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Fernando Santos, le disque rayé
Après avoir mené le Portugal sur le toit de l'Europe en 2016, Fernando Santos semble être totalement dépassé sur le banc des Lusitaniens. Que ce soit dans les choix tactiques ou les conférences de presse. Tout simplement car son équipe a évolué depuis cinq ans, et n'est plus compatible avec ce qu'il tente de mettre en place.
Torse nu au milieu du vestiaire du Stade de France avec une main sur le trophée, Cristiano Ronaldo, les yeux rougis, improvise un discours après la victoire du Portugal en finale de l’Euro 2016 face à la France. Et ses premiers mots sont en direction de Fernando Santos que CR7 pointe du doigt : « D’abord je voudrais remercier cet homme, sans qui rien de tout cela n’aurait été possible. » Cinq ans plus tard, les caméras ne montrent pas ce qu’il se passe dans le vestiaire du Portugal, mais il y a fort à parier que le capitaine lusitanien ne balance pas des mots d’amour à Fernando Santos. Car si le sélectionneur de la Selecção a dégainé un Euro 2016 parfait – que ce soit dans l’unité du groupe, la croyance en la victoire finale, le don de soi sur le terrain et la science tactique -, la donne a bien changé lors de cet Euro 2020 où il semble totalement largué, épuisé après sept années passées à la tête d’un Portugal qui ne demande qu’à évoluer vers un chemin dans lequel Fernando Santos ne veut pas aller. Ou ne peut pas aller.
Des changements, quels changements ?
Pourtant, au moment de choisir les 26 hommes qui allaient l’accompagner dans ce tour d’Europe, Fernando Santos avait fait le choix du jeu et de la jeunesse. Avec seulement sept défenseurs convoqués, des joueurs avec une expérience moindre, mais qui sortent d’une grosse saison en club (Sérgio Oliveira, João Palhinha), mais aussi des jeunes pousses (Nuno Mendes, Pedro Gonçalves) qui étaient là pour apporter un peu de fraîcheur comme a pu le faire Renato Sanches en 2016. Sauf que si la sélection avait été dans l’ensemble – il y a toujours des gens mécontents – saluée, ce n’est pas le cas du choix du 11 de départ aligné face à la Hongrie lors de l’entrée en lice du Portugal. Et notamment ce double pivot William Carvalho-Danilo Pereira dans l’entrejeu. Une doublette qui n’est pas idéale pour faire du jeu, ni pour courir vite, ni pour assurer une vraie belle relance. Bref, une doublette à oublier. C’est en tout cas l’avis de tous ceux qui ont vu la rencontre face aux Magyars. Mais pas celui de Fernando Santos qui a remis le duo contre l’Allemagne, pour la même inefficacité. Alors oui, le sélectionneur portugais a des diplômes d’entraîneur que les spectateurs n’ont pas, mais il n’en reste pas moins que ce choix détonne.
Pas inspiré au moment de faire sa compo, Fernando Santos ne l’a pas été plus pour faire des changements, puisqu’il a fallu attendre la 70e minute pour voir Rafa Silva entrer sur la pelouse contre la Hongrie, et dix minutes de plus pour voir Renato Sanches et André Silva, un homme qui a marqué plus de buts qu’Erling Haaland en Bundesliga et qui aurait donc pu aider quand un score est toujours de 0-0. La suite ? Une victoire 3-0 avec Rafa et Renato Sanches impliqués sur les trois buts. Ce qu’on appelle un coaching gagnant certes, mais surtout un coaching tardif. Encore remplaçant face à l’Allemagne, Renato Sanches a, de nouveau, métamorphosé l’équipe contre l’Allemagne après son entrée en jeu. Une défaite que Fernando Santos a pris pour lui : « C’était ma stratégie, je suis donc le seul responsable. Nous avons résisté, mais quelque chose n’allait pas. Ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. » C’est pourquoi il a encore attendu avant de changer. Après le match, celui qui a coaché les trois grands clubs portugais et qui est d’un naturel optimiste a même lâché que « l’Allemagne est l’une des meilleures équipes du monde, mais qui vient ici en pensant pouvoir gagner ? » Réponse : lui, 24 heures plus tôt en conférence de presse.
Un écart de génération
Après une Coupe du monde 2018 décevante, terminée en huitièmes de finale face à l’Uruguay, le Portugal n’a jamais remis en question l’avenir de Fernando Santos. Mieux, l’ancien sélectionneur de la Grèce a prolongé il y a un an son contrat jusqu’en 2024. La Fédération aurait peut-être dû attendre cet Euro avant de la lui offrir… Car si Fernando Santos restera – grâce à son titre à l’Euro – l’un des meilleurs, si ce n’est le meilleur, sélectionneur de l’histoire du Portugal, il n’en demeure pas moins qu’il semble totalement en inadéquation avec la nouvelle génération portugaise. Une génération faite de joueurs qui aiment tâter le cuir, faire des passes courtes et produire un football offensif. Bien loin du football défensif et du double pivot proposé par Fernando Santos. Au point que de nombreux supporters sur les réseaux sociaux en appellent à une lourde défaite face à l’équipe de France et une élimination précoce pour que le couperet tombe pour Santos. C’est dire combien le point de non-retour a été atteint. Mais le fumeur invétéré compte bien retourner l’opinion publique comme il en a l’habitude en ressortant un nouvel Éder de son chapeau, et créer ainsi une nouvelle surprise à l’Euro. Cristiano Ronaldo pourrait alors de nouveau le remercier. Dans le cas contraire, CR7 ne lèvera son doigt que pour lui indiquer la sortie.
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