FFF : Escalettes, évidemment réélu !
Jean-Pierre a longtemps hésité à se représenter à la tête de la feufeufeu. A 74 ans, c'était légitime. Et puis, bon... le goût du pouvoir, l'attrait du pouvoir et le pouvoir du Pouvoir ont fait le reste. Sûr d'être adoubé à nouveau, sa réélection pose le problème de «la gouvernance» du foot français et du pouvoir personnel prépondérant de son président. JPE ou la fuite en avant ?...
Voilà, c’est fait : JPE sera réélu demain samedi à la tête de la FFF par le conseil fédéral. Normal, il est candidat unique, vu que personne ne s’est aventuré à contrer sa nouvelle candidature. C’était de toute façon injouable : le système est bien verrouillé de l’intérieur. Jipé, issu du « monde amateur » , peut justement compter sur les représentants du « football amateur » qui pèsent 75 % des suffrages. Simple retour d’ascenseur du « monde amateur » qui été choyé par le président de la FFF pendant quatre ans, ce dont on ne pourrait pas non plus se plaindre. Reste que le poids anormal et la proximité objective des « amateurs » vis-à-vis du président en exercice dessinent un système démocratique discutable. Anyway, on peut donc miser demain samedi sur un triomphe pas très éloigné du score obtenu lors de son élection en février 2005 : 92, 56 %…
Un premier bilan express met en évidence un point positif, la remise à flot financière de la FFF, lourdement déficitaire à la fin du règne de Claude Simmonet. Avec en prime, le pont d’or négocié auprès de Nike, nouveau sponsor des Bleus, qui versera 42,66 millions d’euros par an à partir de 2011. Point noir, sans jeu de mot : la gestion calamiteuse de l’arbitrage français, dévalué à l’international (zéro arbitre français à l’Euro 2008) et vilipendé à chaque week-end de L1. Un Marc Batta (le boss de l’arbitrage français) complètement dépassé ne doit son maintien actuel que grâce à l’appui d’Escalettes, toujours soucieux de stabilité avant tout. Un peu comme un François Hollande, obsédé de la « synthèse » et qui a fait exploser le PS à force d’inertie et du refus d’entériner les divergences parfois irréconciliables des divers courants qui l’animent (cf. la constitution européenne, entre autre). Et on en arrive donc à l’Equipe de France, et de la gestion du cas Domenech. Là aussi, même investissement personnel d’Escalettes qui a imposé le maintien de Ray Strange au Conseil Fédéral, après un Euro désastreux et une fronde des représentants du « monde professionnel » . Un monde professionnel toutefois pas de taille à affronter le Boss, solidement installé à son poste… On retiendra qu’outre le maintien à main levée de Ray Baretto (à l’unanimité moins une abstention), la manière plus que « floue » du soutien venu de la FFF et de son président : un ultimatum officieux fixé au France-Roumanie de Constanza (2-2) pour un minimum de 5 points en trois matches. Objectif non tenu puisque les Bleus n’en ont obtenu que 4…
Et c’est là que là que JPE a pris le risque immense de lier son destin à celui du coach des Bleus… Il fut décidé en haut lieu que la deuxième mi-temps de l’équipe de France à Constanza avait été la plus belle de l’Histoire du foot et Ray Domi, le plus grand tacticien du monde. Un constat aussitôt approuvé par la France du Foot (TF1 en tête) mais en fait programmé depuis longtemps. Notamment avec la campagne de pub façonné par l’agence Hémisphère gauche-hémisphère droit, chargée de ravaler l’image pourrie des Bleus tout de suite après l’Euro. Du lourd, la com sur l’EDF avec des Bleus tout sourire sur Télé-Foot et des slogans culpabilisateurs ( « Vous aimez les Bleus. Prouvez-le ! » , pub récente dans France Foot).
Moralité : une FFF aux ordres, une commission arbitrale contestée mais « sous contrôle » , des sponsors et partenaires vassalisés, une DTN verrouillée et qui conserve ad aeternam le pouvoir exclusif de nomination du sélectionneur national et des « anciens » (France 98 et autres) mis à l’écart… JP Escalettes, architecte en chef de la Maison France, est naturellement comptable de l’avenir du foot français mais plus spécialement du devenir de l’Equipe de France. Avec sa réélection programmée demain, son mandat de quatre ans courra jusqu’en 2012. Sauf que… En cas de non qualification des Bleus au mondial 2010 (improbable ?) mais surtout, en cas de mauvais parcours en Afrique du Sud, son bail à la tête de la FFF devrait logiquement s’arrêter. Vu son implication personnelle, sa prééminence dans l’appareil et son soutien « inconditionnel » à Toto Ray, qu’il a imposé au Conseil Fédéral, il ne peut en être autrement. On parle donc bien de démission… Normal : JPE est le premier à fustiger « ces présidents de clubs qui limogent leur entraîneur alors que ce sont eux, présidents, qui les ont choisis » …
Chérif Ghemmour
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