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Fekir, une histoire du temps

Par Maxime Brigand
4 minutes
Fekir, une histoire du temps

Une éclaircie fin septembre et tout semblait définitivement trop simple. Depuis un mois, les performances alternatives de Nabil Fekir inquiètent au moins autant que son attitude nonchalante. Malgré tout, il est aujourd’hui le seul Lyonnais appelé en équipe de France avec pour caution son potentiel. Car tout ce qui lui arrive n’est que logique et rien n’est surprenant.

Les semaines passent, le discours reste. Bruno Génésio sait que son groupe n’est plus le même et qu’il ne reste finalement plus grand-chose de l’équipe qui a terminé deuxième au bout d’une seconde partie de saison presque parfaite il y a quelques mois. On savait cet OL friable, techniquement brillant mais mentalement fragile. C’est l’histoire de chaque effectif sans leader fort et dont la faculté à exploser rapidement est latente. Ce n’est maintenant plus une surprise, mais bien l’état actuel d’un Lyon septième de Ligue 1, vainqueur de seulement six de ses douze rencontres de championnat et dont les récentes performances douchent toute forme d’optimisme.

Plus que jamais, Génésio le sait et n’hésite pas à parler du « moment le plus difficile depuis le début de [sa] mission » . Sa dernière colère après la victoire sans âme contre Bastia au Parc OL samedi dernier révèle beaucoup de choses et avait des cibles déguisées : « Sur le contenu, l’état d’esprit, le comportement, c’est inacceptable. On a même bafoué le football.(…)On est une équipe immature.(…)J’ai presque honte d’avoir gagné le match. » Le coup de sang de Génésio n’avait pas de nom, pas de visage, mais visait – surtout – Nabil Fekir, pour qui le coach de l’OL a accepté de bousculer ses plans pour le placer dans les meilleures conditions possibles. Au fond, que retenir de son début de saison ? Une brève éclaircie fin septembre, un doublé contre Montpellier (5-1), une performance brûlante contre Saint-Étienne (2-0), mais aussi son rouge reçu contre Nice. Sinon, une tendance à plonger dans l’individualisme et une tête souvent basse. Très basse, par impuissance.

La caution potentiel

Alors, on lui tombe dessus. Certains, même, ne savent pas comment justifier sa présence dans la liste de Didier Deschamps pour les matchs contre la Suède et la Côte d’Ivoire. Sauf que le staff des Bleus l’estime comme peu et tout le monde sait le potentiel que détient Fekir entre ses pieds. S’il a un temps de retard sur Gameiro ou Griezmann, le seul joueur de l’OL présent dans le groupe peut apporter sur une fin de match par une inspiration, un geste, son œil différent. Et il le sait : « On ne peut pas dire que je suis un cadre, je n’ai encore rien prouvé en équipe de France. À moi de m’imposer dans ce groupe, pour pouvoir devenir quelqu’un d’important.(…)Didier Deschamps a été très important oui, je parle beaucoup avec lui. Il me conseille beaucoup, à moi de lui rendre cette confiance. »

Tout simplement, car Fekir a un profil différent, mais a besoin d’être accompagné. Cette situation est paradoxale tant, dans un système à deux attaquants avec Lacazette, il n’a jamais vraiment réussi à installer une relation parfaite dans un duo. Fekir joue à côté de Lacazette, mais ne joue pas avec, son retour à l’efficacité semble pourtant au prix de l’échange entre deux mecs qui ne sont pas particulièrement proches dans la vie.

La situation d’échec et la rançon

Depuis plusieurs semaines, Nabil Fekir est en situation d’échec. Dans cette situation, il devrait simplifier son jeu, mais ce n’est pas son style. Il n’avance qu’à l’instinct, il a construit sa réputation d’espoir comme ça et son football est comme ça. Sauf que son statut a aujourd’hui changé, Bruno Génésio n’hésite pas à le sortir d’un match, car Fekir est moins décisif, moins percutant et aussi plus frileux dans les duels, forcément. Logique, pour un joueur qui s’est fait les croisés il y a si peu de temps. Certains ne s’en relèvent jamais. Alors, voilà pourquoi il faut aujourd’hui parler avec prudence du cas Fekir.

Son retour en équipe de France est, en cela, probablement prématuré, mais Deschamps souhaite entretenir sa logique de groupe avec un joueur sur qui il compte à l’avenir. Revenir d’une telle blessure nécessite de la patience et avant de retrouver la totalité de ses sensations, il faut accepter cette attente. Interrogé le week-end dernier, Bruno Génésio reconnaissait « le contrecoup de son retour rapide et performant après sa deuxième opération au genou » . Pour l’OL, son absence avait été terrible, son retour semble un espoir, mais aussi un casse-tête. Un souci tactique, humain et sportif. Entre des performances critiquées, une attente énorme et un isolement fréquent. La rançon des joueurs à part, simplement.

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