans boulot. Moi ça va, je ne vends pas trop de contrefaçons, donc je ne m’en fais pas trop pour moi » , partage Roberto dont le regard méfiant trahit un mensonge gros comme les finitions approximatives des maillots mis à la vente dans son stand.

L’acharnement de la FIFA par le biais du gouvernement brésilien est donc bien réel, mais aussi à côté de la plaque comme l’explique Adriana, une blonde éblouissante, toute de rouge vêtue et dont le legging sert de meuble à son Samsung. « Les touristes ? Ils ne m’achètent rien du tout, mes produits ne les visent pas. Ma clientèle, ce sont les classes populaires pour qui les maillots officiels sont bien trop chers. » Le témoignage de Mario, vendeur dans une boutique de produits officiels qui fait face au marché, va également dans ce sens. « On vend deux fois plus de maillots que d’habitude, notamment les maillots des équipes nationales étrangères grâce aux touristes présents à Rio. Celles qu’on vend le plus sont celles de l’Italie et du Portugal. Par contre, personne ou presque ne nous achète de maillots du Brésil, trop chers pour la population. »

Des faux de mauvaise qualité

La régulation du marché de ventes de maillots est donc conditionnée par les moyens des uns et des autres à tel point que l’on ne puisse pas vraiment parler de concurrence entre le marché du faux et celui du « copyright » . « Les contrefaçons vendues à Uruguaia ne sont pas une menace pour notre chiffre d’affaires, confesse la belle Maria, vendeuse au Nike Store de Copacabana, car les gens qui ont les moyens d’acheter des vrais maillots ne se dirigent pas vers les répliques, ils cherchent la qualité, tandis que ceux qui consomment des contrefaçons sont des gens qui de toute façon ne pourraient hélas pas acheter chez nous. En l’occurrence, grâce aux étrangers, on a des bonnes journées depuis le début de la Coupe du monde. On vend plus de maillots que d’habitude, mais très peu du Brésil. » De fait, le vrai problème, autant pour les touristes que pour les locaux, ne réside pas tant dans l’existence de ces imitations que dans la faiblesse de l’offre et la qualité des produits. Si certains modèles de la tunique canarinha « en faux » peuvent en valoir la peine – surtout pour un prix n’excédant pas les 25 euros -, le reste de l’offre se révèle très limitée et mal imitée à l’image des maillots d’équipes nationales sud-américaines ou de celles de Serie A italienne. « Le meilleur pays pour acheter des maillots, c’est l’Argentine. Tu trouves tout en bonne qualité, jusqu’au moindre club australien, explique Bouda, népalais d’origine et fan de l’OM, le bras droit tatoué d’un portrait de Renaud, qui a atterri à Rio après avoir parcouru le continent avec deux potes français. Ici, à part la Seleção, tu n’as rien. C’est pauvre et pas de qualité. » Un triste constat auquel Gloria refuse de souscrire : « Tous les maillots que nous vendons viennent du Brésil, il n’y a quasiment plus de Made In China. Mais la qualité reste la même. » Finalement, le vrai enjeu semble résider dans la course à la meilleure contrefaçon. Et tant que les fournisseurs officiels de la FIFA continueront de faire fabriquer leurs maillots en Chine, cette dernière continuera d’inonder l’Occident de ses « vrais-faux » . Encore faut-il pouvoir imposer quoi que ce soit à l’empire du Milieu.

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