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Fernando Llorente, le cygne basque
Ancien porte-étendard de l’Athletic Bilbao devenu renégat au Pays basque, Llorente porte désormais le blanc de Swansea et traîne sa tige sur les pelouses de Premier League. Une trajectoire tout en zigzags.
Le fanatisme a cela de particulier qu’il est capable de retourner un nombre considérable de vestes en un temps record. En quelques jours, en janvier 2013, Llorente est passé de buteur adulé à « mercenaire » ou « bâtard » pour les socios de l’Athletic à l’annonce de son départ. Un virage passionnel à 180° qui doit, encore aujourd’hui, marquer les nuits de l’attaquant. À Bilbao, il avait tout : des bouclettes irrésistibles, des buts par douzaines et un amour inconditionnel de San Mamés. Pourtant, le choix de quitter son club formateur effaça toutes les gouttes de sueur lâchées sous la liquette rouge et blanc. On parle là d’une institution qui accepte mal les décisions prises au nom du sportif et des gros sous. Seul le dévouement absolu y est estimé.
« Tout le monde veut jouer pour la Roja »
Mais le grand Fernand se sentait emprisonné dans cette cage aux Leones. Lui, le champion du monde et d’Europe, voulait franchir un cap. Être certain de disputer la Ligue des champions et le titre national. Des garanties que l’Athletic ne pouvait lui donner. En fin de contrat avec la formation basque à l’issue de la saison 2012-2013, il décide de ne pas rempiler pour s’engager avec la Juventus. Grand bâton de 195 centimètres, Llorente met du temps pour s’adapter aux exigences du football italien. Tactiquement à la ramasse pour ses débuts, il ne commence à enchaîner les bonnes prestations qu’en novembre et ponctue sa première saison avec 18 pions, toutes compétitions confondues.
Malgré cela, Vicente del Bosque ne le convoque pas pour le Mondial brésilien, lui préférant le binational Diego Costa. « Je ne suis pas dérangé par le fait que Diego ait choisi de représenter l’Espagne après le Brésil, clamait-il dans les colonnes du quotidien AS. Tout le monde veut jouer pour la Roja. Mais si j’avais été dans sa position, j’aurais choisi mon pays de naissance. Mais tout le monde demeure libre de ses choix. » Frustré durant cet été 2014, Llorente l’est davantage lorsqu’il voit son compatriote Morata rejoindre la Vieille Dame pour vingt millions. En perte légitime de confiance, son efficacité lui échappe au point de terminer l’exercice 2014-2015 avec un incroyable ratio d’un but toutes les 297 minutes. L’arrivée de Dybala au mercato estival sonnera le glas de son aventure turinoise. Son imposant salaire (près de quatre millions par an) pousse même les dirigeants de la Juve à accepter une rupture de contrat à l’amiable.
Au bout des rêves
Recruté sans frais de transfert par Séville, le Basque assure la doublure de Gameiro. Plutôt bien d’ailleurs, en affichant sept buts et quatre passes décisives en 1 500 minutes de jeu. « Je ne renonce jamais. Je continuerai de travailler pour parvenir à ce que je vise : réussir à Séville. Il est temps de dire « Je suis ici » » , annonce-t-il au journal El Desmarque tandis que la saison touche à sa fin. L’arrivée de Sampaoli dans le club andalou retracera néanmoins ses perspectives, puisque l’entraîneur argentin ne compte pas sur son profil. À nouveau persona non grata, Llorente n’a d’autre choix que l’exil. Lui qui souhaitait jouer les premiers rôles européens à Turin, puis les seconds avec Séville, se retrouve contraint de signer à Swansea pour y disputer le maintien. Ce sont les supporters de Bilbao qui doivent bien se marrer dans leur coin.
Parmi tous les projets qui lui ont été proposés – Lazio et Everton, notamment –, les Swans apparaissent pour autant comme l’option la plus crédible pour le remettre sur pied. Un club à l’abri du poids médiatique, avec des supporters chaleureux et un projet de jeu concret. Francesco Guidolin, l’ancien entraîneur de l’Udinese qui a pris le flambeau du club gallois en janvier dernier, espère même que Llorente fera son retour avec la sélection espagnole cette année. S’il n’a pas encore planté avec sa nouvelle écurie, l’attaquant affiche déjà une bonne adaptation au schéma du tacticien italien. Ne reste plus que la réussite. Car à trente et un printemps, Fernando Llorente ne peut plus se permettre d’attendre. Au risque de rester un joueur au palmarès garni (Mondial 2010, Euro 2012, deux Scudetti, une Coppa et une Supercoupe d’Italie) sans avoir été réellement décisif dans la conquête de l’un de ces titres. À quoi ça sert d’être célèbre, si on ne le mérite pas ?
Par Eddy Serres