Fede, avec cette victoire sur la pelouse du Rayo Vallecano le week-end dernier, vous restez dans la course à l’Europe.
Oui, ces derniers temps, on jouait bien mais on ne gagnait pas, donc ça fait du bien. L’Athletic Bilbao a aussi gagné, donc on reste très loin de la quatrième place. Avec Valence et Villarreal, on est à la lutte pour la qualification pour l’Europa League. On a du retard, mais on a treize journées pour le combler. C’est l’objectif de la fin de saison.
Tu es à Séville depuis plus de sept ans. Tu te rappelles du jour où ils sont venus te chercher en deuxième division argentine ?
J’avais 18 ans, j’étais à Ferro Carril Oeste, en contact avec River Plate, Independiente et Lanus. C’était presque réglé avec ce dernier, récent champion d’Argentine à l’époque, quand est apparu le FC Séville. Je n’ai pas pu résister à leur offre. C’était un peu galère, un juge a dû décider de la faisabilité de mon transfert ou non, mais ça s’est bien terminé. C’était au mois de janvier 2007, Séville était le leader de la Liga, tenant du titre en Coupe de l’UEFA, considéré comme l’un des meilleurs clubs du monde. Une opportunité comme ça ne se refuse pas.
C’était comment, ton arrivée dans ce vestiaire ?
Il y avait Adriano, Luís Fabiano, Kanouté, Dani Alves, Jesús Navas. Sans aucun doute, le meilleur FC Séville de l’histoire. C’était une immense fierté d’être là.
Ton premier grand match en tant que titulaire, c’est la Supercoupe d’Espagne, contre le Real Madrid, au Bernabéu.
J’avais joué quelques matchs avec l’équipe première avant, mais cette finale est mon premier grand souvenir avec le maillot de Séville. J’étais face à Raúl et Van Nistelrooy, et ensuite Saviola est entré en seconde période. On gagne 5-3 et on remporte la première Supercoupe d’Espagne de l’histoire du FC Séville. C’était un bon début pour moi.
Tu étais en concurrence avec Julien Escudé à l’époque.
Oui, mais rapidement, on a joué ensemble, lui à gauche et moi à droite de la défense centrale. On a passé pas mal d’années ensemble, c’était un excellent joueur et un super mec. Pour moi qui étais très jeune, c’était l’idéal de jouer à ses côtés.
Tu t’imposes rapidement à Séville, et l’année de la Coupe du monde, une vilaine blessure t’éloigne presque toute la saison des terrains. C’est le pire moment de ta carrière ?
Oui, sans aucun doute. Le sélectionneur était à cette époque Maradona, il était venu me voir à Séville et m’avait dit qu’il comptait sur moi, qu’il voulait me tester sur des matchs amicaux. Et là, je me blesse au tibia, sans vraiment comprendre quel était le problème. J’ai vu des médecins un peu partout, ça a été très long, mais une fois de retour, j’ai heureusement très vite récupéré ma place et mes sensations.
C’est pesant de jouer dans un championnat en sachant qu’il est impossible de le gagner ?
C’est très difficile. L’année où je suis arrivé à Séville, c’était la dernière fois qu’un autre club que le Real et le Barça pouvait rivaliser jusqu’à la dernière journée et espérer terminer champion d’Espagne. Bon, cette année, il y a l’Atlético Madrid qui s’accroche, mais là, ça devient plus délicat. Aujourd’hui, l’écart avec la concurrence est énorme. Il ne nous reste qu’à nous habituer à cela, mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus agréable. Dans notre cas, on est presque toujours là, 3e, 4e, 5e, en Ligue des champions ou en Europa League. Mais c’est ce qu’on a de mieux à jouer, malheureusement.
Cette année, vous perdez 7-3 contre le Real et 4-1 contre le Barça.
Voilà, on ne joue pas dans la même cour. La différence est abyssale entre eux et nous. C’est ça, la réalité.
Depuis quelque temps, on parle de toi au Barça. Il y a de vrais contacts ?
Non, non, moi je n’ai pas d’info à ce sujet. C’est quelque chose que gère mon père, et jusqu’au mois de juin, le marché est fermé, donc moi, je me consacre à Séville, où je suis très heureux. C’est mieux de ne pas y penser, pour ne pas tergiverser.
Et la Coupe du monde, tu y penses ?
La sélection, c’est le sommet que peut atteindre un joueur de football, mais Sabella ne m’a convoqué à aucun match jusqu’à présent. Moi, mon plan, c’est d’être bon à Séville. La sélection devrait alors logiquement arriver. Mais bon, je commence à en douter, je suis régulier depuis trois ans, je suis reconnu en Espagne, je me sens en pleine forme, j’aimerais qu’on me donne au moins une chance de me montrer en sélection. Mais cette chance n’est jamais arrivée depuis que Sabella est à la tête de l’équipe.
Tu faisais pourtant partie de l’Argentine championne du monde des moins de 20 ans en 2007, avec Messi et Agüero, entre autres.
Oui, j’étais aussi du Sudamericano, des Jeux olympiques de 2008, que l’on remporte aussi. Jusque-là, tout allait pour le mieux, mais c’est la marche de la sélection À que je n’ai toujours pas franchie, hormis lors d’un match amical bizarre contre le Nigeria (défaite 4-1 avec une sélection B, dans un match qui a fait l’objet d’une enquête de la FIFA, ndlr).
Pour terminer, le derby sévillan, c’est comment ?
C’est très spécial. En Espagne, hormis à Séville et à Madrid, les gros derbys opposent souvent deux villes différentes. Le nôtre ressemble plus à un Clásico argentin, à celui de Rosario entre Newell’s et Central, par exemple. Les villes sont à peu près de la même taille, divisées en deux entre fans d’une équipe et fans de l’autre. Lors de mon premier derby, j’ai marqué. Et plus récemment, j’ai mis un doublé contre le Bétis. C’est donc un match qui me plaît particulièrement (rires).
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