ACTU MERCATO
Fenerbahçe, l’Özil de la tentation
Il fallait que quelqu'un s'y colle et ose le coup : le Fener a décidé de sortir le champion du monde 2014 du placard pour refaire de lui un joueur de football. À 32 berges, et après dix mois à se tourner les pouces, le maestro de Gelsenkirchen a une carrière à reprendre en main dans le pays qui a vu naître ses parents.
On aime évidemment les belles histoires et les grosses peluches de Tyrannosaurus, mais on aurait préféré que le highlight de l’année de Mesut Özil soit autre chose que sa main tendue à Gunnersaurus, la mascotte d’Arsenal qui a vu sa vie défiler cet automne avant de revenir d’entre les morts. C’est-à-dire que si l’on se penche sur l’évolution de la carrière professionnelle de l’Allemand ces douze derniers mois, on aurait envie de détester encore davantage l’année maudite qui vient de s’écouler : un pion en février, une offrande en mars, dix apparitions étalées sur les 67 premiers jours de 2020, puis peanuts, le milieu offensif n’ayant même pas été inscrit sur la liste des Gunners en Premier League pour l’exercice en cours. L’homme aux 92 capes avec la Mannschaft n’était déjà plus un joueur d’Arsenal (avec qui il aura raflé quatre FA Cup depuis son arrivée en 2013, tout de même), le voilà de retour dans le circuit. « En forme physiquement », a-t-il même promis.
Choix du cœur et bromance avec Erdoğan
Et c’est donc au Fenerbahçe SK – après avoir rompu son contrat avec les Canonniers – que la suite de l’histoire va s’écrire : l’un des trois mastodontes de Turquie certes, mais un mastodonte dont le seul trophée de ces deux dernières années est un tournoi de pré-saison, qui n’est même pas européen actuellement – la faute à une très décevante septième position en 2019-2020 -, mais bataille pour le trône de Süper Lig au moment où Özil pose le pied sur les rives du Bosphore. Un coin d’Istanbul, aussi, où Roberto Carlos (2007), Mamadou Niang (2010), Dirk Kuyt (2012), Bruno Alves (2013), Robin van Persie (2015), ou encore Nabil Dirar (2017) et Luiz Gustavo (2019) pour ne citer qu’eux, sont également venus se faire un kif la trentaine passée, ces derniers temps. « J’ai grandi en Allemagne en tant que fan de Fenerbahçe, avait écrit le joueur sur Twitter il y a quelques jours histoire de faire monter la sauce. Tout Allemand-Turc soutient une équipe turque lorsqu’il grandit en Allemagne. Fenerbahçe, c’est comme le Real Madrid en Espagne, c’est le plus grand club du pays.[…]Si j’allais en Turquie, je ne pourrais aller qu’à Fenerbahçe. »
Dans un monde exempté des problématiques de gel hydroalcoolique, des milliers de supporters du Fener auraient accueilli comme il se doit l’artiste allemand telle une rock star à l’aéroport, comme on sait bien le faire au pays d’Hakan Şükür. Au lieu de ça, on a simplement droit à un live de 42 minutes offert par le club pour suivre la star à sa descente de l’avion face à un comité plus restreint que prévu, ainsi qu’une grosse cérémonie de présentation qui devrait se tenir dans les jours qui viennent. En espérant que cette signature n’annonce pas une progressive disparition de nos radars, quelque part entre Radamel Falcao et Georges-Kévin Nkoudou, pour celui qui faisait du championnat espagnol sa chose au début de la décennie. Au vu de son attachement pour sa terre d’origine, il n’y a rien de vraiment étonnant à voir la plus belle patte gauche que nous ait offerte l’Allemagne se poser au croisement de l’Europe et de l’Asie : on dit même que le désormais ex-Londonien aura pour proche voisin le plus connu – et encombrant – de ses potes : Recep Tayyip Erdoğan. Pas sûr, en revanche, que signer en Turquie avant de souffler sur sa 33e bougie faisait partie du plan de carrière initial.
Mesut Özil İstanbul’da! ?? pic.twitter.com/tSyivOA8Em
— Fenerbahçe SK (@Fenerbahçe) January 17, 2021
Par Jérémie Baron