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Féret : « Être exemplaire, on le doit au public rennais »
Bien conscients d'avoir complètement merdé la fin de saison dernière, Julien Féret et les Rennais peuvent se réjouir de repartir sur un nouveau cycle. Frédéric Antonetti a été (judicieusement ?) remplacé par un Philippe Montanier ambitieux, dont le style de jeu préconisé a séduit l'Espagne. En Bretagne, il est attendu au tournant.
Alors, cette intersaison, comment ça se passe ?Vaste question ! Déjà, il a fallu prendre en compte le fait qu’on avait difficilement terminé la saison d’avant. En plus, il y a eu beaucoup de changements au niveau du staff en juin. Là on voit que le mercato commence un peu à bouger. Le coach est arrivé avec un discours nouveau, il a voulu commencer à mettre en place ce qu’il voulait. L’effectif ayant peu bougé, c’est en train d’être vite assimilé. Après, s’agissant des matchs amicaux, je dirais qu’on a alterné entre le plutôt bien et le plutôt moins bien pour l’instant. Mais disons qu’on n’a pas encore fait un très bon match dans sa globalité. Pas de mauvais match totalement non plus, même si on a senti récemment contre Nantes (1-1) qu’on n’était pas encore prêts à répondre aux attentes du coach et à être performants.
La méthode Montanier diffère vraiment de la méthode Antonetti ?Oui et non. Sur la durée, la préparation d’avant-saison est de six semaines, ce qui est la norme pour tous les clubs. Après, dans le contenu, le mode de fonctionnement est disons… pas ordinaire. Avec Montanier, on ne fait pas de footing par exemple. Aucune course allongée, seulement des courses entre 10 et 30 secondes. On touche pas mal le ballon aussi. Là, ça diffère pas tellement d’avec Antonetti, qui nous faisait vite toucher le ballon aussi. Les deux ont ce point commun : ils veulent une équipe forte techniquement, qui puisse dominer l’adversaire dans la possession de balle.
Et tactiquement, ça se présente comment ?Il n’y a pas de révolution. Comme l’an dernier, on se situe sur un schéma de jeu en 4-3-3 relativement similaire, avec deux différences notables quand même : les trois du milieu de terrain n’évolueront pas forcément de la même manière et Montanier a une plus grande volonté de faire jouer l’équipe sur les côtés.
Ça change quelque chose dans ta manière à toi d’évoluer dans cette équipe ?Un peu, oui. Avant, j’occupais vraiment un poste de numéro 10 assez offensif, positionné pas trop loin derrière l’attaquant. Là, on évolue plus dans un système avec une pointe basse en 6 et deux milieux offensifs assez libres pour se projeter vers l’avant. C’est une évolution notable, car ça me cantonne peut-être plus à un côté de terrain qu’avant. Je n’ai plus toute la largeur du terrain à occuper.
Tu l’évoquais tout à l’heure : la deuxième moitié de saison dernière a été complètement manquée. Ça a fait du bien de pouvoir couper, puis de repartir sur un nouveau cycle, avec un nouveau staff ?C’est le but. On coupe pendant un mois, on part en vacances… On essaie d’évacuer la déception, même si on ne peut pas complètement l’oublier. Ça, c’est pas possible, ce sera forcément inscrit. (Pause) On a gâché beaucoup de choses, on en est conscients, j’en suis conscient. À la trêve, on était 4es et en demi-finale de Coupe de la Ligue (victoire 2-0 contre Montpellier le 16 janvier, puis défaite 1-0 contre Saint-Étienne en finale au Stade de France, NDR). Il y avait beaucoup d’enthousiasme et de perspectives pour la deuxième partie de saison et on n’a pas réussi à aller jusqu’au bout de ça. On a explosé, on n’a pas réussi à tenir la distance.
Rétrospectivement, comment l’expliques-tu ?Il y a plusieurs facteurs… Déjà, il y a la blessure de Romain (Alessandrini, blessé en février et qui n’a pas joué depuis, NDLR). On a aussi trois joueurs qui sont partis à la CAN et ça a été compliqué de les remplacer. L’élan a été brisé. Ensuite mentalement, je pense qu’on a craqué tout simplement. On n’a pas réussi à relever la tête alors qu’on avait su le faire en début de saison où, après 5 matchs de championnat, on n’avait que 3 points. On n’était pas dans de bonnes dispositions, mais on avait su s’en remettre. Là, non.
L’objectif premier de cette nouvelle saison n’est-il pas d’essayer de reconquérir un public légitimement déçu par les derniers mois ?Il va falloir être exemplaire. On le leur doit. Se donner à fond pour le public rennais, c’est la priorité. On va essayer de se mettre beaucoup moins en danger à domicile aussi. Gagner chez nous et le plus tôt possible, c’est un facteur déterminant qui peut faire que le club, l’équipe et les gens vont nous soutenir.
Et des objectifs de classement, vous en avez ?Non, le coach ne nous en a pas parlé, le président non plus. Même M. Pinault, qui est venu nous voir il y a pas longtemps, ne nous a pas fixé un objectif précis. L’idée première a été de changer la donne au mois de juin, de repartir sur quelque chose de nouveau avec un coach qui a de l’expérience, qui a eu des bons résultats récemment, qui n’est pas inconnu. Aujourd’hui, on a un budget qui est correct, on a une équipe qui est correcte. Mais pour aller lutter pour les places européennes, il faudra un grand Stade rennais. Pour l’instant, on est en phase de reconstruction, donc c’est difficile d’avoir une perspective sur le long terme.
Que penses-tu de cette nouvelle saison de Ligue 1, avec le PSG et Monaco qui paraissent au-dessus…(Coupe) Ils sont au-dessus parce qu’ils ont une puissance financière inégalable. Mais je retiens l’ambiance générale, on sent que c’est en train de devenir un super championnat. Et ça c’est agréable pour toutes les équipes, Stade rennais compris. Voir Monaco et Paris dans de telles conditions, c’est excitant. Paris, on voit qu’ils ont les armes pour viser plus haut que le championnat… Donc il y a ces deux équipes au-dessus. Après, j’en vois sept, huit capables de rivaliser pour la 3e place. Et parmi elles, Marseille a un temps d’avance. Avec leurs moyens, les Marseillais ont su faire de très bonnes choses à cette intersaison. Comme en plus ils ont réussi à se maintenir seconds l’an dernier, ils partent avec plus de certitudes et de moral que les autres. Mais il y a Lyon aussi, Saint-Étienne, Nice qui doit confirmer mais qui est en passe de devenir un grand club français, Bordeaux, Lille, Montpellier… Je pense que Rennes, comme Toulouse, peut se mêler à la lutte dans ce groupe, mais il faudra une grande équipe pour rivaliser toute une saison.
Le retour en L1 des rivaux régionaux Nantes et Guingamp peut aussi amener une petite émulation pas inintéressante…Les gens ici en parlent beaucoup, effectivement. Nantes est un club mythique, avec une grande histoire et un rival de longue date de Rennes. Guingamp revient aussi dans la danse, c’est bien. Pour le public breton, pour la région, c’est super. Dans les confrontations bretonnes, bien sûr qu’on va vouloir gagner, les Nantais pareil, Guingamp aussi, Lorient aussi. Il y a une suprématie régionale en jeu, c’est comme un mini-championnat entre ces quatre équipes.
Autre objectif j’imagine : revenir au Stade de France.On l’a dit, c’est de plus en plus dur de se qualifier pour l’Europe par le biais du championnat. Alors oui, pourquoi ne pas passer par une coupe ? C’est un objectif qui peut se dessiner au fur et à mesure. Mais aujourd’hui, c’est facile de dire qu’on va jouer une coupe, voire les deux. On verra les tirages, comment ça se goupille. Forcément le Stade de France, j’ai envie d’y retourner.
Avoir la possibilité d’évoluer avec Alessandrini doit aussi te ravir, vous qui aviez laissé entrevoir une belle entente lors de la première moitié de saison dernière…Bien sûr. Romain a déjà montré énormément de choses. C’est un garçon plein de vie, qui s’est malheureusement « pété » cet hiver. Je pense qu’il a beaucoup de choses à donner encore et je suis forcément très content de pouvoir continuer à jouer avec lui. Il apporte beaucoup au groupe : de l’enthousiasme, de l’envie, de la gaieté. Et sur le terrain, il ne se pose pas de questions.
Enfin personnellement, comment te sens-tu à Rennes ?Ça fait deux ans maintenant que je suis ici. J’ai déjà passé deux très bonnes saisons, je prends beaucoup de plaisir. Certes, il ne me reste qu’un an de contrat, mais je pense que je ne bougerai pas pour l’instant. En tout cas, c’est pas une question du moment. Je me sens bien, le fait que je prenne du plaisir à jouer ici me suffit largement.
Propos recueillis par Régis Delanoë, à Rennes