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Fernando Vazquez, un fou au Depor
Appelé en renfort sur le banc du Deportivo La Corogne pour sauver le club galicien de la descente, Fernando Vázquez sait sa tâche difficile. Personnage tout en exubérance, il donnera également du fil à retordre aux arbitres et aux poteaux de corner…
Augusto César Lendoiro est un président extravagant, pour ne pas dire plus. En début de semaine, le big boss du Deportivo La Corogne a limogé son troisième entraîneur de la saison. Le premier, à la veille du réveillon de la nouvelle année : José Luis Oltra, pièce maîtresse de la remontée du Depor de mai dernier, est débarqué. À peine un mois s’écoule que Domingos Paciência, son successeur, est à son tour viré. Ce 11 février, c’est donc à Fernando Vázquez Pena qu’est léguée la tâche de maintenir le club galicien en Liga. Une mission déjà bien compromise : depuis août dernier, les Blanquiazules n’ont glané que trois petits succès pour sept matchs nuls. Ce bilan famélique de 16 points en 23 journées amène le club à stagner à la dernière position du championnat. Un bonnet d’âne dont Fernando Vázquez devra se débarrasser s’il compte déjouer le piège du siège éjectable promis à tous les sous-fifres de Lendoiro. Pour ce faire, il table sur « un minimum de huit victoires pour rendre le maintien possible » . Et sur une bonne dose de folie.
La plus belle pointe de vitesse du banc de touche
L’exubérance, Fernando Vázquez s’en est fait une spécialité. Son intronisation à la tête du Depor le jour du carnaval de La Corogne n’a donc rien d’une coïncidence… Depuis maintenant six ans, il n’avait pas mis les pieds sur un banc de touche de Première Division. Sa dernière aventure au plus haut niveau domestique remonte en 2007. Avant cela, « El Profe » avait réussi son plus beau fait d’arme avec la Sociedad Deportiva Compostela et un titre de vice-champion. C’était lors de la saison 1995-1996, et la deuxième place n’était qu’honorifique car glanée à la mi-saison, lors du fameux titre de champion d’hiver. Après avoir vagabondé de Las Palmas au Betis Séville en passant par le Rayo Vallecano, ledit Fernand pose ses valises à Vigo en 2004. En trois années à la tête du Celta, Vázquez réussit à emmener les Celtiñas en Coupe de l’UEFA dès sa première saison. Après ce passage – son plus long à la tête d’une équipe professionnelle – le natif de Castrofeito, bourgade de la province de La Corogne, n’a pas quitté sa Galice. Suite à sa destitution, il prend les commandes de la sélection régionale. Honorable, son CV n’en reste pas moins lambda.
Si son patronyme résonne en Espagne, c’est pour son caractère très expansif. Sur son banc de touche, certains avancent qu’il frôle l’hérésie. Complètement « loco » – comme aiment à le dire les Sud-Américains – il est resté dans les mémoires pour ses joies tout en sobriété. La plus belle pointe de vitesse du banc de touche… « C’est un homme très impulsif. Je me rappelle mon premier match en tant qu’attaquant de Lalin. J’ai marqué un but et j’ai couru le célébrer au poteau de corner, assez loin de notre banc de touche. Je ne sais pas comment il a fait, mais quand mes coéquipiers étaient en train de m’enlacer, il était là, comme l’un d’entre nous. Il te faut une bonne forme pour arriver jusqu’à nous aussi vite » , en rigole encore Ramiro Sorbet, l’un de ses anciens poulains, dans La Voz de Galica. Pour Billy, délégué du Real Oviedo – club dans lequel Fernando Vázquez a entraîné lors de la saison 1998-99 – « Fernando est l’une des meilleures personnes que je connaisse. Avec les arbitres, il est culotté, comme tout bon Gallego, mais il n’a jamais manqué de respect à personne. Il est éduqué et très intelligent, mais il se rebelle contre les situations qu’il juge injustes. D’autres insultent, Fernando non. »
Vázquez : « C’est très facile d’expulser Fernando »
Le voilà, le pêché mignon du sieur de Galice : l’arbitrage. Toujours prompt à gueuler un bon coup dans sa surface technique, il s’attire les foudres des hommes en noir. « Ils me regardent d’une manière différente. Ils ne me laissent pas faire ce qu’ils permettent à d’autres entraîneurs. Je sais qu’ils parlent entre eux, qu’ils commentent les choses, et maintenant il y a une opinion entre eux qui dit qu’il est très facile d’expulser Fernando Vázquez » , explique El Profe. Un avis partagé par José Ricardo, intendant du Celta Vigo : « Fernando parle beaucoup pendant les matchs. Il les vit avec intensité, mais on ne lui laisse pas la liberté des autres. Il n’y a qu’à voir les autres entraîneurs et quelques joueurs avec les arbitres ! Je ne dirais pas qu’il est persécuté, mais il est observé avec minutie… » Toujours selon Ramiro Sorbet, « quand l’on te colle une étiquette de fanatique, il est difficile de l’enlever. Il l’a et ça ne me semble pas juste, car s’il s’appelait Capello et qu’il gagnait des millions, il ne serait pas traité ainsi. » Avant de gagner millions et titres, Fernando Vázquez doit avant tout s’atteler à sauver le Depor. Sinon il sait déjà à quelle sauce Augusto César Lendoiro le mangera.
Par Robin Delorme, à Madrid