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FC So-show
17 points sur 21 possibles, un jeu léché et une confiance à toute épreuve. Sochaux est l'équipe la plus emballante de cette fin d'exercice. Désireux de valider leur passeport pour l'Europa League dès que possible, les joueurs de Francis Gillot ne viennent pas faire de la figuration au Stadium Nord de Lille. L'Europe n'attend pas.
Quand l’élève rencontre le maître dans ce qui pourrait être l’un des épilogues d’une saison 2010-2011, l’heure est au bilan. Unanimement loué comme le football le plus chatoyant d’une triste Ligue 1 en première partie de saison, le jeu pratiqué par le LOSC, plus timoré et en retenue, au fur et à mesure des journées, a pris un peu de plomb dans l’aile avec le suspense entourant la fin d’exercice. Dauphins putatifs des Nordistes dans cet élégant domaine, les joueurs de Francis Gillot, autrefois élèves, pourraient bien avoir dépassé le maître en cette fin de saison. Intraitables à domicile, meilleurs à l’extérieur, les joueurs de Sochaux enchaînent. La meilleure équipe de Ligue 1 depuis sept journées court droit vers la sixième place et l’Europe. Et Lille pourrait avoir à fêter son titre à l’extérieur.
Le Sochaux 2011, c’est avant tout des chiffres. Une ribambelle de chiffres. 17 points ramassés sur 21 possibles lors des sept dernières journées, deux de plus que l’Olympique de Marseille et trois de plus que Lille. Quatrième attaque de Ligue 1 avec 55 buts, l’équipe du modeste Francis Gillot, qui reste sur trois victoires consécutives, sans encaisser le moindre but, impressionne. Pourtant, les Sochaliens viennent de loin. Treizièmes au soir de la 23ème journée, les Doubistes sont montés en puissance pour trouver leur rythme de croisière au meilleur moment de la saison. Galvanisés par l’enjeu régnant autour de la sixième place, les coéquipiers du meilleur passeur de Ligue 1, Marvin Martin, comptent désormais trois points d’avance sur le septième, Lorient, et comptent bien prendre des points au Stadium Nord pour valider définitivement leur passeport pour l’Europe. Une Europe qu’ils imaginent aussi belle que celle des Pagis, Pedretti, Frau ou Santos, qui s’étaient offert des souvenirs inoubliables face à l’Inter Milan, au Borussia Dortmund ou encore face au Sporting Lisbonne. Les supporters d’Auguste Bonal le savent, ils ont cette année une génération peut-être aussi talentueuse que celle que Guy Lacombe a eu entre les mains. Une génération dorée et un entraîneur, Francis Gillot, un peu plus audacieux que l’homme au pull jacquard et à la moustache.
L’audace d’un homme que tout le monde donnait pour mort à l’issue des catastrophiques matches amicaux réalisés par les Sochaliens en pré-saison. Giflés par Bâle (0-5) à la maison, corrigés par Fribourg (3-0) et défaits par Evian TG (1-0), les messieurs de chez Peugeot n’avaient pas la cote en août 2010. Mais du travail, de la confiance, et une bonne cuillère à soupe de risques ont permis aux jaunes et bleus de se remettre dans le droit chemin. Celui de l’Europa League. Des risques donc. On ne le mentionne que peu souvent, mais la tactique adoptée par Francis Gillot est certainement l’un des plus offensives de l’Hexagone. Basée sur deux attaquants puissants (Maïga et Ideye), alimentés par trois passeurs de qualités, Ryad Boudebouz, Nicolas Maurice-Belay et évidemment Marvin Martin, l’attaque Sochalienne existe grâce à un seul homme, un homme de l’ombre, comme souvent : Kévin Anin.
Véritable machine à récupérer des ballons, le double champion de Normandie de boxe française a su troquer gants et chaussons contre crampons et protège-tibias. Seul milieu à vocation défensive dans une escouade de cracs techniques, Anin soulage, récupère et relance, comme s’il avait quatre jambes. Absent lors de deux des trois dernières défaites de son club, l’ancien havrais manquera à l’appel ce soir, au Stadium Nord, tout comme son alter-ego lillois, Florent Balmont, blessé aux adducteurs. Un combat à armes égales ou presque, donc, entre le maître, bien décidé à triompher devant son public, et le disciple qui, dix ans après avoir été sacré champion de France de deuxième division, souhaite se donner un nouvel élan. Le passage de témoin promet d’être musclé.
Swann Borsellino
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