Quel est ton rapport au football ?
Je suis à moitié brésilien, donc disons que le football est dans ma nature « maternelle » . Je suis fan du PSG, donc c’est un club dont je suis tous les matchs, même si je ne vais pas souvent au Parc, et d’un autre côté, je suis fan de Flamengo. Je suis le foot tout le temps, quoi. Ça a commencé quand j’étais gamin, je devais avoir neuf ans, c’était un Fla-Flu au Maracaña. Ça devait être en 96. Il faut savoir que ma famille est pour le Fluminense. Une famille d’immigrés italiens et, à Rio, quand t’es immigré italien, tu supportes le Fluminense. Sauf qu’à l’époque, j’avais dit que je supporterais le club qui remporterait le match et le Flamengo a gagné. Donc je suis le seul membre de ma famille à supporter le Flamengo et ça les fait marrer. C’est le club des pauvres et le plus populaire au Brésil. J’ai beaucoup voyagé au Brésil et tu te rends compte que peu importe où tu es, il y a des fans du Flamengo, donc ça crée de bonnes discussions. Même en Amazonie, les personnes des communautés indigènes supportent le Flamengo à fond. Avec ce club, t’es toujours à la maison. C’est pratique à supporter ! (rires)
Quels souvenirs tu gardes de ce fameux premier Fla-Flu ?
Le stade. L’énergie du stade. Et puis à l’époque, le Maracaña, c’était à l’arrache. T’étais debout, tout le monde s’installait un peu n’importe comment. Et puis la taille, quoi. C’est gigantesque. T’avais l’impression d’être dans une fourmilière. C’est marrant, parce que je venais toujours trois mois en été au Brésil chaque année, et le championnat est décalé. Donc en août, t’arrives en plein milieu du championnat, au moment où le Flamengo est pas bien, en général. Donc tout le monde te charrie parce que chaque année, on attend que le Flamengo gagne, mais non. Comme le PSG pendant longtemps, d’ailleurs. Avant la période qatarie, le seul souvenir glorieux que j’ai du PSG, c’est cette victoire en Coupe des vainqueurs de coupes. J’ai plutôt vécu la période un peu dure des années 2000. Donc j’ai appris à supporter deux clubs prestigieux par le nom, mais qui ne l’étaient pas forcément sur le terrain.
Toi qui as connu le Maracaña, qu’est-ce que tu penses du Parc ?
C’est un stade qui est beaucoup plus propre, beaucoup plus organisé, mais il y a quand même une superbe énergie. Mais ça n’est pas la même chose. Après, je parle de l’ancien Maracaña parce que j’y suis retourné par la suite et ça n’était plus la même chose. Mais le Maracaña dans lequel tu mettais 100 000 personnes… Il y a un truc au Brésil qu’on ne retrouve pas trop ici : toute la famille est impliquée dans le foot et tout le monde va au stade. J’ai pas ressenti ça au Parc. En même temps, ça fait trois ans que je n’y suis pas allé, mais les souvenirs du Parc, ce sont les souvenirs de potes. Il faut comprendre qu’au Brésil, le football, et notamment le choix du club, fait partie de ta culture familiale, de ton identité. Quand tu te présentes, c’est : « Je m’appelle Sébastien, je viens de Rio et je supporte Flamengo. » Quand t’es gamin, tu dois choisir un club à supporter et souvent, tu choisis celui de tes parents. C’est valable pour les femmes comme pour les hommes. Mes cousines vont au stade avec le maillot du Fluminense sur le dos, et quand le Fluminense perd, tout le monde pleure.
Est-ce qu’un joueur du Flamengo t’a particulièrement marqué ?
Bah Romário. C’est le joueur emblématique du Flamengo, voire du Brésil avec la victoire en 1994. Sa façon de jouer était magnifique, de même que ses célèbres coups de gueule. Dans ma tête, c’est lui qui représente l’identité du club. Il me fait un peu penser à Zlatan, d’ailleurs. D’un côté, c’est le chef et il domine. De l’autre, c’est un roublard, mais c’est pas grave. Aux génies comme eux, tu leur pardonnes tout. Surtout leurs faiblesses, sinon ce serait chiant. Là, avec la Coupe du monde, Romário est revenu sur le devant de la scène politique et sociale. Mais c’est normal. Au Brésil, t’as des musiciens, qui étaient aussi des gros roublards et qui sont devenus les gens sérieux du gouvernement. Gilberto Gil, par exemple. Pelé, aussi. Des mecs qui s’opposent aux choses et qui, finalement, rentrent dans les rangs. C’est ce qu’ils ont fait sur le « terrain » qui compte et les sportifs ou les artistes sont beaucoup plus considérés socialement au Brésil. Ils sont considérés comme intelligents et comme ayant leur mot à dire sur ce qu’il se passe. En France, les sportifs ne se posent même pas la question : ils restent dans leur coin. Ça a un petit côté populiste qui peut étonner, mais ça marche comme ça au Brésil.
Top 100 : Footballeurs fictifs (de 70 à 61)