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FC Metz : qui es-tu Janis Ikaunieks ?
Début janvier, le FC Metz a annoncé de manière quasi confidentielle la signature de Janis Ikaunieks. Pas encore 20 ans, l'ancien milieu offensif du FK Liepaja était suivi par quelques écuries européennes dont l'Ajax Amsterdam, alerté par les statistiques bluffantes du prodige. À Metz, on est bien décidé à bichonner le joyau afin de le faire briller.
Début janvier, l’information n’a pas forcément eu un grand écho en France. Pourtant, en signant Janis Ikaunieks, le FC Metz a peut-être réalisé l’une des meilleures affaires du mercato d’hiver. Bientôt 20 ans, le jeune international letton (3 sélections) était dans le viseur de plusieurs écuries européennes comme l’Ajax Amsterdam et Stuttgart. Cause d’un tel intérêt ? Les stats du milieu offensif qui en 2014 facturait 23 buts en 32 matchs de première division avec Liepaja. « Il a énormément de talent. Techniquement, il a une bonne maîtrise de balle, il est fort sur coups de pied arrêtés, il a une vision du jeu intéressante » analyse José Jeunechamps, entraîneur adjoint au FC Metz.
Des réflexes du haut niveau à trouver
Du haut de son mètre 83, le Balte a surtout un pied gauche redoutable, couplé à une aisance devant le but rare et une qualité de passe supérieure. « Il se sent mieux en milieu offensif axial, derrière un ou deux attaquants, voire en position de second attaquant, un peu en retrait. Il est également à l’aise côté droit, c’est un gaucher qui aime rentrer dans le jeu. Il aime moins évoluer côté gauche » explique Jeunechamps, pas peu fier du recrutement lorrain. « J’avais alerté le FC Metz sur ce joueur. Il y avait pas mal de clubs intéressés, dont l’Ajax et Stuttgart » , se souvient Jean-Charles Parot, l’agent du joueur, selon qui l’aspect sportif a été privilégié : « Il n’a pas eu de garanties, mais il sait que s’il est performant à l’entraînement, s’adapte bien, il jouera assez rapidement. » L’adaptation de Janis Ikaunieks à la vie et au football français sera l’enjeu des prochaines semaines.
« Je pense que là où il va y avoir le plus de temps d’adaptation, c’est pour assimiler la rigueur « européenne » en pertes de balle, que ce soit dans le replacement ou les duels. Comme tout joueur qui vient d’un championnat mineur, il va devoir bosser sur l’aspect récupération du ballon, qui plus est dans une équipe comme la nôtre qui ne peut prétendre contrôler le jeu à chaque rencontre » , estime Jeunechamps. Pour le technicien, Janis Ikaunieks jouissait d’un statut auquel il ne peut prétendre pour le moment en Ligue 1, championnat dont il doit également intégrer la culture et le niveau d’exigence : « On prend le temps de lui expliquer notre manière de réfléchir, on lui accorde des séances tactiques individuelles, car on a senti qu’à certains entraînements, il était perdu sur le plan défensif. Le football, c’est 60% vraiment football, les 40% restant, c’est la personnalisation des consignes, le travail invisible. On est obligés de passer du temps à lui expliquer, car pour le moment, il n’a pas les mêmes réflexes que nos autres joueurs. »
« Pas besoin d’être un grand entraîneur pour voir sa qualité »
Au-delà du jeu, l’adjoint d’Albert Cartier estime qu’il faudra également veiller au bien-être du jeune homme, « très timide, qui va difficilement vers les autres, et qui, même en anglais, ne parle pas super bien » . Son agent assure qu’il sera mis dans les meilleures conditions, avec un appartement dès la semaine prochaine à la place de l’hôtel, et la venue de quelqu’un de sa famille pour passer du temps avec lui. « Il n’a que 19 ans, il ne faut pas qu’il tombe dans l’ennui, la solitude. Tout ce que l’on va mettre en place autour de lui pour sa vie quotidienne va être essentiel » , avertit José Jeunechamps. « Sans prétention aucune, question football, son recrutement est une bonne chose, pas besoin d’être un grand entraîneur pour voir sa qualité » , précise le technicien, qui a connu les méfaits d’une adaptation ratée quand il travaillait pour le Standard de Liège : « J’ai connu le Roumain Grozav, recruté par Lazlo Bölöni. Une fois ce dernier licencié, il n’avait plus ce compatriote, ce repère. Il est tombé en dépression, a pris sept kilos. Même Witsel et Defour m’avaient dit « Mais ce mec, c’est un extraterrestre techniquement », mais vu qu’il n’était plus heureux, il n’y arrivait plus… »
À Metz, on compte sur Sergueï Krivets, le Biélorusse, pour prendre le jeune prodige sous son aile, même si Jeunechamps tempère : « Krivets est le premier joueur à être allé vers Ikaunieks. Mais Sergueï a une épouse et une famille, donc il ne pourra pas être tout le temps avec Janis. Les soirées d’hiver, s’il ne joue pas, il faudra être là pour soutenir le joueur. » Pour l’instant, Janis Ikaunieks a fait une apparition en Coupe de France contre Avranches, ainsi que sur deux feuilles de match de Ligue 1, sans néanmoins entrer en jeu. « Difficile de prévoir quand il sera opérationnel, cela va dépendre de sa capacité d’apprentissage. Si on y parvient durant cette seconde partie de saison, ce serait une grosse réussite » , estime Jeunechamps. « Le recruteur a bien bossé. Désormais, à nous de faire en sorte que le joueur soit heureux pour pouvoir s’exprimer. Il en vaut la peine. » Et peut-être que la Ligue 1 profitera de l’éclosion d’un potentiel très grand.
Par Nicolas Jucha