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Feux en Gironde : coup de chaud pour les clubs
Depuis une semaine, la Gironde est en proie aux flammes. Alors que les pinèdes de la région brûlent, plusieurs clubs du bassin d'Arcachon sont affectés par la catastrophe. Entre matchs reportés, déboires financiers et tentatives de solidarité, deux présidents racontent comment ils vivent la situation.
Près de 20 000 hectares partis en fumée. Même Mathieu Valbuena n’a rien pu faire. Habitué aux paysages pailleux de la Grèce depuis sa signature à l’Olympiakos en 2019, l’ancien international a appris avec une grande tristesse la destruction du camping dont il est copropriétaire à La Teste-de-Buch, ravagé par l’incendie. Dans la région, tous les sinistrés vivent le drame avec la même impuissance. Parmi eux, des clubs de football qui ont tout perdu.
Consumé à petit feu
En Gironde, le feu a d’abord touché la commune de Cazaux en fin de semaine. Là-bas, on s’apprêtait à célébrer les Fêtes du lac, un événement organisé par les associations sportives de la ville qui en profitent pour récolter des fonds. Mais alors que le Cazaux Olympique Football devait être à l’honneur pendant quatre jours à partir du 13 juillet, les festivités ont tout simplement été annulées. Un cauchemar pour son coprésident Alain Caubit qui comptait énormément sur cette rentrée d’argent. « On est très affectés parce qu’on avait tout préparé et avec l’annulation, on a une perte sèche de 25 000 euros. En gros, on est morts, pose d’entrée le dirigeant. C’est l’équivalent de 40-45% du budget de l’année. Tous les feux étaient au vert, et tout est tombé à l’eau en une journée. » Le coup est d’autant plus dur qu’il s’ajoute à la pandémie de Covid, autre imprévu qui avait déjà privé le COF de ses fêtes pendant deux ans.
Le club a certes évité le pire : les infrastructures ont été épargnées, contrairement aux sièges des clubs de pétanque et de rugby de la ville emportés par les flammes. Mais la direction et les joueurs ont été contraints d’évacuer les lieux et de déménager temporairement. Et sur le plan sportif, les perspectives pourraient être revues à la baisse pour ce club de Départemental 1. « On avait l’ambition de monter en fin de saison, donc on a recruté pas mal de joueurs du FC Bassin d’Arcachon cet été. Comme on pouvait tabler sur un budget prime de 20 000 euros avec les Fêtes du lac, on leur a promis des primes de 50 euros par match gagné, détaille Alain Caubit. Là, ça va être très difficile, mais je suis un homme de parole, je vais tout faire pour tenir les promesses que je leur ai faites. » Pour que ses ambitions ne partent pas en fumée, le dirigeant est désormais à la recherche de fonds.
Phénix et solidarité
Le COF a un temps compté sur le soutien financier du gros club local, le FC Bassin d’Arcachon, qui prévoyait de lui envoyer la recette de sa billetterie pour les matchs de prépa. Mais comme le stade des pensionnaires de R1 est lui aussi dans une zone menacée par l’incendie, les deux affiches de prestige prévues contre Bergerac, l’un des Petits poucets de la dernière Coupe de France et la Real Sociedad ont été inversées. « La ville d’Arcachon m’a demandé de les reporter, puisqu’ils utilisent nos infrastructures, ainsi que notre stade en guise de PC sécurité des pompiers », justifie le président arcachonnais Jacques Walkowiak. Un effort salué par Alain Caubit, mais sur lequel il ne comptait toutefois pas vraiment. « La somme était pour les trois associations de Cazaux. C’est évidemment très gentil de leur part, mais on aurait récolté quoi ? 200 euros à tout casser. On va devoir se débrouiller et essayer de trouver des sponsors locaux pour nous aider, même si dans la région, beaucoup ne pourront pas, car ils financent déjà le club de rugby de La Teste-de-Buch. »
Les Girondins sont donc à la recherche de pistes concrètes pour amortir leurs pertes : repas dans la salle des fêtes, lotos, réquisition des cotisations plus tôt que prévu auprès des joueurs… « On peut peut-être essayer de revendre le vin et le rosé qu’on a achetés pour les Fêtes », songe même le dirigeant du COF. Mais les formations ne veulent pas accaparer la lumière alors que beaucoup d’habitants sont sinistrés dans la région. « On a vite besoin de liquidités, mais au vu de la situation, ce serait indécent de faire un appel au don maintenant », juge Alain Caubit en précisant qu’il attendra septembre pour mettre en place une cagnotte.
« Nous ne sommes pas les plus à plaindre, abonde son homologue Jacques Walkowiak. C’est une situation extrêmement compliquée, mais le plus dur reste pour les pompiers. En plus, cela permet de consolider la solidarité dans le groupe. » D’ailleurs, le FCBA n’a pour l’instant pas stoppé l’entraînement malgré les conditions. « Jusqu’ici ça tient, mais on dépend vraiment du vent. S’il y a de la fumée, on ne va pas mettre en danger les joueurs », explique le patron, alors que son club cherche actuellement à louer une enceinte dans la banlieue de Bordeaux. Si pour les deux présidents, la reprise du championnat dans les prochaines semaines n’est pas un sujet d’inquiétude, ils espèrent tout de même qu’ils pourront rapidement réintégrer leurs infrastructures. Une première étape pour renaître de leurs cendres.
Par Gabriel Joly
Tous propos recueillis par GJ