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Fekir, le retour en pleine lumière
Après deux années gâchées par une grave blessure au genou droit, Nabil Fekir a bien l’intention de rattraper le temps perdu. Ça tombe bien, cette saison, l'OL se cherche un nouveau patron. L'union a tout pour être parfaite, cette fois.
La différence saute aux yeux. Alors qu’il remercie les supporters lyonnais après la victoire des siens face à Strasbourg (4-0), Nabil Fekir, torse nu, exhibe un corps fin aux muscles saillants. Un contraste de quelques kilos bien pesés par rapport à la carrure plus bourrue qu’il traînait la saison dernière. Après le match, sur le plateau d’OL TV, Nabilon le concède : « J’ai fait les efforts pour être mieux physiquement. Maintenant il faut rester dans cette forme. J’avais un peu de poids en plus. Maintenant, je me sens bien. » Mais ce changement de morphologie n’est pas le seul. Sur son bras, visiblement plus musclé, s’est glissé le brassard de capitaine, un héritage du départ de Max Gonalons à la Roma. Autre chose ? Oui, et pas des moindres : sur le terrain, le garçon a tout simplement donné l’impression d’avoir retrouvé son talent. Celui qu’il balançait à la face du monde avant cette foutue blessure face au Portugal, en septembre 2015. Bref, le Nabil nouveau est arrivé et il a bien l’intention de casser des gueules.
Deux saisons à oublier
Tout lui sourit. Le mois de septembre 2015 vient de débuter et Nabil Fekir marche sur l’eau. Son association avec Alexandre Lacazette fait des miracles, Deschamps le sélectionne désormais à chaque rendez-vous international et pour couronner le tout, le mec vient d’inscrire le premier triplé de sa carrière quelques jours plus tôt, face à Caen. Bref, tout baigne. D’ailleurs, ce 5 septembre, pour une rencontre amicale face au Portugal, le Lyonnais est titulaire en soutien de Karim Benzema à la pointe des Bleus. Le rêve. Mais un rêve très court. Après seulement treize minutes de jeu, le natif de Lyon s’écroule, seul, au milieu de terrain. Son genou droit vient de tourner. Le verdict, lui, tombe quelques heures plus tard : rupture du ligament croisé. Six mois d’infirmerie. Soit une saison foutue en l’air et un Euro 2016 qui se fait la malle. Cruel. Loin de se laisser abattre, le gaucher suit à la lettre le processus de rééducation. Sans se précipiter. D’ailleurs, il attendra même sept mois avant de faire son retour à la compétition face à Montpellier, au soir de la trente-troisième journée. Sa première titularisation, elle, intervient lors de la dernière étape de la saison.
Histoire de lui redonner le sourire et surtout la confiance en vue du nouvel exercice qui arrive. Car après une bonne préparation, Nabil le sait, il doit très vite retrouver son niveau. À l’OL comme en équipe de France, les places sont chères et les trains manqués ont souvent la fâcheuse tendance de ne pas repasser une seconde fois. Sauf que dès le début de saison, le constat saute aux yeux : Nabil n’a plus rien de Fekir. Pataud, maladroit, le génie des dribbles n’a plus son coup de rein et sa vision du jeu. Il en perd même parfois son calme comme face à Nice, en octobre 2016, où il ramasse un rouge après avoir envoyé un coup de savate à Paul Baysse. Plus rien ne semble aller. Et pour ne rien arranger, les vannes sur son embonpoint se multiplient au même rythme que ses performances empirent. Ou, au mieux, stagnent. Certes, quelques éclats de génie dont il a le secret viennent parfois masquer la misère, mais personne n’est dupe : le Nabil Fekir de 2015 est loin. Très loin. Alors les questions fusent : va-t-il vraiment pouvoir se remettre de cette fichue blessure ou est-il désormais condamné à ne plus être qu’un joueur moyen ? La saison 2016-2017 se termine sans qu’aucune réponse ne soit apportée.
Le Nabil nouveau
Mais si les gens doutent, Fekir, lui, est sûr de sa force. Déterminé, le n°18 profite de ses vacances pour peaufiner son physique. Exit les quelques kilos en trop et les doutes de la saison dernière, le voilà fin prêt à montrer son vrai visage. Ça tombe bien, dans le même temps, l’OL donne dans le dégraissage d’effectif : Lacazette s’envole à Londres, Tolisso prend la direction de Munich pendant que Valbuena file en Turquie et que Gonalons découvre les joies de la cité romaine. Après une saison plus que mitigée, Nabil, lui, n’attire pas plus que ça les convoitises. Surtout, le joueur formé à l’OL a bien l’intention de rendre à son club les deux dernières saisons de galère. Hors de question de partir. Il est temps de retrouver son vrai niveau. Et de fermer quelques bouches. En plus de retrouver un physique plus compétitif le joueur met les choses à plat avec son entraîneur, comme il l’explique dans les colonnes de L’Équipe : « Il y a eu des périodes un peu compliquées entre Bruno et moi. On a eu des discussions qui ont constitué un élément déclencheur pour moi. Il m’a dit qu’il comptait sur moi, que j’étais un leader pour lui. À moi de lui rendre cette confiance. » Ce qu’il fait lors des matchs de préparation. Sérieux et appliqué, Nabil prouve qu’il est en train de monter d’un ton. De quoi définitivement convaincre son entraîneur qu’il sera l’homme fort du vestiaire comme ce dernier l’a expliqué en conférence de presse : « Nabil doit prendre ses responsabilités. Je veux qu’il s’investisse davantage, car pas mal de cadres nous ont quittés. Il doit prendre le relais. Ce que j’ai vu depuis six semaines m’a donné satisfaction. »
Une opportunité que Fekir saisit. Sans trembler : « Le coach et le staff me font confiance et cela fait plaisir. Bruno Génésio me l’a annoncé un jour avant en me disant qu’il comptait vraiment sur moi cette année. J’ai un peu plus de responsabilités, je dois encourager mes coéquipiers, leur donner de la force et tout donner sur le terrain. J’essaye de rester moi-même. Je prends ce rôle très à cœur. Chacun doit rester soi-même, chacun à sa personnalité. Je n’appréhende pas du tout. » L’homme semble gonflé de confiance au point de ne pas tant appréhender que les départs des cadres de l’équipe : « Je ne dépends pas d’un joueur. Je ne vais pas dire que je n’ai besoin de personne, car tout seul je ne peux rien faire. Mais c’est surtout que je pense pouvoir m’adapter à tous les types de profils. » Prétentieux ? Non, réaliste. Il ne tarde d’ailleurs pas à le prouver. Pour son match d’ouverture, l’OL fesse Strasbourg, 4-0. En bon leader, Nabil Fekir y va de son doublé tout comme Mariano. Le match parfait. Et une certitude, désormais : Nabilon est bel et bien de retour. La prochaine étape ? Les Bleus, évidemment. Surtout qu’à la fin de la saison se profile la Coupe du monde en Russie. Et cette fois, Nabil n’a pas l’intention de rater le wagon. D’ailleurs, il compte même monter dedans le plus tôt possible comme il le confiait à L’Équipe : « L’équipe de France, je l’ai en tête à très court terme. » Poussez-vous, Nabil est pressé.
Par Gaspard Manet