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À la Beaujoire, les féminines de Nantes font l’histoire

Par Anna Carreau, à la Beaujoire

Pendant que les garçons se reposent, les filles du FC Nantes ont quant à elles pris le pouvoir à la Beaujoire lors d’un premier match historique dans l’enceinte nantaise ce samedi. Venus en nombre encourager leur équipe face au PSG, les supporters jaune et vert ont en plus signé un record d’affluence. Récit d’une soirée inoubliable.

À la Beaujoire, les féminines de Nantes font l’histoire

Le périph’ intérieur nantais a des allures de samedi soir classique de match, ce 12 octobre 2024 : des bouchons à plusieurs kilomètres de la porte de la Beaujoire, des files d’attente à n’en plus finir pour accéder aux parkings, une vague odeur de frites qui embaume les alentours du stade… Mais lorsque l’on s’approche pour découvrir qui se cache sous cette nuée de maillots jaunes, les visages sont juvéniles et souvent féminins. Et pour cause, la rencontre du jour est une affiche peu banale pour l’écrin nantais. Historique, même. Car jusqu’ici, jamais les féminines du FC Nantes n’avaient pu fouler la pelouse du stade jaune et vert. Et Louise, 10 ans, n’aurait manqué ce Nantes-PSG pour rien au monde. « C’est trop bien de les voir jouer dans un grand stade, sourit celle qui joue aussi en club. C’est mieux qu’à Marcel-Saupin, il y a plus de monde ! »

Habituellement, père et fille se retrouvent dans cette enceinte en plein cœur de la métropole ligérienne pour soutenir l’équipe fraîchement montée en Première Ligue (nouveau nom de la D1 féminine tricolore). Un stade de 1800 places assises, et pouvant monter jusqu’à 2000 si des courageux s’adossent aux coursives. Alors, se retrouver noyés dans la foule sur le parvis de la Beaujoire est un peu spécial. « Le public est un peu différent de celui qu’on voit pour les matchs des garçons, constate Julien, son papa. Il y a beaucoup plus de filles, de familles… » À quelques mètres d’eux, des groupes entiers descendent de cars garés non loin des food-trucks. Des clubs féminins de toute la région ont été invités par la Ligue des Pays de la Loire dans le but de remplir un maximum cette Beaujoire, alors que la Brigade Loire pointe quant à elle aux abonnés absents.

Une affluence record pour un soir de première

« Ils ne savent pas ce qu’ils ratent », tacle Léa, 16 ans, venue avec toutes ses coéquipières. Placée en pleine trêve internationale masculine avec une affiche très alléchante, cette rencontre a tout pour attirer un public nantais qui a pour beaucoup découvert le football féminin à la Beaujoire avec les Jeux olympiques (dont la malheureuse élimination des Bleues, face au Brésil). Au total, ils sont 16 847 à répondre à l’appel, convaincus entre autres par l’énorme communication faite sur les réseaux sociaux. De quoi placer le match du jour parmi les records d’affluence du championnat, hors OL-PSG. Et faire rêver les jeunes footballeuses locales, qui se mettent elles aussi à imaginer « avoir accès à ce genre de stades ».

Un rêve accompli pour Camille Robillard et Juliette Mossard, attaquantes des Canaris et formées dans la maison jaune et vert. Les deux jeunes joueuses sont titulaires au coup d’envoi et affichent une joie contagieuse dans le tunnel, pendant que le speaker fait hurler aux spectateurs un « F-C Nantes » accompagné des flashs des téléphones. « Ça fait partie d’une des finalités de notre métier, de pouvoir coacher et vivre un match à la Beaujoire, de pouvoir amener du monde dans ce stade et vivre cette expérience-là. Tous les techniciens au club aimeraient pouvoir le faire, donc on sait qu’on est privilégiés », s’enthousiasmait Nicolas Chabot, entraîneur de la section féminine depuis mai 2023, en avant-match. Lui comme le reste du staff s’étaient d’ailleurs pris au jeu du décompte quotidien de la billetterie, demandant constamment à la communication du club quel palier était franchi.

Des consignes difficilement audibles

Cette date du 12 octobre était cochée depuis le début de saison par toutes au sein du vestiaire, Camille Robillard et Nelly Rodrigues ou encore Maureen Cosson étant même surprises en train de réviser l’hymne de la Beaujoire après la victoire à Guingamp, une semaine avant les festivités. Le but encaissé très tôt dans la rencontre par les Nantaises, signé Grace Geyoro à la 3e minute, n’a en tout cas jamais abîmé l’engagement mis par les locales sur le terrain ni douché les espoirs de tout un public qui s’est fait entendre pendant 90 minutes. La fête aurait sans doute été encore plus belle si le coup franc fracassant la transversale de Manon Uffren à la 34e ou le vrai faux but de Kelly Gago à la 39e avaient atterri au fond des filets de Mary Earps. À défaut d’un score favorable malgré une très belle copie rendue, le public jaune et vert a vibré jusqu’à la 90e minute et une parade décisive d’Emily Burns devant Thiniba Samoura.

« J’ai le sentiment qu’on a fait les choses bien et que la façon dont on a défendu notre projet de jeu, c’est comme ça qu’on amènera du monde au stade, se félicite le coach, à l’issue de la rencontre. Ça aurait été le petit truc en plus si on avait marqué ce but et égalisé contre le PSG, mais ça reste une grosse équipe. » Nicolas Chabot explique d’ailleurs avoir été surpris par l’ambiance, à tel point qu’il ne pouvait plus crier les consignes depuis son banc de touche et qu’il a dû passer par des relais (la capitaine du soir Manon Uffren, notamment) pour replacer ses troupes. « Ça rend leur performance encore plus belle d’avoir été autonomes et capables de gérer ces contextes-là seules, pour des joueuses qui n’ont pas forcément l’expérience de tout ça… », salue celui qui était tellement concentré en avant-match qu’il en avait oublié de donner la compo.

One shot ?

En zone mixte, les natives de la région sont les seules à défiler devant les journalistes, entre bonheur et intimidation de voir autant de monde leur tendre un micro. « Ça restera vraiment un de mes meilleurs souvenirs de mes années footballistiques, admet Camille Robillard, une des chanteuses du vestiaire, après avoir évacué la frustration de cette défaite. Quand j’avais 9 ans, je venais voir les matchs de l’équipe masculine. Donc me retrouver ici dix ans après, c’est incroyable. Je ne l’aurais jamais imaginé, mais on l’a fait. » Derrière elle, Manon Uffren se souvient lorsqu’elle a « entendu crier le public » quand son ballon s’est écrasé sur la transversale. « C’était une première historique ici, on ne pouvait que tout donner », s’est émue Lalie Rageot, 18 ans et benjamine du groupe, passée des U19 aux A en une semaine pour vivre ce rêve éveillé. Toutes espèrent que cette soirée ne restera pas sans lendemain, alors qu’aucun autre match n’est pour l’instant prévu à la Beaujoire cette saison.

Je voulais en profiter, il y a des matchs de Ligue des champions qui se jouent parfois devant 5 000 spectateurs, voire 3 000 ou 4 000 spectateurs. Ce soir, on était 16 000.

Nicolas Chabot

D’autant qu’il y avait une grande absente : Maureen Cosson, la capitaine suspendue pour cette première à la Beaujoire après avoir écopé de deux cartons jaunes le week-end passé et avoir quitté le terrain en larmes. Le coach assure tout de même qu’elle était « fière » et « heureuse », au coup de sifflet final : « Même si elle a du regret de ne pas avoir participé directement, elle sait qu’elle a énormément contribué à ce projet, qu’elle est importante et elle l’a vécu pleinement. Toutes les joueuses l’ont partagé avec elle. » Pour avoir une nouvelle chance de jouer à la Beaujoire, la capitaine pourra compter sur la détermination des supportrices. Certaines, comme Chloé, étant prêtes à monter des pétitions avec les clubs voisins pour voir plus de matchs des féminines dans le grand stade nantais : « C’est dommage que les féminines ne jouent pas tous leurs matchs ici, que ça soit une exception que les femmes aient accès au stade “des hommes”. Ça devrait être le cas tout le temps ! »

Le match entre Nantes et le PSG bat un record d’affluence pour un match de Première Ligue

Par Anna Carreau, à la Beaujoire

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