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Felipe Caicedo : L’homme-but de l’Équateur
Exempt de la dernière journée d'éliminatoires, l'Équateur, convaincant troisième de la zone CONMEBOL, retrouve le chemin de la compétition ce mardi, face au Paraguay. Pour augmenter son capital, la Tri comptera bien entendu sur le Mancunien Antonio Valencia, incontestable star de cette sélection, mais aussi sur Felipe Caicedo, son buteur providentiel.
Felipe Caicedo sait se rendre indispensable. Lors des trois derniers matchs de l’Équateur auquel il a pris part, l’attaquant du Lokomotiv Moscou a inscrit quatre buts. Un pénalty décisif contre la Bolivie (1-0), alors qu’il avait débuté la rencontre sur le banc, un doublé contre le Chili (3-1), et un nouveau pénalty face à l’Uruguay (1-1), qu’il avait provoqué en contraignant Diego Lugano à le faucher : « Caicedo, c’est une garantie de but » , plante Mayra Bayas, journaliste à Ecuagol. Un homme dont l’efficacité séduit tout un pays, tandis que le manque de réalisme en sélection de l’attaquant de l’America Christian Benítez, double meilleur buteur en titre du championnat mexicain, commence à sérieusement agacer.
Caicedo revient de loin. Ou plutôt, du néant. Avant de s’imposer comme l’homme providentiel de l’Équateur, Felipao, son surnom, avait été marginalisé de la sélection pendant un an. En cause : des déclarations de diva de la part de l’athlétique attaquant. « Là où l’on me traite mal, là où je me sens mal, je ne viens pas » , avait-il assuré, en septembre 2011. Une allusion pas franchement voilée à une relation conflictuelle avec Reinaldo Rueda, le sélectionneur colombien de l’Équateur. « S’il ne se sent pas bien, je ne vois pas pourquoi il viendrait » , avait rétorqué le cafetero. S’en était suivi un feuilleton digne de Nico et Luis, où le sélectionneur assurait notamment que Caicedo lui raccrochait au nez lors de chacun de ses appels. Au final, la suspension de Christian Benítez pour la réception de la Bolivie, en septembre dernier, a fini par accélérer le retour de Felipao, après un an passé à l’écart des convocations.
Un joueur qu’on prête
Felipe Caicedo s’est véritablement révélé sur le Vieux Continent lors de la saison 2010-2011. Le robuste attaquant (1,87m, plus de 80 kilos) inscrit alors treize buts en Liga, sous le maillot de Levante. Jamais un joueur du petit voisin du FC Valence n’avait autant fait trembler les filets en première division. Un bilan remarqué qui devait logiquement le conduire chez un club espagnol boxant dans une catégorie supérieure, mais l’avant-centre préféra alors aller gagner (beaucoup) plus au Lokomotiv Moscou. En Équateur, sa réputation a enflé dès 2007, lors de son transfert à Manchester City. Caicedo avait quitté son pays, deux ans auparavant, dans l’anonymat le plus total. À 18 ans, il s’était engagé avec le FC Bâle. « Avant de partir en Europe, il évoluait dans un club de D2, Rocafuerte, spécialisé dans la formation et dans la vente de jeunes joueurs » , précise Mayra Bayas. À City, Caicedo progressera pas à pas, inscrivant cinq buts lors de son second et dernier exercice en Premier League. La voracité des Qataris, pas avares au moment d’acheter du goleador (Tévez, Adebayor, Agüero …) le contraindra ensuite à enchaîner les prêts : au Sporting Portugal, à Málaga, puis à Levante.
Avantageusement charpenté, Caicedo règne au sein de la surface, par sa puissance physique, son sens du placement et sa lucidité au moment d’armer le dernier geste. Forfait lors du dernier rendez-vous officiel de l’Équateur, face au Venezuela, Caicedo s’est toutefois signalé entre-temps en inscrivant le but de la victoire, en amical, face au Portugal (2-3), début février. D’une frappe létale, il concluait une remarquable phase de possession, qui mettait en évidence la qualité du collectif équatorien. Ce mardi soir, sauf immense surprise, Felipao sera aligné par Rueda pour le plus grand bonheur des supporters. « Il est adoré ici, assure Mayra Bayas, dès notre premier match éliminatoire face au Venezuela, les gens scandaient son nom pour réclamer sa convocation, je crois d’ailleurs que cette pression populaire et une intervention du président de la Fédération ont largement contribué à son retour. » Pas rancunier, Rueda a reconnu tout le bénéfice qu’il tire de la présence de Caicedo : « Son retour a vraiment été positif, il est impliqué dans la vie de la sélection, et est décisif. » Ou comment un ex-indésirable a su se rendre indispensable.
But de Caicedo face au Portugal :
par Thomas Goubin