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Felipe Scolari, une passion portugaise

par Philippe Colo
5 minutes
Felipe Scolari, une passion portugaise

Pompier de service d'un Brésil qu'il a remis sur le chemin de la victoire, Luis Felipe Scolari a aussi passé presque six ans à la tête de la sélection portugaise. Forcément, ce Brésil-Portugal à Boston ne peut pas être tout à fait un match comme un autre pour Felipao

On ne dirait pas comme ça, mais Luis Felipe Scolari est un sentimental. À l’idée de retrouver son autre « Seleção » ce mardi à Boston en match amical, le sélectionneur brésilien avoue une certaine « saudade » . « À l’époque, je trouvais étrange de jouer contre mon pays, avoue celui qui a guidé les destinées du Portugal entre 2003 et 2008. Aujourd’hui, j’éprouve la même sensation avec ce match amical. Même si je ne me sens pas portugais, j’ai connu une relation extraordinaire avec ce pays. » Une relation qui remonte à plus de dix ans maintenant. Le 30 juin 2002, le Brésil retrouve le toit du football mondial et décroche sa cinquième étoile. Pourtant, pour un Brésilien – et pas le moindre – cette date marque aussi un recommencement. Luis Felipe Scolari sait que c’est son dernier match à la tête de cette Seleção. Son avenir passe de l’autre côté de l’Atlantique chez ce colon qui regarde son ancienne colonie avec un mélange d’envie et de jalousie. Le Portugal de Rui Costa et Figo sort d’un mondial asiatique raté, giflé par des Américains en mission et des Coréens sur-vitaminés. Surtout, cela fait des années que la génération dorée peine à tenir ses promesses (en dehors d’une demi-finale à l’Euro 2000). Mais avec Felipao, tout va changer.

Début 2003, l’ancien prof de sport à Montenegro, près de Porto Alegre prend la direction de l’équipe avec comme mission principale de préparer au mieux l’Euro à la maison l’année suivante. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’est pas du genre à commencer par se frotter à des petites équipes. Non, pour être champion d’Europe, le Portugal doit s’habituer, et le plus vite possible, à affronter les plus grands. Dès le mois de février, la Selecção part affronter l’Italie de Trapattoni, chez elle, à Gênes, pour une courte défaite 1-0. Pas grave, un mois plus tard, c’est carrément le Brésil qui se présente à Porto. Un défi parfait pour Felipao, architecte de l’équipe auriverde désormais coachée par le déjà champion du monde Carlos Alberto Parreira. Après un match très engagé, où les locaux ont toujours mené au score et où le bon Roberto Carlos a réussi à se faire expulser, les Portugais s’imposent 2-1 grâce un but en fin de match du « Brésilien » Deco.

Avec une campagne de matchs amicaux plutôt réussie, et un groupe de sélectionnés très rapidement défini, Scolari se présente assez confiant à son Euro. Comme lorsqu’il dirigeait le Brésil, quand il avait refusé d’emmener Romario pour le mondial asiatique, le moustachu sélectionne avant tout un groupe qui tourne bien ensemble, plutôt que les meilleures individualités. Dès lors, il préfère Ricardo, le portier du Sporting, à Vitor Baia tout juste champion d’Europe avec Porto. Plus tard, il se justifie en expliquant avoir voulu refonder un groupe entièrement nouveau, pour briser l’engrenage de la défaite dans lequel végétait le Portugal d’alors. Toujours dans cette optique, il décide d’accorder sa confiance à une jeune promesse venue de Madère : un certain Cristiano Aveiro Ronaldo. Une confiance qui contribuera beaucoup au développement du futur Ballon d’or, et qui fondera une amitié encore vivace entre les deux hommes.

Le Portugal rate peut-être la dernière marche face à la Grèce, mais le pays a perdu quelques complexes en tapant l’Espagne, l’Angleterre et les Pays-Bas au passage. Nommé commandeur de l’Ordre de l’Infante D. Henrique – équivalent de la Légion d’honneur française – par le président Sampaio, Scolari a presque fait oublier son passeport brésilien. Les Portugais aiment ses coups de gueules, lui qui se place au-dessus des querelles entre Porto, Benfica et le Sporting. L’histoire d’amour est en marche, le Brésilien marie même son fils à une Portugaise.

Portugais par alliance

Deux années de football Joga bonitoet de succès plus tard, la bande à Scolari débarque en gros outsider pour le mondial allemand. Sur 20 matchs disputés, l’équipe ne s’est incliné qu’une fois, contre l’Irlande. Scolari, qui se base toujours sur le même noyau de joueurs, arrive à intégrer progressivement les espoirs à fort potentiel, comme João Moutinho ou Hélder Postiga. Quarante ans après la génération Eusébio, elle se hisse dans le dernier carré et ne s’incline qu’en demi-finale face à la France, après un match très équilibré et une chute suspecte de Thierry Henry. Avec ses 10 millions d’habitants seulement, le pays appartient désormais au clan des équipes qui comptent. Un peu avant l’Espagne, elle met en avant des joueurs plus techniques et rapides que les formations du Nord de l’Europe. Car Felipao n’est pas des grands théoriciens du football européen. Non, l’homme propose un management couillu et tient surtout du général en campagne. Il n’a pas construit son Portugal sur une idée, mais sur l’observation des forces en présence. Autrement dit, Scolari a façonné l’équipe pour des joueurs comme Figo – et plus tard comme Ronaldo. Il favorise donc un jeu rapide, direct, mais balle au sol, loin de la réputation de tripoteur qui colle au joueur lusitanien.

Le système Scolari est alors à son apogée, et si le coach reste en place, les résultats commencent à décliner. Malgré une troisième qualification consécutive pour une grande compétition internationale – l’Euro 2008 – l’équipe est de moins en moins flamboyante, et commence à essuyer plus de défaites. La faute, sans doute, à un noyau dur qui n’a pas été renouvelé, ou plutôt qui, avec un vivier national limité, n’a pas pu le faire. Si la force de Scolari a été de souder rapidement un groupe, il a plus de mal à le garder aussi performant sur le long terme. Alors que, quatre ans plus tôt, ils avaient incarné le renouveau du football européen, les Portugais se font cette fois sortir par la nouvelle hype : l’Allemagne de Low. Plus rapides, plus offensifs, plus jeunes, les Teutons semblent avoir repris l’innovation du Brésilien, et l’avoir adapté et optimisé pour leur propre football. Cette fois, Scolari a compris, il a fait son temps. Il part pour le Chelsea d’Abramovitch avec l’absence de résultat que l’on connaît. Cinq ans plus tard, Sclolari a prouvé lors de la dernière Coupe des confédérations qu’il était un grand sélectionneur à défaut d’un entraîneur de club marquant. Mais ça, les Portugais le savent depuis un moment.

Un derby, deux grands corps malades

par Philippe Colo

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