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FC Vado, premier vainqueur oublié de la Coupe d’Italie
C'est en 1922 qu'a eu lieu la première édition de la Coupe d'Italie. Une compétition à laquelle ne participent pas la plupart des grands clubs. Le FC Vado saisit l'occasion et s'offre le seul trophée avant de plonger dans l'anonymat du foot amateur.
« À l’avenir, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale » , déclara Andy Warhol. Celui du club de Vado Ligure a duré 127 minutes et s’est limité au territoire national. C’est le temps qu’il a fallu pour battre l’Udinese lors de la toute première finale de la Coupe d’Italie en 1922. Depuis, plus rien ou presque, un siècle de football amateur à quelques exceptions près. Cette saison encore, les Rossoblù ont terminé 12es du groupe A de la Serie D (le 4e niveau national), leur dernière apparition chez les pros remontant à 1948. Qu’importe, le FC Vado a sa place dans l’histoire du football italien, et une place de choix.
Le Grand Schisme
Été 1921. Révolution. Le Calcio se divise en deux, d’un côté la FIGC et de l’autre la toute nouvelle CCI ou Confederazione Calcistica Italiana. Cette dernière est créée sous l’impulsion des clubs les plus importants qui exigent une réduction des effectifs de 1re division. Ainsi, deux championnats parallèles se disputent lors de la saison 1921-22, celui des fidèles remportés par la Novese (qui connaît là aussi son quart d’heure de gloire), et celui des sécessionnistes, avec Juve, Lazio, Milan, Torino, Inter, Genoa et la Pro Vercelli de nouveau sacrée. Deux champions figurent ainsi au palmarès officiel. Seulement voilà, la FIGC se retrouve orpheline de ses clubs historiques. Pour combler ce vide, elle décide de créer la Coupe d’Italie. L’inscription est gratuite, mais seulement 37 des équipes affiliées y participent. Les plus renommées ? Atalanta, Udinese et Triestina. Plusieurs devront renoncer en cours de route, notamment à cause d’un calendrier mal foutu, les rencontres s’enchevêtrant parfois.
100 balles le match
Club de Promozione, soit la seconde division, le FootBall Club Vado est également de la partie. L’épopée débute à domicile où se disputent six des sept rencontres, et ce, grâce à la bonne tenue des comptes. Pour recevoir, il fallait en effet s’affranchir d’une somme de 100 lires auprès de la Fédération en plus de rembourser les billets de train de 3e classe des adversaires. Les équipes génoises de Fiorente, Molassana et les Milanais de la Juventus Italia voyagent ainsi à l’œil, mais repartent avec des défaites, 4-3 à la prolongation, 5-1 et 2-0. Nous voici en quart de finale pour le seul déplacement, chez la Pro Livorno, équipe exempte des trois tours précédents grâce aux tirages au sort ! Les Rossoblù s’imposent tout de même 1-0 et filent en demies face à la Libertas Firenze, un des ancêtres de la Fiorentina (qui verra le jour quatre ans plus tard). Là encore, c’est un succès sur la plus petite des marges. C’est donc une finale face à l’Udinese qui a battu la Feltrese, la Triestina, l’Edera Trieste, la Novese (sur tapis vert) et la Lucchese. Les Frioulans évoluent en première division et sont clairement favoris, mais le Vado a de sérieux arguments à faire valoir.
« Petite tête d’or » et « Perceur de filets »
Le gardien Babboni, qui a la particularité d’effectuer ses dégagements en donnant un coup de poing dans le ballon. Le capitaine Romano, surnommé « petite tête d’or » pour avoir un jour inscrit 13 buts du casque dans un seul et même match. Et surtout, un certain Felice Levratto, alors à peine âgé de 17 ans. Quelques années plus tard, il sera l’avant-centre phare du Genoa et de la Squadra Azzurra. Un des premiers grands joueurs italiens. Après les 90 minutes réglementaires, et les 30 de prolongation, le score est toujours de 0-0. C’est parti donc pour « la prolongation à outrance » , soit jusqu’à la tombée de la nuit. Un genre de golden goal avant l’heure. Heureusement, il ne faut attendre que sept minutes supplémentaires. Celui que l’on surnomme « Lo Sfondareti » (le perceur de filets) dribble deux défenseurs et envoie un exter’ du gauche en pleine lunette. Fort possible que l’action ait été enjolivée avec les années pour rendre l’exploit encore plus probant, mais cela fait partie du folklore.
Pour l’histoire
Le FC Vado a donc réalisé un authentique exploit que seul le Napoli réussira à imiter 40 ans plus tard en remportant également la compétition en tant que club de deuxième division. En revanche, cette première édition est considérée comme un échec de la part des institutions qui se réunifient quelques semaines plus tard. Il y a bien une deuxième tentative en 1926, mais elle ne va même pas au bout. Pis, on ne connaît toujours pas le résultat du 16e de finale entre les tenants du titre et la Fiumana. S’ensuivront quelques brèves réapparitions dans les années 30 avec un bilan de 2 victoires et 5 défaites, tandis qu’au nom du fascisme, le club lègue son trophée en argent massif. Le mal sera réparé par la Fédération lors de l’anniversaire des 70 ans avec une nouvelle cérémonie. La coupe trône fièrement sur l’étagère à trophées de Vado. Et cette fois, pour l’éternité.
Par Valentin Pauluzzi